vendredi 22 juin 2007

Lettre ouverte à Bernard Laporte

Vendredi 22 juin 2007 :

Mon cher Bernard,

Tout d’abord, laisse moi t’adresser mes sincères félicitations pour ce qui ne peut être qu’une consécration. Pour tous ceux qui suivent de près ton parcours, aussi bien au temps béni où tu étais, au côté de Vincent Moscato et Serge Simon l’un des meilleurs joueurs du CA-Begles-Bordeaux, que du temps, non encore révolu, de tes célébrissimes coups de gueule à la tête du XV de France, cette nomination n’est pas une surprise. Elle est le sommet temporaire d’une reconversion o combien réussie.

Toutefois, plusieurs choses me gênent dans cette superbe « sélection ».

Tout d’abord, parlons rugby. En tant qu’entraineur de l’équipe de France, tu es pour l’instant le « salarié » de Bernard Lapasset dont tu seras, après la coupe du Monde, le supérieur hiérarchique en tant que Secrétaire d’Etat. Ne crains-tu pas que durant ces quatre mois, le message que tu vas envoyer, aussi bien au monde du rugby qu’au monde politique soit brouillé ? Ne crains-tu pas quelques problèmes relationnels entre vous ? Et avec les autres dirigeants du rugby français ? Quelle attitude vas-tu prendre et quel discours vas-tu développer quand tu vas rencontrer un Max Guazzini, un Serge Simon, un Serge Blanco, un Philippe Saint-André ou un … Mourad Boudjelal ?

Ensuite, qu’elle sera ta motivation réelle durant cette compétition qui doit être le sommet du rugby français et où le monde de l’ovalie français ne va tolérer aucun faux pas ? Que vas-tu faire si, par un malheur que je refuse d’envisager, l’équipe de France est sèchement éliminée en quart ou demi-finale ?

Tu as dis que pendant la Coupe du Monde, tu allais emporter des dossiers pour les étudier. Dis, Bernard, entre deux dossiers importants, n’oublie surtout pas que cette Coupe se déroule en France et qu’il nous faut la remporter !

Ce que par contre je n’oublie pas, c’est que depuis le grand chelem 2004, l’équipe de France se contente de succès tiré par les cheveux et de quelques défaites historiques …

Ensuite, parlons politique. Quand tu arriveras à la tête de ton secrétariat, l’arbitrage du budget sera déjà quasiment bouclé. Tu auras donc manqué l’une des missions primordiales de ton rôle de secrétaire d’Etat. J’espère que tu as prévu un bon « coaching » pour cette partie décisive.
Quand tu arriveras à la tête de ton secrétariat, la préparation des jeux de Pékin 2008 sera-t-elle aussi bien avancée alors que l’impulsion gouvernementale aura du prendre place début septembre 2007. Là aussi, j’espère que ton « coaching », que tout le monde reconnaît comme être l’un des meilleurs du monde, va être primordial.

Quand tu arriveras à la tête de ton secrétariat, as-tu conscience que le résultat de la Coupe du Monde sera primordial ? Si tu as remporté la Coupe du Monde, pas de problème. Ton secrétariat sera probablement un ministère. Mais si … Quel sportif acceptera un « looser » comme chef ?

Enfin, ton absence d’expérience politique ne risque t’elle pas d’être préjudiciable à ton travail alors que tu vas arriver à un moment charnière de l’organisation sportive en France, à un moment où les décisions (arbitrage budgétaire/jeux de Pékin 2008) devront être prises dans l’urgence ?

Enfin, parlons finances. Ne crains-tu pas que tes activités financières, et tes prises de participation dans le capital de certains casinos ne nuisent pas à ton image. D’accord, en tant que secrétaire d’Etat, tu es obligé de laisser tomber ces activités lucratives, mais ne risque t’elle pas de nuire à ton image et à ta crédibilité ?

Comme le dis si bien ton ancien camarade de club, Serge Simon : « C’est bien d’être sélectionné, maintenant il s’agit de faire un bon match ! »

Bonne chance pour la Coupe du monde, je serai, bien sûr, à 100% derrière le XV de France. Et on se retrouvera probablement après sur un terrain … politique ! J’ai peur que cette lettre ouverte ne soit que la première d’une longue série

Amicalement

Jean-Claude Mathon

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