vendredi 13 juillet 2007

Le petit Nicolas et l’Eurogroupe

Jeudi 12 juillet 2007 :

Durant la campagne électorale, j’avais publié une série d’articles que j’avais intitulé « Mensonge de campagne. » La campagne est désormais terminée mais force est de constater que les mensonges perdurent. Aussi, nous allons continuer cette saga digne des « Feux de l’Amour » …

Aujourd’hui, « le petit Nicolas et l’Eurogroupe »

Comme vous le savez tous, notre Président s’est rendu à Bruxelles le lundi 9 juillet 2007 pour y rencontrer les douze ministres des finances de la zone euro. Son but, claironné dans tous les médias avant la rencontre : « Vanter les vertus du programme budgétaire de la France et reporter à 2012 l'objectif privilégié du zéro déficit. »

Si l’on en croit le message gouvernemental, la mission a été couronnée de succès : « Nicolas Sarkozy a été extraordinairement convaincant. Son exercice a été très bien compris et conduit de manière pédagogique, passionnée et passionnante », a souligné le ministre des Finances, Christine Lagarde.

Si l’on en croit les journaux français, mission accomplie : « Comment Sarkozy a retourné l'Eurogroupe » titre le Figaro, « Sarkozy prône une application intelligente du Pacte de stabilité » avance Challenges, « Nicolas Sarkozy amadoue l'Eurogroupe » clame La Croix, « En une petite heure passée en compagnie des ministres des Finances, Nicolas Sarkozy a remporté la mise » explique Le Monde.

Mais la réalité est bien loin de tout cela. Si l’on prend la peine de lire le compte rendu de l’ Eurogroupe, on s’aperçoit que celui-ci n’a rien lâché sur le fond En particulier, il n’a jamais parlé d’un report à 2012 : «Nous avons retenu son engagement et celui du gouvernement de tout faire pour arriver à l'objectif de 2010. » explique de long en large Jean-Claude Juncker. L’Allemand Peer Steinbruck, grand argentier de la république fédérale a dit exactement la même chose à l’issue de l’Eurogroupe : «Nous assumons que la France peut atteindre l'objectif approuvé, en 2010.»

Et l’Eurogroupe de réaffirmer que les treize pays de la zone euro se sont engagés en avril sur la date de 2010.

La reculade française est d’ailleurs patente quand on lit entre les lignes les déclarations des membres du président : «Si le seuil psychologique de confiance que nous créons permettait d'avoir une croissance supérieure, alors nous pourrions être au rendez-vous de 2010. Nous ferons tous nos efforts pour cela mais je me devais d'être réaliste, d'être honnête, d'être transparent. Si nous n'y arrivons pas, alors je demanderai à être au rendez-vous de 2012. » C’est comme cela que la date de 2010 est introduite dans le discours de notre Président, l’air de rien, comme si cela n’avait pas d’importance alors qu’il a du faire d’importante concession à l’Eurogroupe

Ainsi, il a dû s’engager à ramener le déficit à «moins de 2,4% en 2008», c’est-à-dire moins qu’en 2007, alors qu’il aurait dû atteindre 2,7% ou 2,8% sans mesure correctrice. De même, il présentera dès septembre un «programme de stabilité» rectifié, quatre mois avant la date prévue, dans lequel il listera toutes les réformes structurelles promises. Enfin, il a promis qu’il ferait tous les efforts possibles pour arriver en 2010 à l’équilibre budgétaire et qu’il affecterait toutes les recettes fiscales supplémentaires à la réduction du déficit.

Le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a pour sa part bien précisé la position de l’Europe devant le Parlement européen : « Jamais il ne fut question d’y être en 2012 ». (…) « Nous insistons sur notre exigence que la France, comme les autres États membres de la zone Euro, doit être au rendez-vous du moyen terme au 1er janvier 2010 ».

Et c’est comme cela que je peux reprendre cette rubrique que vous aimez tant !!!

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