lundi 26 mars 2012

"Je propose à la France, à notre pays, à notre peuple, de marcher ensemble vers le seul chemin d'espoir"

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Lundi 26 mars 2012 :

Près de 7.000 personnes étaient aujourd'hui aux côtés de François Bayrou pour un grand rassemblement au Zénith de Paris. Revivez l'événement!

Seul le prononcé fait foi

Mes chers concitoyens,

Je suis venu vous parler de la chose la plus importante dans la vie, particulièrement dans la vie de notre pays. Je suis venu vous parler d’espoir.

Un pays, ce n’est pas rien dans la vie d’une femme, d’un homme, d’un enfant. On peut être heureux ou malheureux de son pays. On peut être aidé par son pays, ou on peut soi-même l’aider. Un pays, ce n’est pas rien dans une vie.

Ce n’est pas rien, permettez-moi de vous le dire cet après-midi, ce n’est pas rien dans ma vie.

Je dois beaucoup à mon pays. J’ai été ce qu’on appelait un boursier de la République. Je suis né dans un milieu, et j’en suis très fier, où l’on trimait de six heures du matin, réellement, à huit ou neuf heures du soir, réellement. Les vacances étaient inconnues, évidemment. Et cela pour ne rien gagner que le juste, très juste, nécessaire. Le premier argent conséquent que mon père mit de côté, ce fut le montant de son assurance vie, le jour où il fut fauché dans un accident du travail. Ce qui prouve que si on avait du mal à vivre de son travail, on arrivait assez bien à en mourir. En tout cas pour lui. Et pour ceux qui vivaient, comme ma mère, au bout d’une vie de travail, avant qu’elle aussi ne s’en aille, une retraite de 668 euros.

C’est dire que quand j’entends les retraités agricoles, les retraités de l’artisanat et du commerce, pour moi, ce ne sont pas des dossiers, ce sont des visages. C’est dire aussi que j’entends, dès le redressement engagé, que la mise à niveau des petites retraites soit la première à bénéficier des conditions nouvelles du pays.

La République a pris par la main le petit garçon ardent que j’étais. Comme à tant d’autres, elle m’a permis de faire le chemin des boursiers, le latin, le grec, suffisamment de mathématiques et d’histoire, la belle langue française, dont je fus amoureux dès les premières pages des premiers livres. Elle m’a proposé de passer l’agrégation, d’accéder, par le concours national, à cette forme de reconnaissance et de liberté.

Et puis la République m’a fait un deuxième fantastique cadeau : elle m’a permis de lui consacrer ma vie.

Je l’ai servie comme professeur. Je l’ai servie comme élu local. Je l’ai servie comme élu national. Je l’ai servie comme député. Je l’ai servie comme ministre. Je l’ai servie comme militant. Je l’ai servie comme amoureux, car on peut être amoureux d’un idéal. Je l’ai servie comme rebelle parfois, assez souvent, car on peut servir en refusant de se ranger, en combattant parfois seul contre tous, dans tous les combats où se jouait une certaine idée de l’État républicain, en combattant la privatisation des autoroutes, en combattant les dérives dans l’affaire Tapie, en prévenant du mur de la dette, en défendant le pluralisme chaque fois qu’on a voulu le faire disparaître.

En tenant bon, au long de ces années, je me suis fait un serment. Ni aux miens, ni à notre peuple, je ne mentirai, quelle que soit la démagogie ambiante. Car c’est la démagogie qui détruit la démocratie et la liberté !

Partir de la vérité pour gouverner un peuple, cela a si rarement été fait !

Gouverner à partir de la vérité, Pierre Mendès-France, l’a voulu. Valéry Giscard d’Estaing l’a voulu. Raymond Barre l’a voulu. Michel Rocard l’a voulu. Jacques Delors l’a voulu pour la France aussi bien que pour l’Europe.

Mais il y a une différence entre leur temps et le nôtre : cette fois, pour la République, c’est une obligation vitale.

Je dis la République. J’aurais pu dire la France. J’aurais pu dire la nation. Car pour moi, France et République, République et nation, c’est la même chose.

La République, c’est l’idéal qui fait la France, qui fait notre nation, depuis 220 ans.

Aujourd’hui, la République, l’idéal qui nous fait vivre ensemble, liberté égalité fraternité, est ébranlée.

Chez chaque jeune fille ou jeune garçon qui en est à sa centième lettre de candidature, diplôme ou pas diplôme, et qui chaque fois reçoit la même formule de refus toute faite, c’est la République qui est en souffrance.

Quand s’accroît sans cesse le nombre des familles dont les fins de mois commencent le 15 du mois, parce que le pays s’appauvrit, c’est la République qui est malmenée.

Quand les jeunes Français comprennent brusquement que la dette de leurs aînés, finalement ce sera leur dette, qu’ils recevront en héritage le passif le plus lourd de notre histoire, c’est la République qui est maltraitée.

Quand d’une génération à l’autre, on transmet non plus un patrimoine intact mais un patrimoine grevé de dettes et menacé, quand tout particulièrement notre patrimoine naturel de terre, d’air et d’eau, notre patrimoine d’espèces vivantes, est menacé par l’activité humaine qui ne sait pas se réguler, la République ne se reconnaît plus.

Et quand l’école ne peut plus transmettre, quand les enfants sont en échec, quand il n’est plus de chance pour un enfant de pauvres de forcer la porte de l’ascenseur social, c’est la République qui est trahie.

Et quand à Toulouse un assassin désaxé, dont on apprend qu’il était repéré par tous les services, identifié et sur la liste noire des services de renseignement américains, peut se constituer un arsenal d’armes de guerre, s’entraîner, commettre ces meurtres, les plus horribles de ces dernières années, sans que nul ne soit en alerte, alors la République a des questions à se poser.

Et quand sans aller jusqu’au terrorisme la violence et l’intolérance montent dans toutes les couches de la société, que les appels à la haine tournent sur internet, alors la République, si elle ne se pose pas de questions, ne fait pas son devoir.

Et lorsque, devant le chômage, devant les déficits, devant l’appauvrissement du pays, devant l’intégration manquée, la vie politique refuse de regarder en face les questions les plus graves de son temps, ruse avec les demi- mensonges et les demi-vérités, multiplie les promesses fallacieuses et les polémiques partisanes, alors la République est désertée par ceux qui devraient la défendre.

Et lorsque devant toutes ces questions, tout le monde croit que c’est une fatalité, et qu’il n’y a rien à faire, et plus personne en qui croire, et que chacun baisse les bras, se résigne à ne plus agir, alors c’est la République qui est abandonnée.

Je ne laisserai pas continuer cette dégradation.

Aujourd’hui, en ce printemps 2012, un choix décisif, un choix au sens propre du mot vital, est en suspens dans notre pays.

Je suis venu vous parler de ce choix et de l’espoir qu’il porte. Je suis venu vous parler de cet espoir-là. D’un espoir en dur, d’un espoir solide, pas d’un espoir qui ment.

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