mercredi 21 mars 2012

Tragédie nationale, réflexion nationale

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Mercredi 21 mars 2012 :
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Malgré ce qui est en train de se passer ce matin à Toulouse et les dernieres évolutions de l’enquête, je crois qu’il est important de reprendre l’éditorial du quotidien « Le Monde » en guise d’ouverture à un débat que j’espére national et que j’appelle de tous mes vœux.
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Bonne lecture !
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Tragédie nationale, réflexion nationale

Une " tragédie nationale ". Le président de la République a eu les mots justes pour qualifier la tuerie survenue, lundi 19 mars, dans une école juive de Toulouse. Trois enfants et un enseignant, rabbin, exécutés de sang-froid, par un homme seul, jusque dans l'entrée de l'établissement. Avec la même arme qui, déjà, à Montauban le 11 mars et à Toulouse le 15 mars, avait servi à tuer, méthodiquement, trois militaires français.
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Une tragédie nationale dont l'onde de choc a pétrifié, dans l'instant, une ville, une région, le pays tout entier. Avant de répercuter son écho dans le monde, de Jérusalem à Washington. Une tragédie nationale qui plonge chacun dans l'effroi et la consternation, dans l'incompréhension devant l'absurde, dans la révolte contre l'injustifiable.
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Les candidats à l'élection présidentielle ont eu la réaction qui s'imposait. Ils ont suspendu leur campagne, leurs polémiques, leurs empoignades, leurs petites phrases, annulé leurs émissions, reporté leurs réunions publiques, participé, à Toulouse, à Paris ou ailleurs, à des moments de recueillement. L'heure est, évidemment, à la douleur partagée, oecuménique autant que républicaine. Le temps du deuil. Celui des quatre tués de Toulouse comme celui des trois militaires, à qui les honneurs seront rendus, mercredi, en présence du chef de l'Etat.
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Tant il est évident que l'unité nationale est la seule réponse possible face à un drame de cette nature. Un drame d'autant plus symbolique qu'il atteint trois composantes de l'identité républicaine : l'école, son creuset, l'armée, qui le fut longtemps, et la protection due à tout citoyen, sans distinction d'origine ou de religion.
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Chacun l'a compris, pesant ses mots pour échapper à tout soupçon de vouloir récupérer la compassion à son avantage. Ou à afficher trop ostensiblement sa solidarité avec la communauté juive, odieusement frappée, une nouvelle fois. Saluons cette dignité. Souhaitons qu'elle ne s'efface pas trop vite.
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Mais ce temps de silence, comme la minute du même nom qui a été observée, mardi, dans toutes les écoles du pays, ne peut être que le prélude à une " réflexion nationale ". La formule est de François Bayrou, à Grenoble, où il a maintenu le meeting prévu lundi soir. Cela a pu choquer. A tort.
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Car le candidat centriste a posé, gravement, des questions fortes. Quels que soient les motivations du meurtrier de Toulouse, les ressorts de sa folie barbare, " ce type de folie s'enracine dans l'état d'une société ", d'une société française, en l'occurrence, où " le degré de violence et de stigmatisation est en train de grandir ", a déclaré M. Bayrou. Et d'ajouter : " Les hommes publics ont le devoir de veiller à ce que les tensions, les passions, les haines ne soient pas à chaque instant entretenues. Le fait de montrer du doigt les uns et les autres, c'est faire flamber les passions, et on le fait parce que dans ce feu-là il y a des voix à prendre. "
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La charge est violente. Elle vise une responsabilité collective.
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Tant il est clair que le rejet de l'Autre - plus encore : la haine de l'Autre - est un poison mortel pour la République.
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