jeudi 3 mai 2012

Voilà pourquoi, à mon corps défendant, je vais voter François Hollande

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Jeudi 3 mai 2012 :
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Voilà pourquoi, à mon corps défendant, je vais voter François HOLLANDE le 6 mai.

Avant d’annoncer ma décision, j’ai pris le temps nécessaire à la réflexion. J’ai toujours essayé d’éviter de prendre des décisions hâtives, souvent sources d’erreurs majeures, ou des décisions émotionnelles qui conduisent systématiquement à des drames.

Après le premier tour où j’ai voté François BAYROU sans aucune hésitation, le deuxième tour s’est profilé avec un terrible dilemme. Voter « Blanc » ou voter pour l’un des deux candidats en lice, François HOLLANDE, celui de l’illusion ou Nicolas SARKOZY, celui que je nommais à l’époque le candidat de la division.

Durant plusieurs jours, j’ai envisagé très sérieusement le « vote blanc » ne voulant donner blanc-seing à aucun de ces deux candidats, les trouvant aussi dangereux pour la France l’un que l’autre. Malheureusement, au fil des jours, une autre évidence s’est faite : le vote « blanc » n’étant pas reconnu en France, il favorise mathématiquement le candidat sortant. Il ne peut donc être réellement utilisé que si la situation politique le permet et certainement pas en temps de crise. Or, dans le cas qui nous intéresse, voter blanc reviendrait donc à favoriser l’un des deux candidats, en l’occurrence Nicolas SARKOZY au moment même où les crises sociales et morales qui secouent notre pays ne cessent de s’aggraver.

De plus, il m’est forcé d’avouer que le bilan du quinquennat qui s’achève est dramatique. L’état de la France, l’état de la république, l’état de nos institutions, ne cessent de se dégrader. De jours en jours, je reconnais de moins en moins cette France en laquelle je crois.

Crise financière, crise économique, crise morale, défi écologique, conflits, lutte contre le terrorisme, les enjeux sont nombreux et décisifs. Chacun peut avoir son idée pour les résoudre et les surmonter mais je ne peux accepter que mon président, en guise de solution, désigne des boucs émissaires. Je ne peux accepter que celui qui est actuellement en poste à l’Elysée soit ne se rende pas compte de cette aggravation, soit mette des œillères pour ne pas le voir et préfère, guise de remède, renforcer une politique d’exclusion qui n’est pas la mienne.

Loin de changer de comportement et de politique, l’entre deux tours a accentué ses principaux défauts et la course aux voix extrêmes l’a amené à proposer une politique alternative que décemment je ne peux accepter à aucun niveau que ce soit.

Entre mon humble personne et Nicolas SARKOZY qui sollicite mon suffrage, c’est « valeurs contre valeurs » comme je ne cesse de le répéter et, pour moi, ces valeurs sont plus importantes que les programmes surtout quand ces « valeurs » prennent racines dans le plus profond de mes attaches démocrates chrétiennes.

L’humanisme auquel je me raccroche refuse les idées venant des extrêmes, les idées sectaires, les idées emplies de haines et refuse encore plus les idées simplistes et injustes qui amènent à des raccourcis saisissant et condamnables.

L’humanisme auquel je me raccroche refuse le repliement sur soi, le retour à des idées sorties tout droit d’un passé peu glorieux.

Au lieu d’aider l’Europe, on la condamne. Au lieu de renforcer l’espace de Schengen et d’aider les Etats défaillants à surveiller leurs frontières, on veut rétablir les nôtres. Au lieu de vouloir pour nos enfants la meilleure éducation possible, on rogne les budgets, renvoie les enseignants et établissons une école à deux vitesses. Au lieu de s’appuyer sur le CNR, le nettoyer et le rendre à son but premier, on fait tout pour le vilipender et renier ces engagements qui sont ceux qui ont fondé notre République, notre société et nos valeurs. Au lieu de prôner la solidarité, on stigmatise la précarité. On surfe sur l’émotion en oubliant qu’un pays ne se gouverne pas au gré de sondages payés à prix d’or. Le rôle d’un dirigeant est de diriger, sereinement, avec le recul nécessaire, et pas sur le coup de l’émotion. La France a besoin de raison, pas de division.

Ces idées qui sont les miennes ont toujours mis au cœur de mes préoccupations un projet équitable de démocratie basée sur une juste répartition et redistribution des richesses avec un idéal de fraternité. Cet idéal, ces idées, sont la base de mes engagements successifs et le fil rouge de ma vie.

Or cet idéal, ces idées, je ne les vois pas dans les propositions de Nicolas SARKOZY.

Il nous dit « j’ai changé ». Ses supporters ne cessent de nous dire : le « Fouquet’s », « le yacht de Bolloré », sont des erreurs de jeunesses qui ne se reproduiront plus. Dommage qu’il y ait eu la Concorde, l’hôtel Crillon et le Bristol pour nous montrer que ces changements ne sont que poudre aux yeux.

En vérité, il se révèle que le projet de Nicolas SARKOZY est tout simplement de continuer en pire les erreurs qu’il a faite durant son premier quinquennat, en y ajoutant foule de promesses qu’il ne tiendra probablement pas comme il l’a fait avec celle de sa première campagne présidentielles. Sauf que cette fois-ci, les promesses étant « extrêmes », elles ne me font plus rire !

En vérité, au fil des jours, il se révèle que le projet de Nicolas SARKOZY est de faire sienne les idées extrêmes, les idées d’exclusions, de ségrégations, de destructions véhiculées par une frange aussi extrême de la droite, qu’elle s’appelle « nationale » ou « populaire ».

La droite humaniste n’est pas cela.

Le centre n’est pas cela.

Je ne suis pas cela.

En ces moments décisifs, nous devons tous être les gardiens et les défenseurs de la République ! Nous devons dire que la droite a dérivé, qu’elle s’est coupée définitivement de ses propres valeurs, combien elle s’est éloignée de nous, combien elle a coupé les ponts avec la réalité, combien l’acceptation de ce néolibéralisme passé, de cet atlantisme suranné, de cet aveuglement devant des thèses extrêmes, lui a fait rejeter nos valeurs et les intérêts même de notre pays.

Je suis convaincu que François HOLLANDE n’est pas celui qui est le mieux placé pour nous sortir de cette ornière. Je continue à penser que seul François BAYROU le pouvait. Je sais que François HOLLANDE ne pourra pas tenir ses promesses, qu’il sera obligé de les abandonner sur l’autel de la réalité. Mais je suis aussi convaincu que François HOLLANDE pourra être celui qui nous permette de commencer à retrouver ces valeurs, celles de la République, celle d'une grande démocratie humaniste. Notre pays doit aujourd'hui retrouver sa place et sa voix dans le monde autrement que par des actions de matamore.

Et pour terminer, je vais vous faire une confidence. Je n’ai pas regardé le débat pour des raisons personnelles et Zeus sait combien j’aurais aimé ne pas avoir la raison qui m’a poussé à le rater. Par contre, quand vers une heure du matin, quand je me suis enfin mis sur mon ordinateur pour la première fois de la journée, quand j’ai lu les tweets et les messages facebook, une chose m’a sauté aux yeux : l’ignominie de la prose de la plupart des supporters de Nicolas Sarkozy qui tentaient à longueur de message de ramener le débat à l’inacceptable : l’immigration, l’islam et les musulmans.

Simple exemple : Alors que le message d’un militant UMP débute sur l’exonération des charges fiscales, il se termine par trois lignes de totale exclusion « Quand il a fallu du courage pour interdire la burqa sur le territoire, vous avez été aux abonnés absents monsieur Hollande » Le rapport entre la burqa et les heures supplémentaires ? J’oubliais, suit un long passage sur l’immigration et sur le trop plein d’étrangers. Là aussi, quel rapport ?

Non je n’ai pas les mêmes valeurs humanistes. Les supporters de Nicolas Sarkozy ont-ils seulement le sens de l’humanisme ? Mes chers amis de la droite, ressaisissez-vous !

Je ne veux pas que mon pays subisse cinq nouvelles années de divisions, de haine, d’exclusion, de n’importe quoi. Il est temps de retrouver la République des démocrates et des républicains, de retrouver nos valeurs, nos idées, de retrouver notre République, juste, ouverte et vertueuse !
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Voter blanc serait soutenir Nicolas SARKOZY et une République d’exclusion et de division.
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Voilà pourquoi, à mon corps défendant, je vais voter François HOLLANDE.
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