dimanche 12 février 2012

L’info du dimanche : En Chine, on parle désormais de déficit commercial

.
Dimanche 12 février 2012 :
.
La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
.
J’en avais déjà entendu parler mais je ne pensais pas que la Chine en était déjà à ce stade là moins de vingt ans après avoir explosé économiquement parlant.

Depuis quelques semaines, plusieurs voyants économiques chinois semblaient être passé à l’orange. Travaillant dans le maritime, les statistiques mondiales semblaient indiquer que les exportations vers la Chine rattrapaient peu à peu les importations de Chine.

Mais, dans le fleuve d’éloge (pour les financiers) de critiques (pour les syndicats) de peur (pour les citoyens) déversé chaque jour dans les médias, je pensais me tromper.

Et puis il y a eu les premières grèves en Chine pour les salaires, les premières manifestations pour le pouvoir d’achat, la première usine délocalisée (oui, vous avez bien lu, délocalisée de Chine).

Et aujourd’hui, voilà que certains économiste n’hésitent plus à évoquer l’hypothèse d’un déficit commercial annuel pour la Chine …
.
Renversant !
.
Bonne lecture !
.
.
En Chine, on parle désormais de déficit commercial
Le Monde du 10 février 2012 - Harold Thibault

Certains n'hésitent plus à évoquer l'hypothèse d'un déficit commercial annuel pour "l'atelier du monde".AP

Shanghaï Correspondance – Signe que la deuxième économie mondiale n'est pas épargnée par le ralentissement chez ses partenaires commerciaux, les exportations de la Chine se sont contractées de 0,5 % en janvier par rapport au même mois de 2011, plafonnant à 149,9 milliards de dollars (113,1 milliards d'euros).
.
Sous l'effet du net ralentissement du marché immobilier et des restrictions sur le crédit, les importations ont, quant à elles, chuté de 15,3 % par rapport à janvier 2011, à 122,7 milliards de dollars, selon les données publiées, vendredi 10 février, par le gouvernement.
.
Le ministre du commerce, Chen Deming, avait préparé le terrain dès jeudi, rappelant que la croissance des échanges de la Chine avec le monde a déjà ralenti au cours de la seconde moitié de l'année 2011.
.
Certes, un facteur saisonnier explique en partie le plongeon : le Nouvel An chinois débutant le 23, le pays était en pause pour toute la fin du mois de janvier.
.
Mais c'est surtout le contrecoup de la crise européenne qu'encaisse la Chine. Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu, le 6 février, que les risques européens actuels sont, pour elle, "à la fois importants et tangibles", recommandant à Pékin d'être prêt à dégainer un plan de relance par la fiscalité, équivalent à 3 % de son PIB.
.
Si la balance commerciale reste excédentaire en janvier, à 27,3 milliards de dollars (contre 16,5 milliards en décembre 2011), elle est toutefois appelée à se réduire à terme. "Elle devrait tomber en déficit en février, les importations augmentant vivement d'un mois sur l'autre", analyse Stephen Green, chef économiste de la Standard Chartered en Chine.
.
L'administration chargée de gérer les changes, sous l'autorité de la banque centrale, a toutefois estimé, jeudi, que la Chine maintiendra un surplus commercial en 2012, mais que cet excédent "chutera de manière significative".
.
"L'industrie de transformation (pour les clients étrangers) a été la source principale de l'excédent commercial chinois pendant des années, tandis que le commerce ordinaire génère un déficit croissant depuis 2009, sous l'effet des importations de matières premières, pour satisfaire la demande intérieure", explique Sun Junwei, de la HSBC.
.
L'économie mondiale étant promise à une croissance restreinte ces prochaines années, tandis que le produit intérieur brut (PIB) chinois poursuivra son ascension, "l'excédent commercial chinois va certainement continuer de baisser en proportion du PIB", analyse M. Sun.
.
Certains n'hésitent plus à évoquer l'hypothèse d'un déficit commercial annuel pour "l'atelier du monde". La Chine a d'ailleurs déjà enregistré, début 2011, son premier déficit trimestriel en sept ans. Ce qui, depuis, a amené plusieurs économistes à plancher sur le sujet.
.
TRANSITION DOULOUREUSE
.
Xia Bin a parlé, en novembre 2011, d'un probable déficit pour 2012, tandis que Li Daokui le voit arriver dans les deux prochaines années. Or ces deux personnalités sont parmi les trois universitaires conseillers de la banque centrale.
.
Les analystes au sein des banques sont plus modérés : "Nous tablons toujours sur un excédent du compte courant mais réduit à 2 % du PIB", relève Stephen Green, de Standard Chartered.
.
Cette évolution de la balance commerciale colle au projet des autorités chinoises de rééquilibrage d'une économie fondée sur une main-d'oeuvre à bas coût - des travailleurs migrants assemblant des produits destinés aux étrangers -, vers une croissance durable, tirée par les dépenses d'employés devenus eux-mêmes consommateurs.
.
Dans la pratique, cette transition est douloureuse. Elle intervient sur fond de revendications de hausse des salaires par des ouvriers, qui n'hésitent plus à se rebiffer, et alors que le yuan s'est apprécié de 6 % en termes réels en 2011, selon le FMI.
.
Le ministre du commerce a promis aux exportateurs de "maintenir globalement stable le taux de change du yuan", alors que le vice-président, Xi Jinping, devrait subir de nouvelles pressions à la réévaluation lors de sa très attendue visite aux Etats-Unis, le 14 février.
.
Certains exportateurs font déjà les valises. Mainland Headwear, un des leaders mondiaux de la casquette, prévoit ainsi de déménager la moitié de sa production au Bangladesh. "Les coûts de production augmentent, la main-d'oeuvre chinoise est instable et le yuan s'apprécie", justifie Thomas Lai, le directeur financier du groupe.
.
Mainland Headwear indique que ses ouvriers chinois gagnent "2 000 à 3 000 yuans par mois", soit 240 à 360 euros, "sans compter le logement" dans les zones industrielles de Shenzhen. Au Bangladesh, où le "salaire minimum est de 40 dollars (30 euros)", le groupe proposera "60 dollars". "Pour être attrayant", précise Thomas Lai.
.
Harold Thibault
.

Aucun commentaire: