dimanche 26 février 2012

L’info du dimanche : Réforme Télé dans les prisons : bonne mesure ou catastrophe culturelle ?

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Dimanche 26 février 2012 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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Penchons nous aujourd’hui un peu sur les prisons.
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A décision qui semblait souhaitable et améliorer le sort des prisonniers, grandes conséquences imprévues …
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Un rapport remis par la Cour des Comptes il y a quelques mois va amener un changement dans le quotidien des prisonniers : en l’occurrence la place de la télévision.

En effet, le rapport pointait les disfonctionnements et les écarts de prix pour la location par les prisonniers des fameuses télévisions (entre 5 et 40 euros par cellule et par mois suivant les prisons) à des associations socioculturelles en charge de ce marché, association différente dans chaque prison.

Le Ministère de la Justice a donc décidé que les contrats arrivant en fin de période ne seraient pas renouvelé et, à la suite d’un appel d’offre, une société s’est vu remettre ce marché de 7 millions d’euros pour la France avec obligation de location uniforme à huit euros par mois. Quant au groupe Canal Plus, il s’est vu attribuer le marché de la fourniture des chaines.

A priori une bonne nouvelle pour les détenus et une permière victoire pour l’association « Robin des lois » qui militait elle pour la gratuité de la télévision dans les prisons.

Sauf que cette bonne nouvelle cache un gros problème et l’arrivée d’une forme de désert culturel dans les prisons. En effet, les associations se servaient de la manne de la location des téléviseurs pour proposer et financer des activités culturelles gratuites (ou à moindre cout) dans les dites prisons.

La réforme prend effet à la prison des Baumettes et, première conséquence, le licenciement par l’association de la quasi-totalité de ses salariés et l’arrêt de la plupart de ses activités. Autre conséquence, ces associations se tournent désormais vers les collectivités territoriales pour demander des subventions alors que les caisses des collectivités sont vides et que ces associations sont classés comme nouvelles venus (avec tout les risques que cela comportent) dans le giron des subventions puisque jusqu’à présent, beaucoup d’entre elles ne demandaient rien. Enfin, plusieurs activités jusqu’à présent gratuite sont devenus payantes dans un milieu où l’argent n’est pas des plus présent.
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Alors, une bonne mesure ou une catastrophe ?
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A méditer …
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Bonne lecture !
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Prison : la télé contre la culture
Le Ravi du 24/02/2012 – Ecrit par Sébastien BOISTEL
(http://www.leravi.org/spip.php?article1257)
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En perdant au profit du privé la location des téléviseurs, les associations socioculturelles derrière les barreaux sont à sec, obligées de licencier. Et de réduire les activités pour les détenus.
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En prison, les détenus vont-ils bientôt devoir choisir entre la culture et la télé ? Aussi inepte que le sempiternel « fromage ou dessert », c’est ce qui semble pourtant se profiler. D’après une note du 17 février 2011 de la direction de l’administration pénitentiaire relative à l’« harmonisation des prestations TV aux personnes détenues », les associations socio-culturelles et sportives intervenant en prison perdent au profit du privé la location des téléviseurs, dont le prix est désormais de huit euros par mois et par cellule dans toutes les prisons publiques depuis le 1er janvier (et à partir de l’an prochain dans les prisons gérées par le privé). Alors que, jusque-là, les prix oscillaient d’un établissement à un autre (allant jusqu’à une quarantaine d’euros comme aux Baumettes ou à Nice), c’est, a priori, une bonne nouvelle.
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A l’origine de cette décision ? Le combat mené par un ancien détenu, François Korber, qui, depuis des années, avec son association « Robin des lois », lutte pour la gratuité du petit écran derrière les barreaux. Il a même reçu le soutien de Robert Badinter - le garde des Sceaux à l’origine de l’introduction des téléviseurs en détention - et sa lutte a failli aboutir fin 2011 avec un amendement déposé par le PS lors du vote du budget, malheureusement retoqué à quelques voix près.
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Problème : si, jusqu’à présent, les associations socio-culturelles et sportives intervenant en détention tiraient une part significative de leur financement de la location des téléviseurs, l’attribution au privé de cette prestation les met dans le rouge. Il faut dire que cette gestion aura été émaillée par quelques scandales. Comme à Fleury-Merogis où l’association s’était retrouvée avec une cagnotte de 800 000 euros ! Ou à Varennes-le-Grand où le surveillant qui gérait la dite-association avait détourné près de 90 000 euros.
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Reste qu’aux Baumettes, l’association socio-culturelle vient de licencier la quasi-totalité de ses salariés et va devoir réduire drastiquement le nombre des activités proposées. Son président, Alain Trouilloud est furieux : « C’est un véritable diktat ! Sans aucune consultation ni concertation, on nous a supprimé 80 % de notre budget. Alors que, d’une certaine manière, on compensait le manque de moyens de l’administration pénitentiaire. Par exemple, en ayant équipé entièrement les salles de musculation de la prison ou en s’occupant de l’arbre de Noël... On va donc devoir solliciter des subventions aux collectivités, tout en sachant déjà que les caisses sont vides. Alors, en attendant, on doit réduire le nombre d’activités. »
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Fini le sport ou, pour les détenus, la musique. Sont maintenues en revanche la calligraphie, la poterie ainsi que Radio Baumettes et le festival « Les Baumettes se font la belle ». Et Alain Trouilloud d’ajouter : « Organiser un concert en prison, tout le monde peut y arriver. Mais faire en sorte qu’il y ait du monde en face, c’est une autre paire de manches. Ce qui compte le plus en détention, ce sont les activités au quotidien. » D’autant que la loi pénitentiaire a instauré une « obligation d’activité » pour les détenus. Or, ce qui se passe aux Baumettes est loin d’être un cas isolé. A la prison d’Aix-Luynes aussi, l’association socio-culturelle est au bord du gouffre.
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« Je suis sincèrement désolé pour les associations qui faisaient bien leur boulot, déplore François Korber. J’ai moi-même été surpris de la précipitation et l’opacité dans laquelle l’administration pénitentiaire a pris cette décision, sans un mot sur la question du financement. En même temps, on ne pouvait laisser perdurer un système qui voyait les détenus, par la location de leur télé, payer pour des activités auxquelles, trop souvent, ils n’avaient pas accès. Et ce n’est pas à ces associations de pallier les manques de l’administration pénitentiaire. » Reste que, parmi les solutions envisagées, certains établissements seraient prêts à faire payer aux détenus une cotisation pour financer les activités auxquels ils sont tenus, par la loi, de participer…
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En attendant, dans l’histoire, deux acteurs se frottent les mains. Canal Plus qui, pour 11 millions d’euros, va fournir le bouquet satellite de huit chaînes. Et Régie Vidéo Systèmes, une petite SARL d’Antibes travaillant déjà pour le ministère de la Défense qui fournira l’ensemble des télés du parc pénitentiaire hexagonal. Un marché de près de 7 millions d’euros.
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Sébastien Boistel
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