dimanche 8 avril 2012

L’info du dimanche : Questions sur la série d'interpellations d'islamistes

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Dimanche 8 avril 2012 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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Depuis les tueries de Montauban et de Toulouse, les milieux islamistes sont au centre de la tourmente. Nicolas SARKOZY s’est plusieurs fois exprimés sur ce sujet en demandant encore plus de fermeté.

Dans ce contexte, les interpellations d’islamistes se sont multipliés mais les dernières en date laissent un gout amer dans la bouche.

En effet, si la première vague du vendredi 30 mars 2012 été justifié et entraient dans le cadre d’une longue procédure en cours, celle de cette semaine ont plutôt été ressentie comme une gesticulation et un geste sécuritaire vers l «électorat à la droite de la droite.

Pire, après 37 heures de garde à vue, tous les interpellés ont été relâché sans la moindre mise en examen. De quoi se poser de sacrés questions que Le Monde n’éludait pas alors que les libérations n’étaient même pas effectives.
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Bonne lecture !
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Questions sur la série d'interpellations d'islamistes
Le Monde du 6 avril 2012

Le gouvernement, critiqué pour la médiatisation des coups de filet, affirme vouloir prévenir d'autres affaires Merah

Le visage masqué, menottes aux poignets, on les a vus s'engouffrer, encadrés par les policiers encagoulés, sous l'oeil des caméras, dans les voitures. Mercredi 4 avril, à l'aube, dix personnes ont été interpellées dans les milieux islamistes. Aux quatre coins de la France : Roubaix (Nord), Marseille, Bordeaux, Pau, Bon-Encontre (Lot-et-Garonne), Valence ou encore Carpentras (Vaucluse).

L'opération est différente de celle dirigée, vendredi 30 mars, contre le groupe salafiste Forsane Alizza dont treize membres ont été mis en examen et neuf incarcérés pour " association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste " et " détention d'armes ". Le coup de filet était arrivé à point nommé, après les tueries de Toulouse et Montauban les 11, 15 et 19 mars, mais il s'inscrivait dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 8 mars, à la suite de plusieurs mois d'enquête.

Les interpellations de mercredi sont, elles, directement liées au contexte de l'après-Toulouse. Il ne s'agit pas du démantèlement d'un réseau - ces hommes ne sont affiliés à aucune organisation, aucun groupe, ni aucune filière, selon les premiers éléments de l'enquête. L'objectif est de procéder à des vérifications auprès d'individus dont le principal point commun est d'être fichés et surveillés depuis plusieurs mois par la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Après les polémiques sur la surveillance de Mohamed Merah, la DCRI vide ses tiroirs afin de comptabiliser le nombre de " Merah potentiels ".

Car les policiers ont une crainte à très court terme : qu'un jeune islamiste mette ses pas dans ceux du tueur de Toulouse et Montauban. Les gardés à vue présentent " un potentiel d'activiste isolé ". Il s'agit de salafistes " susceptibles de passer à l'action ", résume un responsable policier. Ils ont pour certains " effectué un séjour en Afghanistan ", d'autres " se préparaient au voyage ", les derniers se connectaient sur des sites islamistes appelant au djihad. " Cela ne veut pas dire que ce sont des gens qui vont être mis en examen et écroués ", prévient-on dans l'entourage de Claude Guéant. Les gardes à vue ont été prolongées pour permettre aux enquêteurs d'exploiter le matériel informatique saisi.

La Place Beauvau souligne que ce type d'opération n'a " rien d'exceptionnel ", rappelant que, depuis 2007, il y a eu plus de 350 interpellations et près de 90 personnes écrouées. " Mais depuis l'affaire Merah, il y a une effervescence dans les milieux djihadistes, des gens qui appellent à répéter les actes de Mohamed Merah, qui saluent sa mémoire en disant qu'il faut, comme lui, mourir en martyr. Les services ont constaté un bouillonnement sur Internet ", affirme-t-on. A la demande de la DCRI, le parquet de Paris a donc ouvert des enquêtes préliminaires, lundi 2 avril, sur le chef d'association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme. A un autre moment de l'histoire, les services auraient continué leur travail de surveillance sans passer par ces interpellations.

Car selon plusieurs policiers, l'efficacité de ces méthodes spectaculaires reste à démontrer. Pour eux, elles consistent plus à rassurer une opinion traumatisée qu'à dénicher les terroristes en puissance. Les policiers et le cabinet de Claude Guéant se renvoient la responsabilité de cette médiatisation. " Mercredi, ça ne méritait sans doute pas ce traitement-là, reconnaît-on dans l'entourage du ministre de l'intérieur. La discrétion s'impose, c'est une consigne qui vaut pour toutes les opérations. Mais les policiers ont besoin d'une reconnaissance de leur boulot. Le ministre préférerait que ça se passe sans l'oeil de la caméra. "

Ce qui n'a pas empêché M. Guéant d'assurer le service après-vente dans les médias, d'interdire l'entrée sur le territoire français à quatre prédicateurs islamistes, le soir de l'opération contre Forsane Alizza, le 30 mars, et d'intercaler, entre les deux coups de filet, l'annonce de l'expulsion de cinq islamistes radicaux, lundi 2 avril. Mardi 3, c'était au tour de Nicolas Sarkozy de mettre en garde l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) contre " d'éventuels débordements " lors de son congrès annuel, du 6 au 9 avril.

Face à cet activisme, les rivaux du candidat-président et leurs équipes de campagne peuvent dénoncer la " gesticulation électoraliste ", comme François Bayrou, mais ils sont coincés sur le fond. Critiquer les coups de filets eux-mêmes, ce serait prendre le risque d'afficher un laxisme coupable. Ce que résume la formule de la première secrétaire du PS, Martine Aubry : " Moi, je suis pour la fermeté, pas pour le spectacle. "

La stratégie de Nicolas Sarkozy sera-t-elle payante ? Place Beauvau, on assure n'avoir " aucun élément pour dire si c'est favorable ou défavorable ". Un conseiller assure que " la remontée de Sarkozy est liée au retour des sujets régaliens. Il est remonté grâce à sa sortie sur Schengen lors de son discours de Villepinte, le 11 mars. Puis, avec l'affaire Merah, il est devenu le président protecteur. Mais maintenant, on fait le boulot policier, et c'est tout ".

Certains assurent même qu'il y a " un risque en créant une polémique ". Mais, au fond, reconnaît-on dans l'entourage du ministre de l'intérieur, " en 2007, les musulmans ont voté à 80 % pour Ségolène Royal ". M. Sarkozy a tout à gagner et très peu à perdre à afficher sa fermeté face à l'islam radical.

Yves Bordenave, Laurent Borredon et Arnaud Leparmentier
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