vendredi 4 mai 2007

Mensonges de campagne : « Le débat télévisé »

Vendredi 4 mai 2007 :
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Dernier papier avant élection sur les mensonges de campagne.

Cette fois-ci, un « spécial débat » qui renvoie dos à dos les deux candidats dont on pourrait presque qualifier d’incompétent au vue des nombreuses erreurs, approximations, raccourcis constatés.

A ce jeu là, malheureusement, les deux se valent.

Round 1 : Le temps de travail

Nicolas Sarkozy : « Le problème de la France est qu'il y a 1% de croissance de moins que les grandes démocraties, les grandes économies qui progressent dans le monde. Pourquoi? Parce qu'on travaille moins que les autres ! »

Faux. Comparée à six autres pays, la France affiche la durée hebdomadaire légale du travail la plus faible, 35 heures obligent. Mais elle est dans la moyenne en terme de durée annuelle effective du travail, qui tient compte des divers types de congés et des heures supplémentaires... En 2004, l'ensemble des salariés français a ainsi travaillé en moyenne 1531 heures. C'est bien moins que les Américains (1869 heures), les Espagnols (1767 heures) et les Italiens (1715 heures). C'est proche des Britanniques (1631 heures). Et c'est plus que les Allemands (1468 heures) et surtout que les Pays-Bas (1378 heures) qui possèdent le modèle économique que prône le candidat de l’UMP


Round 2 : Le déficit de la sécurité sociale

Ségolène Royal : « Un déficit de la Sécurité sociale qui s’élève à 11 milliards d’euros »

Faux. En mars dernier, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, annonçait que le déficit de la Sécurité sociale atteignait en 2006 8,7 milliards d’euros, contre 11,6 milliards en 2005.


Round 3 : Rexocode

Nicolas Sarkozy : « Rexocode n’est pas l’institut du MEDEF. »

Approximation : Rexocode se revendique lui-même comme « le premier centre français d’analyse et de prévisions microéconomiques indépendant des pouvoirs publics ». Il est financé par 80 « entreprises industrielles, banques et grandes institutions adhérentes » dont le MEDEF.

Nicolas Sarkozy : Il est dirigé par « Michel Didier, l’un des économistes que Mr Jospin avait nommé en 1998 dans son conseil des experts »

Faux : Pas de conseil des experts propre à Lionel Jospin. .Rexocode est bien dirigé par Michel Didier ; nommé membre du groupe des entreprises privées au Conseil économique et social en 2004 sur le quota du MEDEF. En 1997, Michel Didier avait été nommé au Conseil d’analyse économique qui se définit « comme une instance pluraliste composée d’économistes reconnus de sensibilité diverses. ».

Enfin, l’analyse positive de Rexocode sur le programme de l’UMP est contestée par les autres économistes politiques, contestation basée sur le fait que cette analyse ne prendrait pas en compte l’un des pans du programme économique du candidat UMP.


Round 4 : Aides aux poles de compétitivité

Ségolène Royal affirmait que les aides arrivent tardivement aux pôles de compétitivités en prenant un exemple concret et parlant de trois ans d’attente. Or, cet exemple ne faisait pas allusion à un pole de compétitivité mais à un pole éco industrie, de surcroît non labellisé.

Les pôles de compétitivité ont reçu depuis 2005 (en deux ans donc), 693 millions d’euros de l’Etat et 250 millions des collectivités locales. L’Etat à promis de verser à ces pôles 1,35 milliards d’euros en trois ans.

Le MEDEF se félicite par ailleurs que les financements publics aux entreprises de ces pôles sont « conformes aux engagements pris » en 2004 et les délais de déblocages des fonds « relativement rapides ».


Round 5 : Equilibre des retraites jusqu’en 2020

Nicolas Sarkozy a affirmé que l’équilibre des retraites est garanti jusqu’en 2020 par la loi Fillon.

Affirmation hypothétique : Pour cela, les conditions suivantes doivent être réunis :
1/ Taux de chômage à 4.5 %
2/ redéploiement des cotisations UNEDIC vers l’assurance vieillesse
3/ Apport de l’Etat de 0.6 % du PIB annuel vers les régimes publics.

Nicolas Sarkozy a affirmé que le FRR (Fond de Réserves des Retraites) recevait six milliards d’euro par an

Faux : Le prélèvement est de 2 % sur les revenus du patrimoine, soit environ 1.5 milliards d’euros.

Nicolas Sarkozy a affirmé que la loi Fillon prend bien en compte la pénibilité du travail et Ségolène Royal le contraire.

Approximations pour les deux candidats. La négociation sur ce sujet n’a pas encore aboutie.


Round 6 : le bouclier fiscal

Nicolas Sarkozy a expliqué qu’il mettra en place un bouclier fiscal plafonnant les impôts à 50 % des revenus. Et de préciser « Nul ne doit se voir prélever plus de la moitié de ce qu’il a gagné dans l’année. ».

Dans les faits, cette disposition est déjà en application. Avec un taux marginal d’imposition de 40%, une CSG et une CRDS de 8 % au total, les revenus, y compris du travail ne sont jamais imposé au-delà de 50 %. Cette disposition fiscale allégera de facto l’ISF qui taxe le patrimoine et non le revenu.


Round 7 : Service public de la petite enfance

Nicolas Sarkozy : Il « n’est pas possible de créer 2 millions de place en crèche. Il y en a environ 350.000. »

Faux pour les places de crèches : 260000 places actuellement et 12000 places de plus par an prévu dans le plan « petite enfance »

Approximation pour le reste. Il y a actuellement en France 2.4 millions d’enfants de moins de trois ans. Le nombre de personne ne trouvant pas de solution satisfaisante est évalué à 200.000 et le rapport Hirsch sur la pauvreté des enfants de 2005 évalue à 400 000 places en crèches ou en assistances maternelles le besoin de la France pour garantir le service public. Le coût est alors évalué à 2.6 milliards d’euros


Round 8 : Le nucléaire

La part du nucléaire dans la consommation d’électricité en France : environ 80 %. Réponse fausse pour les deux candidats (17 % pour Ségolène Royal, 50 % pour Nicolas Sarkozy)

Pour mémoire, le chiffre de 17 % fait probablement référence à la part mondiale du nucléaire dans la consommation d’électricité mondiale. Quant au chiffre de 50%, il ne correspond à rien dans le domaine de la consommation de l'énergie.


Round 9 : E.P.R.

Nicolas Sarkozy: « Nous venons de le vendre à la Finlande, Madame. Les centrales nucléaires classiques ont une durée de vie. Les experts discutent, est-ce trente ans, cinquante ans pour le chapeau de couverture. Nous avons été obligés de déclencher les centrales de la quatrième génération, c'est le processus EPR qui a été acheté. »

Faux et archifaux sur deux des trois affirmations du candidat UMP. E.P.R. (European Pressurized Reactor) est bel et bien un réacteur de troisième génération comme l’affirmait Ségolène Royal. C’est un concept de réacteur nucléaire, conçu et développé dans les années 1990 et 2000 par Framatome ANP (devenu Areva en 2001). Le premier chantier pour un réacteur de type EPR a démarré en 2005, en Finlande et est le frère jumeau de celui qui sera érigé à Flamanville (Manche).


Round 10 : les handicapès

Ségolène Royal : « Le plan handiscol a été supprimé » (…) « Aujourd’hui, moins d’un enfant sur deux qui étaient accueilli il y a cinq ans ne le sont plus »

Faux et archifaux.

L’Apajh rappelle que le plan Handiscol n’a jamais été supprimé mais que l’absence d’impulsion politique à partir de 2002 a entraîné la désuétude de ce plan.

Les 6000 emplois jeunes crées dans les associations ont bien été supprimé en 2002 mais, après une période de flottement, ils ont été remplacé par un nombre équivalent d’axillaire de vie scolaire auxquels s’ajoutent 2000 emplois de vie scolaires.

En 2002, 90.000 enfants scolarisés
En 2007, 160.000 enfants sont scolarisés dans les établissements « classiques » et 76000 suivent des cours spécialisés.

En 2007, quinze mille enfants handicapés seraient privés d’enseignements.


Sur ces quelques rectifications, bon choix dimanche prochain !

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