dimanche 11 décembre 2011

L’info du dimanche : Oradour sur Glane de nouveau sur le devant de la scène

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Dimanche 11 décembre 2011 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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L’info d’aujourd’hui est une info historique. En l’occurrence la réouverture de l’enquête sur le massacre le 10 juin 1944 de 642 civils dans le village d’Oradour-sur-Glane.

Ce jour là, ce village de la Haute-Vienne situé au nord-ouest de Limoges, fut rasé et sa population exterminée par un détachement du 1er bataillon du 4e régiment de Panzergrenadier « Der Fuhrer » appartenant à la Panzerdivision waffen SS « Das Reich ». Il s'agit du plus grand massacre de civils commis en France par les armées allemandes
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Des procès ont eu lieu, des hommes ont été jugé, mais tout n’était pas clair sur ce massacre. L’ouverture des anciennes archives de la STASI est-allemande permettant ainsi aux historiens de découvrir certains secrets cachés a relancé la perception des événements ayant amené ce massacre. Et l’intérêt de la justice allemande pour ce crime de guerre n’est que la partie émergée de l’iceberg.
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Bonne lecture !
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La justice allemande se penche sur le massacre d’Oradour-sur-Glane
Pascal CHARRIER - La Croix du 7 décembre 2011

Des perquisitions ont été menées en Allemagne chez six octogénaires soupçonnés d’avoir participé à ce crime de guerre survenu quatre jours après le débarquement des Alliés sur les côtes normandes.
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En France, survivants, familles de victimes et historiens cherchent encore à savoir pourquoi la petite commune a été choisie comme cible.
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Au bout du fil, Robert Hébras l’un des deux rescapés encore en vie, en octobre 2011, parle posément. Il y a soixante-sept ans, il avait fait partie des rares personnes à avoir survécu au massacre d’Oradour-sur-Glane, le bourg de Haute-Vienne où des SS ont assassiné 642 civils le 10 juin 1944.
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Toujours installé dans la région, il a appris lundi, à 86 ans, qu’un procureur de Dortmund avait mené des perquisitions en Allemagne chez six octogénaires soupçonnés d’avoir participé à ce crime de guerre imprescriptible. « C’est une surprise, commente le rescapét, l’un des deux encore en vie. Mais que voulez-vous que je vous dise ? Ce sont des vieillards, comme moi. S’il s’agit de criminels de guerre, il faut les juger, c’est tout. »
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Selon un communiqué de la justice allemande repris par l’Agence France-Presse, ces investigations ont été menées à la demande de l’office fédéral chargé de l’élucidation des crimes nazis.
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Les suspects ne sont pas en état d’être entendus
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Elles n’ont pas permis de découvrir de documents importants et les suspects, âgés de 85 et 86 ans et installés dans différentes villes, ne sont pas en état d’être entendus par les policiers ou ont nié toute implication.
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« Nous ne savions absolument pas que ces recherches étaient menées, s’étonne Richard Jezierski, le directeur du Centre de la mémoire de la commune martyre. Certains diront que cela ne sert plus à rien aujourd’hui. Au contraire, il est fondamental de continuer cette enquête. S’il y a des preuves, il faut que justice soit faite. »
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Surtout, aux yeux de Robert Hébras comme pour les descendants des victimes, il reste une question de fond qui n’a pas été tranchée par le procès organisé en 1953 à Bordeaux devant un tribunal militaire : le « pourquoi » du choix d’Oradour-sur-Glane pour mener cette opération sanglante en vue de terroriser la Résistance, quatre jours après le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie.
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« À Oradour, les gens en sont toujours à s’interroger, reprend Richard Jezierski. Il est très important d’avoir une réponse pour que les familles puissent faire réellement leur deuil. »
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Les historiens cherchent à comprendre
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De leur côté, les historiens cherchent également à comprendre. « On sait que la décision a été prise dans la matinée du 10 juin, à Saint-Junien, explique Pascal Plas, membre de l’Institut d’histoire du temps présent. Mais on ne sait pas comment s’est fait le choix du lieu. Nous avons juste des hypothèses. Oradour était un village facile à encercler et il y avait une population assez importante. Mais il n’y avait pas de résistants, contrairement à ce qu’ont dit ensuite les Allemands pour se justifier. La deuxième inconnue tient au déroulement même du massacre. Nous n’avons que le récit des rescapés, qui ne donne qu’une version partielle des événements. Il nous manque une vision plus générale que les auteurs du massacre auraient pu donner, mais cela ne s’est pas fait. »
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Une troisième zone d’ombre concerne les pillages commis sur place et le devenir des biens embarqués par les SS dans des camions. Une partie des réponses à toutes ces questions se trouve peut-être dans les archives de la Stasi, la police secrète de l’ex-RDA, qui avait fiché les nazis.
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« Ces documents sont en cours de classement et cela demande un très gros investissement en temps, mais c’est techniquement possible, poursuit Pascal Plas. Une autre source d’information peut venir de papiers privés, détenus par d’anciens soldats. Récemment, le juge qui enquête sur Oradour-sur-Glane a d’ailleurs reçu, de manière anonyme, des photos de massacres prises sur le front de l’Est. »
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Pour ouvrir son enquête sur ces six personnes qui n’étaient probablement pas des donneurs d’ordre le 10 juin 1944, le magistrat s’est appuyé sur la « jurisprudence Demjanjuk », du nom d’un Américain d’origine ukrainienne extradé en Allemagne.
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Même s’il n’a pas participé directement à l’extermination des juifs, cet autre octogénaire a été condamné en mai dernier en tant que gardien du camp d’extermination de Sobibor.
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Robert Hébras, lui, se veut prudent. « Il faut attendre la suite des événements, insiste-t-il. Pour l’instant, de ce que j’en sais, les éléments sont succincts. » En attendant, dès que sa santé le lui permettra, ce rescapé reprendra son « devoir de mémoire » auprès des jeunes générations.
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