vendredi 23 janvier 2009

Marseille : « Grand Port Malade »

.
Vendredi 23 janvier 2009 :
.

Aujourd’hui, direction le port de Marseille, le « Grand Port Malade » comme beaucoup le surnomme. Quelques uns d’entre vous, cher lecteur, sont issues du monde maritime et doivent eux aussi se poser pas mal de questions sur la politique commerciale employée par cette nouvelle institution.
.
Que le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) traverse une passe difficile, cela ne fait aucun doute. Les dernières grèves, la réorganisation administrative, la crise et la concurrence exacerbé entre les ports laissent des traces profondes et visibles. Cette mauvaise passe a été confirmé en début d’année avec la décision prise par Agrexco, le groupe israélien, de transférer sa plate-forme de produits frais (les fameux avocats et kiwis entre autre) de Marseille en Italie. Perte sèche pour le port : Environ 200.000 tonnes de produits frais soit entre douze et quatorze mille journées de travail.
.
Le paradoxe de ce départ, c’est que les dockers, trop souvent pointés du doigt dans les problèmes portuaires de Marseille, ne sont cette fois pas du tout impliqués dans cette décision, même si le peu de fiabilité de notre bassin a pu faire pencher définitivement la balance.
.
Je rappelle en effet qu’Agrexco utilisant le terminal fruitier avec des équipes et un quai dédié n’a quasiment pas été impacté par la dernière grande grève de l’été dernier et que ses navires ont pu effectuer leurs rotations et débarquer leurs marchandises sans aucun problème à l’inverse de la totalité de la filière maritime.
.
Ce départ est dû au fait que les accords entre Agrexco et l’entreprise gérant le terminal fruitier est arrivé à expiration le 31 décembre 2008 et que les deux partis n’ont pu se mettre d’accord sur les nouvelles conditions tarifaires, l’un (Agrexco) voulant une diminution drastique de ses couts, l’autre (Marseille Manutention) au moins le maintien voire une augmentation de prix, arguant qu’elle perdait journellement de l’argent.
.
Or, les pertes journalières du Terminal Fruitier sont aussi imputable au cout de location des infrastructures portuaires (hangars, quais, espaces d’entreposage) à GPMM qui aurait lui aussi augmenté ses tarifs de manière inconsidérée, entrainant des pertes prévisionnelles plus importantes pour l’opérateur de manutention et une augmentation de ses tarifs d’où le clash avec Agrexco.
.
Mais aussi, comment ne pas se rappeler les déclarations récentes des instances politiques, aussi bien de Marseille, de la Communauté Urbaine ou portuaire clamant sur tous les toits que l’avenir de Marseille passait par les croisières qu’il fallait développer.
.
Bilan, la rumeur court et se propage sur les quais que ce départ arrange finalement grandement GPMM car les terrains alloués au Terminal Fruitier jouxtent … ceux dédiés à la gare maritime des croisières. Ce départ et la faillite annoncée du Terminal Fruitier permettrait de récupérer ces terrains au moindre cout pour les dédier à la croisière. Telle est la rumeur que l’on entend sur les quais aujourd’hui.
.
De là à proclamer comme je l’ai entendu pas plus tard que ce matin que : « le GPMM n'a plus pour vocation le transport de marchandises mais plutôt à devenir une base stratégique du tourisme méditerranéen et n'a donc plus besoin de fruits, de légumes de conteneurs et par la même, de dockers ;ce sera dorénavant tout pour le tourisme et les croisières tenez vous le pour dit ! » ou hier au soir « le prix de location du quai 184 était hors de prix, carrément illogique par rapport aux autres quais, tout ca pour un hangar frigo. je crois qu’ils avaient des consignes pour consacrer ce spot aux croisières, donc, on monte les prix, donc Marseille manut est dans le rouge tous les mois malgré Agrexco toutes les semaines... »
.
Il va falloir que j’envisage de quitter les conteneurs pour me tourner vers les croisiéristes. Le Havre envisage de loger ses étudiants dans des conteneurs, vous pensez que je pourrais faire pareil avec les touristes ?
.
Tout ceci donne une impression de gâchis et je ne peux m’empêcher de me demander ce que pense mon « grand ami », Stephan Brousse, conseiller de Laurence Parisot, Président de l’UPE13, mais surtout président d’une société d’importation d’agrume qui travaille de manière importante avec … Agrexco.
.
La fin d’une époque … pour le grand port malade !
.
.

Aucun commentaire: