mardi 4 octobre 2011

Sarkozy, son impopularité et la place de la crise

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Mardi 4 octobre 2011 :
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Jeudi dernier, le traditionnel conseil municipal de Vitrolles s’est déroulé. L’occasion pour le microcosme politique vitrollais de se retrouver et de débattre, à bâton rompu, sur le parvis de la mairie.
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L’occasion aussi de voir des débats improbables s’amorcer sur tout et n’importe quoi. Parmi les débats, celui auquel j’ai participé concernant Nicolas SARKOZY. Une responsable UMP locale s’étonnait et s’offusquait de la violence des propos et des jugements touchant Nicolas SARKOZY, « Président de la République » quand même. Elle trouvait inadmissible cette violence verbale à l’encontre du numéro 1 des français comme elle ne comprenait pas que la crise financière qui secoue la planète depuis 2008 ne soit pas prise en compte dans l’établissement du bilan de son « champion ».
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Parlons donc un peu de l’image que renvoi aux français Nicolas SARKOZY.
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A mon humble avis, le fossé a commencé à être creusé dès le soir de l’élection quand ses électeurs ont découvert avec stupéfaction le repas aux Fouquet’s et dès le surlendemain le yacht de Bolloré. La fracture entre un électorat populaire et un tel faste ne pouvait que se faire.
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Ce soir là, Nicolas SARKOZY a tourné le dos aux ouvriers qui l’avait élu pour « donner les clefs » aux maitres du CAC40, (Bernard Arnault, Martin Bouygues, Serge Dassault, Vincent Bolloré, Antoine Bernheim, Albert Frère, Jean-Claude Decaux et Paul Desmarais) préférant la lumière feutrée du plus célèbre restaurant parisien où se mêlent sans distinction jet-set et business, au sunlight des projecteurs de la Place de la Concorde où se trouvaient ceux qui réellement l’avaient élu. Ce soir là, la rupture a été brutale et la désillusion totale.
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C’est l’action fondatrice de l’impopularité totale de Nicolas SARKOZY et du durcissement des propos contre lui. Quatre ans après, je me demande toujours ce qui est passé dans la tête des conseillers en communication du président pour laisser faire de telle chose.
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Au-delà de ce soudain fossé, l’attitude de notre Président a aussi amené une désacralisation de la fonction du Président. Les « crocs de boucher » et le « Karcher », deux expressions violentes prononcées lors de son passage au Ministère de l’Intérieur, un ministère régalien rappelons le, ont été les germes de cette désacralisation.
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Ces deux citations n’étaient que le début d’une longue liste de dérapage linguistique présidentiel dont le fameux « casse toi, pauv’con » en est le summum. Je veux bien admettre qu’un président de la République est un homme et en tant que tel peux être soumis à des dérapages mais la répétition de ces dérapages et la violence des propos tenus ne peut être que néfaste à la fonction et néfaste à la perception de cette fonction.
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Quoi que l’on dise, quoi que l’on pense, ce sont ces dérapages verbaux qui ont été le déclencheur de la violence contre le Président. En réagissant en homme et non en Président, il a posé la première pierre de la désacralisation de la fonction et prêté le flanc à des attaques au dessous de la ceinture.
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Le deuxième facteur qui a fait chuter Nicolas SARKOZY de son piédestal et a entrainé le durcissement du ton envers lui est son rapport avec l’argent. En transformation l’idéologie de l’argent en valeur de la république, en transformant les valeurs de la République pour les mettre au service du profit, en trompant les français en leur faisant croire qu’en travaillant plus, ils pouvaient gagner plus, le Président a amené les français sur un terrain mouvant où le moindre faux pas pouvait lui être fatal.

Ce mensonge là n’est pas passé et à ouvert la boite de pandore, entrainant une crispation du discours des citoyens qui, au départ, n’étaient pas foncièrement contre lui. Il n’y a pas pire qu’un électeur qui se rend compte qu’on l’a berné et surtout qui a l’impression qu’on le méprise. Hors, cette impression a été, durant des années, renforcés peu à peu par des actes de nos gouvernants dont je ne suis pas sûr qu’ils en aient vraiment mesuré la portée.

En décrédibilisant la fonction Présidentielle, de manière avouée ou non, Nicolas SARKOZY a prêté le flanc à cette haine que maintenant ses troupes tentent, tant bien que mal, plutôt mal que bien d’ailleurs, d’endiguer

Quant à la crise comme explication au fait que le programme et les promesses n’ont pas été tenu, certes elle intervient dans le bilan, mais pas autant que ce que les sarkozistes veulent nous le faire croire. D’autres pays ont été confronté à la même crise sans pour autant que leurs dirigeants soient au milieu d’un tel maelstrom d’impopularité.
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Dès le moment où des réformes sont lancés, en quoi la crise intervient pour expliquer qu’elles ne vont pas jusqu’au bout ?
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Prenons comme exemple de la réforme des collectivités locales. Tous les politiques, quel que soit leur bord, quel que soit leur pouvoir, sont d’accord pour dire qu’elle est nécessaire. Plusieurs rapports sont faits, plusieurs pistes sont lancées par les collectivités elles-mêmes. Alors pourquoi s’arrêter au milieu du gué, pondre un réforme incompréhensible, imposer d’une manière jacobine dont on pensait ne plus avoir un jour à faire, une réforme qui ne résout rien, ajouter une tranche au mille feuille administratif, rendant illisible et inapplicable une réforme dont la France a besoin ?
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La crise a bon dos pour expliquer une telle capitulation en pleine campagne.
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Et nous pouvons multiplier les exemples à la Justice, la Police, la réforme de l’ISF, la réforme de la fonction publique, j’en passe et des meilleures. Chaque fois, une réforme nécessaire accouchant d’une souris pour des raisons d’intérêts des lobbies.
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De même, les Français se sentant floué par le projet défendu par Nicolas SARKOZY durant la campagne électorale 2007, durcissent leurs jugements vis-à-vis de celui qui leur a fait prendre des vessies pour des lanternes. Et la crise n’a rien à voir dans ce que je surnomme « la grande imposture »
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Nicolas SARKOZY, durant la campagne de 2007, a fait miroiter des choses qu’il a appelé « Projet de société » où chacun était sensé trouver son compte et bénéficier de richesse supplémentaire.
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Or, ce projet de société, calqué sur un modèle américain, déjà dépassé en 2007, néolibéral à l’extrême, ne pouvait que conduire à un renforcement des inégalités, crise ou non crise. Or, une société totalement matérialiste, jouant sur le levier des inégalités et de l’exclusion n’est pas viable à terme. Les riches ont de plus en plus en plus d’argent à placer et deviennent de plus en plus riche tandis que l’autre côté, les pauvres deviennent de plus en plus pauvre et leur catégorie ne cesse de grandir.

Et dans ce schéma, la crise n’a fait qu’accentuer un phénomène que le projet de société de Nicolas SARKOZY en 2007 ne faisait que provoquer.
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L’élection de Nicolas SARKOZY en 2007 portait en elle les germes de cet impopularité et de cet échec patent d’une politique dépassée avant même d’être mise en place et la Crise n’a fait qu’accentuer les réactions épidermiques.
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Sans aucun autre commentaire
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