mercredi 4 janvier 2012

SeaFrance, PIP et autres considérations

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Mercredi 4 janvier 2012 :
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M’intéressant de près au milieu maritime, déformation professionnelle exige, je ne pouvais qu’être interpellé à la fois par le sort de SeaFrance et par la solution trouvée par le gouvernement. Cette solution, je dois l’avouer, n’est pas faite pour me plaire à la fois par sa frilosité et par ce qu’elle sous entend à moyen et long terme, surtout après les échéances électorales de cette année.

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Comme François BAYROU, invité de Michel Denisot, dans le Grand Journal de Canal Plus, mardi 3 janvier, je pense que « Dans une situation comme celle de SeaFrance, il faut une solution plus industrielle et mieux ficelée »

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D'abord interrogé sur la campagne présidentielle, François Bayrou a jugé qu'il s'agit "d'une élection à quatre candidats, mais où trois seulement peuvent être élus". "En 2007, les choses n'étaient pas encore mûres, les Français n'avaient pas réalisé ce qui allait se passer. Quand je les rencontre aujourd'hui, ils me disent : nous voterons pour vous, car en 2007 vous nous aviez dit la vérité", a souligné le candidat à la présidence de la République.

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Interrogé sur le projet de reprise de l'entreprise SeaFrance, François Bayrou a dénoncé "l'hypocrisie" du gouvernement. "Le projet de coopérative aurait été sympathique à soutenir s'il avait été bien ficelé. Je pense qu'il y a ici comme une hypocrisie du gouvernement dans son idée de dire que les salariés allaient devoir investir dans la nouvelle société ouvrière leur prime de licenciement. Évidemment, lorsque vous êtes ouvrier, que vous avez une prime de licenciement que l'on annonce autour de 60.000 euros, vous n'allez pas risquer de la perdre", a estimé François Bayrou. "Dans cette situation, il aurait mieux valu une solution plus professionnelle, plus industrielle, mieux ficelée. Je trouve que c'est un dossier qui n'est pas très crédible", a-t-il analysé. De manière générale, nous constatons que nos dirigeants sont en train "de multiplier les mesures pour réduire ponctuellement le chômage à la veille de la présidentielle", a-t-il ajouté.

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Alors que la présidente de l'association PPP (Prothèses PIP) revenait sur la dangerosité des implants mammaires PIP, le député des Pyrénées-Atlantiques a rappelé que "des éléments d'alerte étaient venus depuis longtemps, sans être pris en compte". Pour lui, cet exemple ajouté notamment à celui du Mediator, démontre le besoin flagrant "d'une autorité indépendante sur les sujets de santé", qui fasse toute la lumière sur ces affaires et "permette de pointer les responsabilités".

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2 commentaires:

phgardiol a dit…

Bonjour Jean-Claude, dans cette affaire assez complexe, un élément m’interpelle : le jugement souvent méprisant que l’on porte sur la solution. François Bayrou n’échappe pas à cette tendance. Les termes « projet sympathique » ou « une solution plus professionnelle » démontrent un mode de pensée économique et social structuré autour du modèle unique d’une entreprise dite sérieuse parce que classique dans son organisation. Toute pensée innovante remettant en cause le modèle dominant est considérée avec au mieux de l’amusement, au pire avec du mépris. Or, les « SCOP », ça marche ! Bien entendu, elles ne constituent pas l’essentiel du tissu économique français mais de nombreux exemples démontrent qu’on peut imaginer d’autres constructions administratives débouchant sur des relations sociales différentes sans que l’efficacité économique ne soit mise en cause. Je pense par exemple à la société « chèque déjeuner » qui est une SCOP qui, d’ailleurs, a été, à l’origine créée à l’initiative de syndicalistes de la CFDT. La SCOP n’est pas une sorte de bordel organisé surgit du cerveau enfumé de quelques soixante-huitards idéalistes, c’est une solution qui mise sur la participation des salariés, leur responsabilité et finalement, leurs compétences dans la gestion de leur outil de travail. Je ne sais pas si cette formule est adaptée à la situation de SEAFRANCE mais en ces temps de bouleversements économiques, il serait pertinent de ne pas s’accrocher à un modèle unique qui, par ailleurs, prend l’eau de toutes parts, ce qui, pour une compagnie maritime est fâcheux… Amicalement,Ph Gardiol

Jean-Claude Mathon a dit…

Je suis d’accord avec toi sur le principe que les SCOP marchent. J’en connais quelques unes qui démontrent de manière évidente que cette possibilité n’est pas un gadget mais bel et bien une solution économique viable.

Là où personnellement je ne suis pas d’accord, c’est employer cette formule au cas de SEAFRANCE en tentant de la rendre viable en faisant acheter par la SNCF les navires qui seraient loué par la SCOT et en reportant un poste de dépense important sur l’ancien propriétaire. C’est aussi sur ce terrain que François BAYROU avance et non sur celui de dire que les SCOP sont économiquement non viable.

Les compagnies maritimes sont au cœur de la tourmente depuis des années (bien avant la crise qui n’a fait qu’amplifier le mouvement de débâcle). Même les plus grosses (comme CMA MAERSK, MSC ou même la mienne) sont sur la corde raide et ne doivent leur salut actuel qu’à la solidité de leur actionnaire principal. D’autres ne doivent leur survie qu’à l’existence de DSP taillées sur mesure et encore …

Je suis sincèrement convaincu que la solution d’une SCOP dans le cadre d’une compagnie maritime devant assurer la liaison entre l’Angleterre et le continent avec plusieurs navires rouliers de grosse capacité, un impératif de résultat et une concurrence qui ne demande qu’à s’installer, n’est pas la « bonne » solution, du moins sur le moyen ou le long terme.

Jean-Claude MATHON