mardi 25 novembre 2008

Travail dominical : "je pense que cela ne serait vraiment pas raisonnable"

Mardi 25 novembre 2008 :
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Par curiosité intellectuelle, connaissez-vous quel député a écrit la petites phrase assassine du titre extraite de la conclusion d’une lettre ouverte adressée à Nicolas Sarkozy ?
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«Il s’agit bien là des premiers pas vers la généralisation inéluctable du travail dominical. Pour toutes les raisons invoquées précédemment, je pense que cela ne serait vraiment pas raisonnable. »
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Mais quel est donc ce député gauchiste qui dit son fait à Nicolas Sarkozy, lui adresse une lettre ouverte incendiaire pour s’opposer à la proposition de loi sur le travail du dimanche, qui fait meeting contre cette loi et qui soutient ardemment les petits commerces et le repos dominical ?
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Et bien, il s'agit du député de la XVème circonscription des Bouches-du-Rhône, Bernard Reynes, par ailleurs membre de l'UMP, circonscription voisine de celle du député Richard Maillié (UMP), député bien connu pour son projet de loi sur le travail du dimanche.
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Et comment ne pas me sentir proche de cet homme lorsque je lis : « Enfin, des considérations d’ordre social ! Comment ne pas penser aux salariés confrontés à un « libre » choix sur lequel pèsera forcément un « sentiment » de contrainte lié à leur position au sein de leur entreprise ? Quelle sera la véritable capacité d’un employé à refuser de travailler le dimanche, sans que sa décision n’ait d’impact sur sa carrière et son avancement ? La promotion sociale risque donc d’être freinée pour les personnes qui resteraient attachées à ces valeurs bien légitimes de la vie familiale et du lien social. »
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Malgré la proximité de cette verrue qu'est Plan de Campagne, verrue qui ne doit son existence qu'au laxisme et à la surdité des pouvoirs publics et surtout des ministres du travail de tout bord qui se sont succédé depuis quarante ans pour faire de Plan de Campagne une zone de « non-droit » que l’on voudrait, comble de l’audace et du cynisme, présenter comme la panacée à la crise, je suis opposé au travail dominical.
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Je suis opposé au travail dominical car je suis intimement convaincu que c’est être avant tout porteur d’une vision humaine, juste et équilibrée de la vie économique, du lien social et de ce qui nous fait vivre ensemble.
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Les pro-dimanches ne cesse de me lancer à la figure des faux arguments comme s’ils cherchaient à se donner « bonne conscience ».
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1/ « Le pouvoir d’achat » comme si celui-ci était extensible à souhait. Il faut bien être conscient que les sommes dépensées le dimanche ne le seront plus la semaine.
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2/ « Le travail des jeunes et des étudiants » comme s’il était obligatoire et inéluctable que ces jeunes et ces étudiants travaillent le dimanche.
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3/ « Le volontariat » ! Certainement à mes yeux le plus mauvais argument pour favoriser le travail dominical. Je n’ai qu’à reprendre la position de Bernard Reynes qui est identique à celle que je développais dans mon blog il y a dix jours (http://mathon.blogspot.com/2008/11/malgr-le-risque-politique-je-prends.html) « Comment ne pas penser aux salariés confrontés à un « libre » choix sur lequel pèsera forcément un « sentiment » de contrainte lié à leur position au sein de leur entreprise ? »
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4/ « le jour de repos peut se prendre un autre jour de la semaine ». Outre le fait que la vitalité de la vie associative française ne peut être que mise à mal par le développement des activités commerciales le dimanche (Comment, par exemple, réunir une équipe de foot ou de rugby pour un match si tous le monde a la possibilité de travailler tous les jours ?) n’est-il pas en effet du rôle du politique que de dépasser une simple vision économique et afficher un véritable choix de société ?
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Cet argument cache aussi un argument « patronal » que les pro-dimanches se gardent bien de dire. En transformant le dimanche en un jour « comme les autres », en déréglementant donc le travail dominical, c’est la déréglementation des salaires dominicaux qui avance larvée. Déjà, certains patrons invoquent cette déréglementation, partant du principe que la première déréglementation est déjà acquise ! Dans ce contexte, quel sera alors « l’avantage » de travailler le dimanche ?
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Dans un contexte de délitement du lien social, de « démission » de la parentalité, de développement de l’individualisme et de l’isolement, c’est notre référentiel commun global qui est menacé, non sans avoir un coût pour la société (impacts sur l’éducation nationale, sur la sécurité, sur la solidarité….). Généraliser le travail dominical, c’est aggraver cette situation déjà fort préoccupante.
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En conclusion, la question du travail dominical peut se résumer en une seule question : Que souhaitons-nous pour les français ?
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Pour la réponse alternative, « en faire de simples consommateurs ou de véritables citoyens, acteurs à part entière de la vie en société », j’ai ma réponse !
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Quant à Plan de Campagne, il est trop tard et suicidaire de revenir en arrière mais évitons qu’il y ait d’autre Plan de Campagne de partout en France !
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