vendredi 19 août 2011

Il y a cent ans : Revue de presse du 14 au 20 aout 1911

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Vendredi 19 aout 2011 :
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Une petite revue de presse centenaire et cent pour cent subjective des événements qui se sont déroulés l’été 1911 par le biais de la « bible » de la presse nationale de l’époque : « Le Petit Parisien »
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Lundi 14 aout 1911 :

Sapeurs Pompiers : L’exposition consacré aux Sapeurs-Pompiers se déroulant dans l’enceinte du Jardin des Tuileries est un immense succès Des milliers de parisiens se succèdent pour admirer les engins que présentent tous les corps de pompiers venus des quatre coins de France. Les exercices présentés par ces soldats si particuliers sont particulièrement appréciés tout comme les délégations de pompiers venus de plusieurs pays comme l’Angleterre ou le Luxembourg
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Incendie : Un incendie probablement d’origine criminelle détruit un hôtel dans le quartier des Grandes Carrières faisant trois morts. Cet hôtel servait à la Mairie de Paris pour y loger certains indigents qu’elle ne pouvait placer en centre d’hébergement.

Faits divers : A Belleville, un mari qui venait de surprendre sa femme au lit avec son amant est roué de coup par … celle-ci avant d’être jeté sans autre forme de procès à la rue avec interdiction de revenir au domicile conjugal. Le mari, trompé et ridiculisé, alla porter plaine à la police.

Mardi 15 aout 1911 :

Incendie : À la suite de l’incendie de la veille, ce ne sont pas moins de dix familles et cinquante personnes que la Mairie de Paris cherche à reloger. En attendant, c’est dans une caserne désaffectée qu’ils sont hébergés. La polémique fait rage sur les aides que fournit la municipalité parisienne à ce qu’une partie de la presse classifie « d’indigent ».

Paris : La presse, visiblement ébahie, constate que Paris est une ville morte, vide totalement de ses habitants, qui ont tous fui vers la campagne ou la mer pour profiter pleinement du « pont du quinze aout ». « Les parisiens à la mer » titre le Petit Journal, « Paris, ville morte » renchérit le Populaire. Quant au Petit Parisien, lui, carrément, il ne parait pas en ce quinze aout 1911.

Catastrophe maritime : Six jours après le naufrage de l’Emir, un voilier espagnol récupèrent au large du Cap Spartel un naufragé accroché à des débris du paquebot coulé. Il s’agit d’un ouvrier marocain qui a été éjecté du pont du paquebot au moment de l’impact avec le vapeur anglais. En état d »puisement complet, le naufragé est toujours vivant et immédiatement transporté au port le plus proche du lieu de la découverte.

Champenois : Le juge rend un verdict plutôt clément puisque seulement quatre accusés sont condamnés à des peines de prisons allant de deux à quatre ans. Les vingt six autres accusés sont tous acquittés.

Mercredi 16 aout 1911 :

Social : Depuis un mois, des grèves dures touchent l’économie anglaise et paralysent les ports avec une grève des dockers doublée d’une grève des cheminots. A Cardiff, Sheffied, Birmingham, ce sont plusieurs centaines de milliers d’ouvriers qui sont en grève et réclament de meilleures conditions de travail ainsi que de meilleurs salaires. A Liverpool, pour éviter d’être débordé, l’armée qui a été appelé en renfort pour assurer le maintien de l’ordre, tire sur la foule des manifestants, faisant un mort et plusieurs blessés.

Climat : Après plusieurs semaines de canicules, le baromètre tourne enfin et des températures beaucoup plus acceptables sont enregistrées dans la capitale. Ainsi, le thermomètre passe sous la barre des trente degrés et le pic de cette journée n’est que de 28.3 degrés.

Belgique : Deux cents mille belges manifestent à Bruxelles en réclamant le suffrage universel non encore appliqué dans le Royaume de Belgique.

Transports : Deux tramways entrent en collision avenue Daumesnils faisant seize blessés légers. Le Ministre des Transports réclame des mesures plus sévère pour réglementer le transport des passagers par Tramways.

Jeudi 17 aout 1911 :

Accident : « M. Rostand, se rendant en automobile de Cambo à Saint-Jean-de-Luz, avec son chauffeur et son valet de pied, a été victime d'un grave accident.

Dans un tournant, l'automobile capota et fut précipitée du haut d'un talus élevé de quatre à cinq mètres. M. Rostand resta pris sous la voiture d'où ses conducteurs, indemnes, ne purent le tirer qu'après avoir été chercher du secours. Le poète subit ainsi une longue et douloureuse compression, qui fit craindre de graves conséquences. La voiture, qui reposait sur lui, pesait en effet plus de 2.000 kilogrammes, et c'est pendant plus d'un quart d'heure qu'il demeura dans cette pénible situation. Il était temps d'ailleurs qu'on le dégageât, car il était à bout de forces et absolument épuisé.

Après plusieurs heures de soins qui lui furent donnés dans une ferme voisine, il put être ramené à la villa Arnaga, où il repose, alité. Les blessures consistent en fortes contusions à la tête et sur le corps, mais on croit qu'aucune lésion ne s'est produite. Le poète est très calme et il ne semble point au dire des médecins qui l'entourent, que des complications soient à redouter. »

Maroc : la totalité de la presse française s’interroge sur l’état des négociations entre la France et l’Allemagne au sujet du Maroc. Rien ne filtre des réunions se déroulant à Berlin et le Quai d’Orsay ne fait strictement aucun commentaire. Dans ces conditions, les rumeurs vont bon train et les plus folles hypothèses sont avancées. La rumeur sur le fait que la France laisserait à l’Allemagne une grande partie du Congo et de la Centre-Afrique, jusqu’au lac Tchad est de plus en plus d’actualités.

Fait divers : Un couple d’agriculteur de la Drome est retrouvé assassiné à coup de faucilles. Des traces de coups et de torture laissent à penser qu’ils ont été victime d’un ou d’un groupe d’agresseurs qui en voulait « à leu bas de laine ». La ferme étant sens dessus-dessous, le mobile du crime ne fait aucun doute. C’est le troisième meurtre d’agriculteurs découvert dans la région depuis le début de l’année. Il ne fait aucun doute pour la police qu’une nouvelle bande de « chauffeurs » sévit dans cette région.

Apaches : Alors qu’ils procédaient à l’arrestation d’un « apache » passablement éméché qui semait le trouble dans la quatrième arrondissement, , les quatre agents qui opéraient subissent le feu nourrit de plusieurs de ses coreligionnaires qui n’hésitent donc pas à ouvrir le feu pour libérer leur camarade. Sous la violence des tirs, les quatre agents sont obligés de se replier, laissant leur prisonnier s’échapper. Aucun agent n’est touché dans la fusillade mais pas moins d’une quarantaine d’impact de balles sont relevés dans la rue.

Vendredi 18 aout 1911 :

Pont du 15 aout : La presse parisienne tire les conséquences du « pont » du quinze aout qui vit un million et demi de parisiens quitter la capitale. Le Petit Parisien met lui l’accent sur les réseaux de chemins de fer qui ont été plus qu’à la hauteur durant ce week-end prolongé ::
« Les compagnies de chemins de fer ont achevé de dresser la statistique des mouvements de voyageurs dans les différentes gares de Paris, du 12 au soir au 16 au matin, pendant le » pont ». La voici
Gare de Lyon 157.280 départs et 128.350 arrivées.
Gare du Nord 148.812 départs et 140.900 arrivées.
Gare d'Orsay 95.420 départs et 88.060 arrivées.
Gare d'Austerlitz 35.000 départs et 40.755 arrivées.
Gare de l'Est- 85.724 départs et 56.850 arrivées.

Mais tout ceci n'est rien comparativement aux chiffres relevés sur le réseau Ouest-Etat.
Paris-Saini-Lazare, 1910 : 535.717 – 1911 : 569.793, différence en faveur de 1911 34,076,
Paris-Montparnasse, 1910 : 114.177 – 1911 : 174.602 différence, en faveur de 1911 : 60.425,
Paris-Invalides, 1910 : 61.919 – 1911 : 83.066; différence en faveur de 1911 : 21.147,
Total, 1910 : 711.813 – 1911 : 827.461 ; différence en faveur de 1911 : 115.648,

En résumé, 1.349 697 Parisiens profitèrent du « pont » pour fuir la capitale.

Il est à remarquer que cet exode fantastique ne donna lieu à aucun accident, malgré l'encombrement des voies par tes trains supplémentaires. Cette remarque est à l'honneur des différentes compagnies et même à celle de l'administration de l'O.-E. qui, il le faut bien reconnaître, eut à se surmener vraiment, pendant ces trois jours. »

Social : Le Préfet de la Seine publie un rapport sur les nourrices, leur travail, les problèmes et les perspectives de la profession. Ainsi, en 1910, 4443 enfants ont été placés en nourrices sur le territoire de la préfecture de la Seine. 194 d’entre eux ont succombés des suites de maladies, dont 84 durant les trois mois d’été. Un tiers de ses décès touchent des nourrissons âgés de moins de trois mois et plus des deux tiers moins de six mois.

Sécurité : Un inspecteur de la Sureté de Lyon est arrêté pour avoir dérobé puis détruit deux dossiers d’instructions concernant une aventurière de haut vol, Adèle CHABOND plus connue sous le titre de Comtesse Jouffroy d’Abbans et celui d’un anarchiste lyonnais, Etienne DUCROUX. Amant de la première et ami du second, l’inspecteur avait tenté de les sortir u mauvais pas dans lequel ils s’étaient mis.

Samedi 19 aout 1911 :

Maroc : La presse internationale annonce une pause dans les négociations franco-allemande. Aucune avancée n’a eu lieu depuis plusieurs semaines et les négociateurs ont besoin de prendre des ordres de leurs gouvernements.

Social : Les compagnies maritimes et les dockers aboutissent à un accord « a minima » permettant aux navires bloqués depuis plusieurs jours de faire leurs opérations portuaires. Cet accord ne règle pas le problème mais donne trois mois aux trois partis (autorités, compagnies et syndicats) pour obtenir un accord définitif. Cette reprise fragilise du même coup la grève des cheminots qui était couplée à celle des dockers.

Catastrophe maritime : Les survivants de l’Emir sont rapatriés à Marseille par le steamer anglais « Gascon » en provenance de Liverpool via Gibraltar. Les survivants reçoivent un accueil émouvant sur les quais marseillais.

Diplomatie : Départ pour Saint-Pétersbourg d’une délégation d’officiers supérieurs français sous la conduite du Général DUBALI, Chef d’Etat-major. Le but de ce voyage est de permettre aux officiers français d’assister aux manœuvres de l’armée de terre russe, début septembre.

Dimanche 20 aout 1911 :

Social : Isolé, les syndicats de cheminots signent un accord avec les compagnies de chemins de fer opérant sur le territoire du Royaume-Unis.

Faits divers : le cadavre d’une enfant de douze ans est retrouvé dans un terrain vague de Vaugirard. La jeune fille a été violée avant d’être égorgée et abandonnée. Les indices sont maigres et la Sureté ne dispose d’aucune piste hormis le fait que le meurtre a du se dérouler en fin de matinée lorsque la jeune fille est partie acheter du pain pour le compte de sa mère.
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