vendredi 12 août 2011

Il y a cent ans : Revue de presse du 7 au 13 aout 1911

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Vendredi 12 aout 2011 :
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Une petite revue de presse centenaire et cent pour cent subjective des événements qui se sont déroulés l’été 1911 par le biais de la « bible » de la presse nationale de l’époque : « Le Petit Parisien »
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Lundi 7 aout 1911 :

Maroc : Plusieurs violations du « Modus Vivendi » existant entre l’Espagne et la France en territoire marocain sont constatées par les autorités françaises. En quatre jours, trois patrouilles espagnoles sont surprises sur la rive gauche du Loukkos, sur le territoire des Masmoudas, zone sous administration française. La presse française se déchaine contre les espagnols et demandent aux autorités d’intervenir fermement pour empécher toute nouvelle violation du « Modus Vivendi ».

Insécurité : Deux adolescents attaquent un magasin rue Lafayette dans le but de partir avec la recette de la journée. Devant la résistance de l’employé et du propriétaire, l’un des deux adolescents dégaine un revolver et fait feu, blessant gravement le propriétaire. Les deux voyous, profitant de l’affolement, en profitent pour disparaitre.

Cheminot : Après une dernière journée longue en discours, incidents et réunions, le congrès des cheminots se termine par un vote substituant les « syndicat des cheminot » à la « fédération des cheminots » (315 voix contre 231). Cette transformation est la suite logique de l’évolution de chacun des réseaux ferrés français et des problèmes spécifiques rencontrés dans chacun d’entre eux.

Justice : Ouverture devant la cour d’assise du Nord du procès des « champenois », ces viticulteurs qui, en avril 1911, protestèrent violement, à la suite de récoltes dramatiques, contre les grandes maisons champenoises accusées de fraudes massives. Ces manifestations qui débouchèrent sur l’incendie de plusieurs vignobles, amenèrent la troupe en Champagne pour rétablir l’ordre et des arrestations massives de viticulteurs. Les viticulteurs révoltés sont accusés : « d'incendies volontaires, de pillage en réunion, rébellion en bande, vols et complicité, excitation de militaires à la désobéissance et outrages ».
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Mardi 8 aout 1911 :

Justice : Première audience du procès des champenois avec l’étude par la justice des deux catégories d’accusés, les quatre viticulteurs accusés du saccage puis de l’incendie de la Maison Bondelle à Vinay et des autres viticulteurs accusés eux du pillage de six maisons dont la célèbre Perrier. Les avocats de la Défense vont plaider en mettant en avant la misère des viticulteurs champenois.

Marine : Une commission d’enquête est mise en place à Cherbourg pour étudier les causes de l’accident dont à été victime le sous-marin français Rubis samedi dernier alors qu’il naviguait en surface. Les recherches vont portées sur ce qui a déclenché l’enfournage inopiné de grandes quantités d’eau à la fois dans les ballasts et dans le corps du sous-marin.

RATP : Deux accidents de tramways défraient la chronique parisienne :
le premier s’est déroulé rue Sainte Dominique où un tramway, pour une raison inconnue, a déraillé et a terminé sa course dans la devanture d’un serrurier. Bilan ; deux blessés
Le second concerne la collision entre un tramway et le funiculaire de Belleville faisant là aussi deux blessés.

Marseille : « Nous tenons de source certaine que plusieurs cas de choléra se sont déclarés parmi les pensionnaires de notre asile d'aliénés. Toutes les mesures ont été prises immédiatement. L'établissement est consigné depuis trois jours et les visiteurs ne sont plus admis. »

Mercredi 9 aout 1911 :
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Inondés de 1910 : De nouvelles saisies de biens de contribuables n’ayant pas payé leur imposition de l’année précédente. Pour cela, pas moins de deux cents policiers dont 50 gardes à cheval, bouclent dès cinq heures du matin le Boulevard Diderot où les saisies doivent se dérouler. Les saisies se font donc sous protection policière, dans une tension extrême mais même si plusieurs échauffourées ont lieu, la situation reste sous contrôle. Il est à noter que les trois commerçants ont aussi reçu une facture d’un juge de paix au nom de la République, les frais de saisie étant désormais à leurs charges, soit une facture de 75 francs par commerçant.

Justice : Dans un souci d’apaisement, le tribunal de Douai prononce l’acquittement de tous les accusés dans les affaires de destruction des maisons champenoises.

Réforme : Le Ministre de la Guerre, Mr MESSIMY, annonce la fin des affectations spéciales (ou affectations de faveur) qui, au printemps, ont fait l’objet de bien des polémiques. Désormais, tous les appelés du contingent seront soumis au même traitement lors de leur affectation.

Jeudi 10 aout 1911 :

Catastrophe : Alors qu’il franchissait le détroit de Gibraltar, le paquebot français « Emir », appartenant à la Compagnie Touache (future Compagnie de Navigation Mixte) effectuant la ligne Marseille – Oran, heurte en plein brouillard le vapeur anglais Silverston. L’abordage qui s’est déroulé à trois heures du matin, en plein brouillard, provoque la perte du navire français qui sombre en quelques minutes. La bâtiment anglais lui n’a que des dégâts matériels et peut gagner par ses propres moyens le port de Gibraltar.

La catastrophe fait 86 morts sur les 113 personnes (36 membres d’équipages et 77 passagers), se trouvant à bord du navire français. Toutefois, comme le relativise la presse française, la plupart des victimes sont des ouvriers marocains employés dans les grandes exploitations du sud de l’Espagne, qui rentraient chez eux, l’Emir ayant fait escale en Espagne à tetogan avant de se rendre à Tanger.

Sécheresse : Le thermomètre s’affole dans l’hexagone et frôle les 38 degré à l’ombre dans la capitale. Conséquence directe : plusieurs incendies se déclenchent dans la capitale tandis que plusieurs coupures d’eau sont aussi constatées par les parisiens.

Aviation : Nouvel exploit de l’aviateur VEDRINES qui remporte le trophée Michelin ayant parcourut 808 kilomètres, battant de 108 kilomètres LORIDAN qui détenait le trophé depuis moins d’une semaine.

Depuis quelques mois, VEDRINES ne cachait pas qu’il voulait s’attaquer au célèbre trophée, s’tant justement engagé à l’Aéro-club de France pour pouvoir en dévernir le détenteur. Le règlement de cette épreuve qui, auparavant, ne prévoyait pas les escales, les a autorisées cette année, mais a porté à 600 le nombre de kilomètres minimum à effectuer.

VEDRINES le fit en trois périodes, s’envolant à 4 heures 03 du matin pour les trois premiers tours de 101 kilomètres chacun, se posant ensuite pour ravitailler et analyser ses temps, avant de repartir pour trois nouveaux tours lui permettant de ravir le trophée. La vitesse du premier tour est de 95 km / heures et la vitesse moyenne pour l’ensemble des tours fut de 73 km / h

Marseille : Le choléra à Marseille,

« Il résulte d'une note émanant du ministère de l'Intérieur que la situation sanitaire de Marseille n'est pas à l'heure actuelle inquiétante. Quelques cas de choléra se sont produits à l'asile d'aliénés, mais en raison de la situation de cet établissement, il est relativement facile de circonscrire le mal et les mesures les plus énergiques ont été prises à cet effet. En ville, quelques rares cas disséminés ont été également observés dans des conditions qui ont permis d'éviter la contamination.
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Le ministère de l'Intérieur a cru cependant nécessaire de redoubler de vigilance dans la défense et de prendre toutes les mesures indiquées en pareille circonstance pour éviter soit la propagation, soit le transfert des germes éventuels. C'est dans cet esprit qu'il a paru de toute prudence de renoncer temporairement aux déplacements collectifs résultant des trains de plaisir, d'excursion et de pèlerinage.
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Dans le même ordre d'idées, le ministre a cru devoir ajourner le concours de musique qui était organisé pour les 14 et 15 août ainsi que la réunion des secrétaires de mairie, convoqués également pour le 15août. Ces mesures, ne sauraient paraître exagérées si l'on tient compte surtout des chaleurs exceptionnelles qui règnent en ce moment à Marseille. »
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Vendredi 11 aout 1911 :
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Catastrophe : La presse revient longuement sur les circonstances du naufrage du paquebot « Emir » et dévoile les listes des morts et des survivants. Ceux-ci sont au nombre de vingt sept et se trouvaient tous sur le pont (parce que passagers de ponts ou marins affectés sur le pont) au moment de l’abordage. « L’Emir », littéralement coupé en deux, a sombré en moins de trois minutes par 14 mètres de fond, entrainant dans ses entrailles les passagers logés en cabine et les marins, soit eu repos, soit au travail en salle des machines. Il y a soixante deux passagers décédés (50 marocains et 12 européens) ainsi que 24 membres d’équipages. La plupart des officiers, dont le commandant VABRE et son second, le lieutenant COULOMB, sur la passerelle de commandement au moment du drame, sont tous en vie.
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Champenois : Le procès, séparé des autres procès, des émeutiers d’AY, commence aux Assises du Nord. Les émeutes dans ce village ont été les plus dramatique puisque l’armée a été obligé d’intervenir pour rétablir l’ordre. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que ces événements sont appelés « la Saint Barthelemy des Vins » puisque six mille émeutiers s’en prennent aux négociants champenois de cette ville de sept mille habitants. Il est reproché à ces émeutiers le pillage et la destruction par le feu de la Maison Deutz/
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Sécheresse : De nouveau des records de chaleur sur la capitale avec un thermomètre qui frole les quarante degrés. De nouveaux plusieurs incendies éclatent dans la capitale et sa banlieue tandis que la presse s’inquiète de la hausse du nombre des cadavres emmenés aux différentes morgues.
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Samedi 12 aout 1911 :
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Champenois : Nouvelle journée au procès des champenois. Le défilé des témoins est tel que le juge renvoie plaidoiries et réquisitoires au lendemain. Alors que se déroule le procès dans une salle surchauffée, la tension monte dans les rues avec la présence de plusieurs centaines de viticulteurs venus soutenir les inculpés.
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Meurtre : Une jeune infirmière de seize ans est retrouvée morte au pied des fortifications de Vincennes. Elle a été violée avant d’être tuée à coup de couteau. Une rapide enquête permettra de découvrir que le meurtrier est le jeune fiancé de l’infirmière et qu’il l’attira dans un guet-apens dans lequel trois de ses amis abusèrent d’elles.
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Sapeurs-pompiers : Inauguration dans le jardin des Tuileries de l’exposition rétrospectives concernant les sapeurs-pompiers. Cette exposition est portée par le musée de Nancy, seul musée en France à s’intéresser à ce corps si particuliers.
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Avignon : Alors qu’en 2011 le festival d’Avignon est un succès incontesté, en 1911 les prémices de ce festival furent tuées dans l’œuf : « La municipalité d'Avignon avait récemment demandé à l'Etat l'autorisation de laisser organiser, dans l'enceinte du Château des Papes, des représentations théâtrales. Celles-ci devaient avoir lieu durant quatre années consécutives et pendant quatre mois environ chaque année.

M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-arts, dont la sollicitude artistique et l'énergie ont déjà contribué à sauver les aménagements intérieurs du palais et permis de remettre à jour d'anciennes fresques inestimables, n'a pas cru devoir accorder cette autorisation. Outre que l'occupation d'une partie du château ne pourrait aller sans causer encore quelques détériorations, on a craint que le matériel de scène, décors et accessoires remisés dans certains locaux, ne fussent la cause d’un danger d’incendie permanent, en raison de leur inflammabilité.

L'Etat et aussi la ville d'Avignon ont, d'ailleurs, le plus grand intérêt à conserver ce monument, précieux autant par sa valeur architecturale que par sa valeur historique. »
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Dimanche 13 aout 1911 :
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Incendie : Un formidable incendie détruit une partie du village de Méry-sur-Seine dans l’Aube. Le feu éclata d’abord dans la grange d’un boulanger avant de se propager aux bâtiments voisins, un dépôt de bois et des bâtiments d’habitations. La sécheresse rendant les opérations de secours difficiles, le feu prit des proportions inquiétantes quand il se propagea à une chapelle en bois proche puis à plusieurs maisons d’habitations du centre du village. Sous la direction du préfet de l’Aube, accourut dès la première annonce de l’incendie, les secours mirent près de deux jours pour éteindre tous les foyers.

Champenois : Le réquisitoire ne laisse planer aucun doute sur les intentions de la justice ; un réquisitoire énergique ne laissant aucune place à un quelconque acquittement à l’inverse des réquisitoires des autres procès, moins engagés. A la suite de ce réquisitoire sévère, l’audience est renvoyée au lundi, 10 heures.
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