dimanche 29 août 2010

L’info du dimanche : L’Etat mis en cause dans l’affaire du Chlordécone

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Dimanche 29 aout 2010 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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L’info du dimanche a aujourd’hui pour cadre la Martinique et la Guadeloupe. Vous avez du vous rendre compte que je m’intéressais un peu au devenir de ces territoires (en y ajoutant la Réunion), probablement un petit coté affectif qu’un jour il faudra que je développe. Lors du dernier ouragan Dean, je me demandais s’il ne fallait pas profiter des dégâts causés par cet ouragan pour repenser totalement l’agriculture locale, pour abandonner la culture intensive de la banane au profit de la culture maraichère et en profiter aussi pour décontaminer certains sols pollué au chlordécone.
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Deux rapports publiés quasiment simultanément pointent du doigt la grande responsabilté de l’Etat et plus particulièrement du Ministère de l’Agriculture dans cette affaire. Et pour avoir lu ces deux rapports, je peux vous confirmer qu’ils font froid dans le dos.
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Bonne lecture
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Le ministère de l’agriculture mis en cause dans l’affaire du chlordécone
La Croix – 26 aout 2010
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L’Agence nationale de sécurité sanitaire a rendu publiques mercredi 25 août deux études sur l’histoire de l’usage de ce pesticide dans les bananeraies des Antilles
Les autorités publiques ont encore du mal à faire face à ce qui est devenu « le scandale du chlordécone », cette molécule présente dans différents insecticides organochlorés, aujourd’hui interdits, mais qui furent largement utilisés dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe. Dans son édition de mardi, Le Monde a révélé l’existence d’études tentant de comprendre comment une gestion aussi laxiste du dossier a été possible.
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Du coup, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui réunit depuis juillet les deux anciennes agences Afssa (alimentation) et Afsset (environnement), a mis en ligne ces études, celle de Matthieu Fintz, de l’ancienne Afsset, intitulée « L’autorisation du chlordécone en France, 1968-1981 », datée de décembre 2009, et celle du sociologue de l’Institut national de la recherche agronomique Pierre-Benoît Joly, intitulée « La saga du chlordécone aux Antilles françaises, reconstruction chronologique 1968-2008 », de juillet 2010.
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Le « règne du provisoire »
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Les rapports remettent les faits dans le bon ordre. À la fin des années 1960, par deux fois, la commission des toxiques dépendant du ministère de l’agriculture refuse d’autoriser l’insecticide Kepone produit depuis 1958 aux États-Unis, en raison de sa trop forte toxicité. Mais cette même commission créera un régime d’exception pour les Antilles et accordera, en 1972, une autorisation provisoire de vente d’un an pour la molécule chlordécone.
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Ce sera alors le début du « règne du provisoire », comme le souligne Matthieu Fintz, ouvrant la voie à une banalisation de l’usage du produit jusqu’en 1993, alors même que celui-ci a été interdit aux États-Unis dès 1976, après une pollution et un scandale retentissant.
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De 1976 à 1980, 131 articles sur le chlordécone ont été publiés, recense Pierre-Benoît Joly. La France ne peut plus ignorer l’extrême toxicité de la molécule. Pourtant, en 1981, un autre pesticide contenant du chlordécone (le Curlone) est homologué. Une autorisation aujourd’hui encore sans explication, le procès-verbal d’autorisation étant introuvable.
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Collusion des intérêts et inertie des pouvoirs publics
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Le sociologue souligne à ce propos que la direction de l’alimentation du ministère de l’agriculture (dont dépend la commission des toxiques) a été extrêmement rétive à ouvrir ses archives et que les informations transmises sont muettes sur la période 1981-1993. Pierre-Benoît Joly ne peut que relever de « véritables anomalies » : « l’opacité des procédures » et « le monopole de compétences » exercé par le ministère de l’agriculture « juge et partie », chargé de l’évaluation et de la gestion des produits sans partage avec les ministères de l’environnement et de la santé.
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C’est la collusion des intérêts et la grande inertie des pouvoirs publics qui sont mises en lumière dans ce dossier. Car si le problème de la pollution au chlordécone est pris en compte dans les années 1990, il aura fallu que l’affaire resurgisse en 2007 pour que soit enfin lancé un plan chlordécone.
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Marie VERDIER
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