dimanche 17 octobre 2010

L’info du dimanche : La situation dramatique du GPPM

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Dimanche 17 octobre 2010 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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Mer et Marine, le site à la pointe de l’actualité sur tout ce qui touche le maritime, a mis en ligne deux articles parlant des conflits sociaux se déroulant actuellement sur le Grand Port Malade de Marseille.

Je dois vous faire un aveu. Je travaille en liaison étroite avec le Port de Marseille depuis maintenant près de trente ans. Autant je comprenais, ne serait qu’il y a encore quelques années, les motifs qui poussaient le personnels portuaires (dockers, personnels du port, marins) à faire grève, autant depuis trois quatre ans je ne les comprends plus du tout.

Pire, je suis désormais intimement convaincu que les événements qui se passe dans les bassins aussi bien Est que Ouest sont une casse pure et simple de l’outil portuaire dont Marseille (et le Grand Marseille si cher à Renaud Muselier) aura beaucoup de mal à se remettre.

En 1995, lors des grandes grèves liées à la réforme portuaire, dont en parenthèse je regrette que le gouvernement de l’époque n’ai pas eu les c*** de mener complètement à son terme, ma compagnie avait quitté Fos pour l’Espagne, ne laissant en France que les escales des petits feeders. Un manque à gagner important pour toute la filière maritime. Quinze ans plus tard, non seulement rien ne s’est arrangé mais en plus je pense sincèrement que la situation s’est dégradée. Un porte-conteneur ne peut se permettre d’attendre cinq jours au minimum pour avoir une espérance de travail et ne peut se permettre encore moins d’être pris en otage à quai par les grèves paralysantes.

Quant à la légitimité de ces grèves, il faudrait savoir dans un premier temps ce que veulent les grévistes !

Pour la première fois, j’ai appuyé cette semaine le détournement d’un de nos navires de Fos, préférant l’envoyer à Gènes. Et j’ai fortement déconseillé l’usage du port de Fos dans les conditions actuelles. Sachant qu’après son départ en 1995, ma compagnie n’est jamais revenue à Fos avec ses Main-liners, je suis très inquiet désormais pour l’avenir. Et si le collectif n’avait pas eu en sous marin pilote mon « grand ami », l’ancien président de l’UPE13, j’y aurais probablement adhéré vu mon degré d’exaspération.

Triste pour notre région.

Marseille : Le Medef local se paye les grutiers à coup de pub
Mer et Marine – 14 octobre 2010

Hier, le collectif « Touche pas à mon port » a fait sensation en publiant, dans le quotidien économique Les Echos, une pleine page de publicité des plus insolites (voir en intégralité à la fin de cet article). Reprenant le cadre des fameuses annonces pour postuler aux « meilleurs jobs du monde », la publicité propose de devenir grutier sur le port de Marseille, avec des arguments détonants : 8 semaines de congés payés par an, 18 heures de travail hebdomadaire, 4000 euros de rémunération brute par mois, emploi garanti à vie... A l'occasion de son lancement, le collectif, regroupant patronat local, associations et salariés, a affirmé vouloir « défendre l'emploi de 41.000 salariés face aux avantages de quelques grutiers ». Le président de l'Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13), Jean-Luc Chauvin, évoquant les menaces que font peser les mouvements sociaux sur l'économie locale, a appelé le préfet à faire intervenir les forces de l'ordre pour déloger les grévistes, qui bloquent depuis maintenant 16 jours les terminaux pétroliers de Fos et Lavéra. Sur France Info, la présidente du Medef a estimé que cette publicité a pour objectif « d'alerter, notamment les habitants de la région de Marseille, d'un certain nombre de vérités qui étaient méconnues ». Selon Laurence Parisot, la situation est grave, notamment en raison de la décision de compagnies maritimes de délaisser Marseille au profit de ports espagnols ou italiens : « Le port de Marseille est en danger. Aujourd'hui, ceux qui peuvent se réjouir de la situation habitent à Gênes ou à Barcelone »

Climat exécrable

Du côté de la CGT, après le pilonnage surprise du collectif, on a encaissé la bordée et tenté une contre-attaque : « On essaie de nous faire passer pour une poignée de privilégiés, alors que 500 personnes sont concernées par la réforme portuaire. Ce ne sont ni les montants, ni les horaires annoncés », a affirmé à l'AFP Pascal Galeoté, responsable du syndicat au port de Marseille, qui estimé que le Medef « met(tait) de l'huile sur le feu ».

L'initiative du patronat local en dit en tous cas long sur le climat exécrable qui règne actuellement sur la place portuaire phocéenne. Alors que la CGT conteste la création par le port d'une filiale dédiée aux activités pétrolières, dans laquelle l'autorité portuaire restera majoritaire, de nombreux acteurs s'inquiètent des conséquences du mouvement sur la pérennité du port. Armateurs de France, Union Maritime et Portuaire de France et Cluster Maritime Français se sont, notamment, alarmés de la situation. Quant au secrétaire d'Etat aux Transports, il a estimé que « si on voulait tuer le port de Marseille, on ne s'y prendrait pas autrement ». Dominique Bussereau, inflexible, a d'ailleurs réaffirmé que la réforme portuaire « s'applique, et s'appliquera ».


Marseille-Fos : Les négociations au point mort
Mer et Marine – 15 octobre 2010

Hier matin, la dernière réunion entre la direction du Grand Port Maritime de Marseille et une délégation CGT UGICT-CGT s'est soldée de nouveau par un échec. Le conflit qui paralyse les terminaux pétroliers de Fos et Lavéra depuis le 27 septembre se poursuit donc. La CGT conteste toujours la création, imposée par la loi sur la réforme des ports, d'une filiale du port dédiée aux activités pétrolières. « Le syndicat, après avoir consulté ses adhérents en assemblée générale le13 octobre, a fait valoir plusieurs demandes de garanties dont, à nouveau, celle portant sur le maintien de bulletins de salaires à entête GPMM pour les 220 agents qui seront détachés dans la future filiale Fluxel. Cette revendication avait été soumise à la direction générale lors d'une réunion de négociation le 5 octobre dernier. La direction n'avait pas pu la prendre en considération car contraire à l'esprit même de la loi de réforme portuaire qui veut que les agents GPMM transférés soient salariés de la filiale. Les autres garanties revendiquées sont actuellement à l'étude », explique le port de Marseille-Fos. Ce dernier précise que les garanties validées par le Conseil de Surveillance le 1er octobre seront rappelées dans un courrier qui sera adressé à l'ensemble du personnel des terminaux pétroliers. Le port s'est notamment engagé à posséder la majorité des parts de la filiale, soit 60%, le solde du capital étant confié à des partenaires industriels et non financiers. De plus, la sauvegarde de la masse salariale a été actée, même en cas de « scénario catastrophe » comme la fermeture de trois raffineries. De plus, en cas de défaillance de Fluxel, les agents du port ont obtenu de pouvoir bénéficier d'une garantie de retour au sein du GPMM, et ce jusqu'à leur retraite.

Hier, les mouvements sociaux sur le port de Marseille-Fos bloquaient 60 navires et 3 péniches.
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

salut JC tu te doutes bien qu'avec ce genre de sujet je vais forcément réagir, et que...je resterai sur la même ligne.
Je constate avec satisfaction que le deuxième article que tu reproduit et daté du 15 octobre pointe enfin du doigts l'objet de la discorde à savoir le transfert du personnel du PAM affecté à la manutention vers des sociétés de droit privé (même si le PAM restera actionnaire provisoirement?!) à hauteur de 60%. Le Pam ou GPMM tente de rassurer ses salariés sur la pérennité de leurs emplois, en assurant que rien ne changera pour eux. Et dans ce cas on peut légitimement se demander quelle est la finalité d'une réforme qui cause beaucoup de désordre si rien ne doit changer. En tout cas force est de constater que l'état ne nous éclaire pas beaucoup sur les vrais objectifs de cette réforme. Peut être es tu plus au courant que moi et cela ferait un bon sujet d'article pour ton blog.
Par ailleurs comment ne pas comprendre les actuels salariés du PAM alors que précisément il est dans l'air du temps de diffuser l'idée selon laquelle ils sont des hyper privilégiés (voir la pub de L'UPE, 4000 euros mensuels pour 18 heures etc.). Sur ce point tu conviendras que la communication de L 'UPE était plus que maladroite et polémique.
In fine, je comprends l'inquiétude des salariés qui peuvent penser que l'on va s'en prendre à leur statut que l'on présente déjà comme hyper privilégié.
Par ailleurs je ne comprends pas l'état qui est prêt à générer un tel désordre, avec autant de dommage collatéraux, pour seulement mettre au pas quelques dizaines de salariés pour lesquels rien n'est censé changer (?!!).
Tu auras peut être remarqué que l'on a beaucoup moins entendu les responsables de L'UPE en octobre 2005 alors que le port a été complètement bloqué 24/24 pendant 15 jours. Il est vrai qu'à l'époque il s'agissait de ne pas perturber les négociations qui devaient conduire à céder (donner) la sncm au fond de pension butler.
On a donc tranquillement attendu la fin des négociations pour faire intervenir les CRS. Mais pour mon entreprise c'était déjà trop tard!!
Bien cordialement Thierry Tamisier.