dimanche 13 novembre 2011

L’info du dimanche : Dette, production, les victoires morales de Bayrou

.
Dimanche 13 novembre 2011 :
.
La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
.
le bloggeur Voltaire s’est penché sur le parcours de François BAYROU ainsi que sur ses propos visionnaires à l’époque, concernant la dette ou la relance de la production …
.
Bonne lecture !
.
.
Dette, production, les victoires morales de Bayrou
Par Voltaire - Agora-Vox – le 10 novembre 2011
.
En lisant le sous-titre du dernier numéro du Point, « Bayrou l’emmerdeur : l’homme qui avait prédit la catastrophe de la dette », François Bayrou a souri. Un sourire jaune. On a souvent tort d’avoir raison trop tôt a-t-il dû penser… L’histoire se répètera t-elle en 2012 ?
.
Imaginer ce qu’aurait été la situation de la France en 2011 si François Bayrou avait été élu en 2007 relève bien sûr de la politique-fiction. On pourra toujours se demander si l’État aurait été vraiment plus impartial, si la construction Européenne aurait été vraiment relancée, s’il y aurait eu plus de justice sociale… Mais une chose est des plus probable : la France ne serait pas au bord de la faillite financière. A la surprise générale, François Bayrou avait fait du rétablissement des comptes publics le cheval de bataille de sa campagne de 2007. Sujet aride, impopulaire, et même complexe à expliquer pour un homme infiniment plus littéraire qu’économiste. Mais, peut-être mu par le bon sens paysan de ses racines, Bayrou avait anticipé l’abîme vers lequel la France se dirigeait avec ses déficits chroniques et une dette qu’il qualifiait déjà d’abyssale.
.
Dès 2007, il avait réclamé l’interdiction des déficits publics en matière de budget de fonctionnement (la fameuse « règle d’or »). Nul doute que la potion eût été amère pour nombre de Français : mis à part le budget de l’éducation qui aurait été préservé, les impôts des plus favorisés auraient été accrus, les niches fiscales rabotées, les dépenses de santé, d’équipement, de services, de sécurité calculées au plus juste. Il n’y aurait pas eu de loi TEPA, pas de défiscalisation des heures supplémentaires, pas de déduction d’impôt pour les intérêts d’emprunts immobiliers, pas d’exonération d’impôt sur les successions… Sa seule mesure couteuse, les fameux « 2 emplois nouveaux sans charge », très favorable aux PME, aurait nécessitée entre 5 et 8 milliards d’euros, mais aurait permis de faire reculer le chômage (et donc réduit les dépenses liées aux cotisations afférentes), et renforcé la compétitivité des entreprises (et donc accru les rentrées fiscales).
.
Comparé aux projets des candidats PS et UMP, le projet de Bayrou n’était sans doute pas assez sexy : pas assez de cadeaux fiscaux, pas assez de dépenses en faveur des électeurs… Alors que le coût supplémentaire des deux programmes des candidats favoris avaient été estimé à plus de 50 milliards d’euros chacun par des organismes indépendants, celui de Bayrou se limitait à une quinzaine de milliards seulement… pas assez pour être élu… Cette potion amère, l’Allemagne l’avait prise quelques années auparavant. Cela avait entrainé l’éclatement du parti Social Démocrate de Gerhard Schroeder, l’aile gauche opposée aux mesures de redressement imposées par le premier chancelier étant partie pour créer un nouveau mouvement, die Linke. Résultat : en 2011, malgré la crise, l’Allemagne a réalisé un tel excédent de recettes fiscales qu’elle a prévu de diminuer de 6 milliards d’euros les impôts en 2012, et d’accroître en parallèle de 10% son budget pour l’éducation et la recherche. Quant à la France… son déficit a atteint plus de 7% de son PIB en 2010, et demeurera à environ 5,7% en 2011, tandis que sa dette se dirige allègrement vers les 1800 milliards d’euros, environ 85% de son PIB (en 2007, nous en étions à 64%, un niveau déjà record…). Pour freiner la spirale infernale, le chef du gouvernement vient d’annoncer un second train de mesures d’austérité, après celui du mois d’août, et en attendant le suivant...
.
2012, bis repetita ?
.
Par delà les mesures nécessaires de rétablissement de la situation financière à court termes, imposées par la crise actuelle, on peine encore à distinguer aussi bien à l’UMP qu’au PS quelles stratégies de relance, et donc de reprise et d’espoir, ces deux partis comptent mettre en œuvre. Faute de compétitivité, notre économie se retrouve sans moteur de croissance, et donc de sources de recettes fiscales et d’emplois. Pour François Bayrou, le révélateur a été le déficit grandissant de notre commerce extérieur depuis une dizaine d’années, qui atteindra cette année le chiffre ahurissant de 80 milliards d’euros. Si ce déficit n’a pas d’incidence directe sur le déficit budgétaire (ce sont les français qui achètent en valeur bien plus de produits étrangers que nous ne vendons à l’étranger, et non l’État qui dépense à l’étranger), il est néanmoins révélateur de la perte de compétitivité de la France et donc, indirectement, des moindres rentrées fiscales.
.
Depuis plus d’un an, François Bayrou a ainsi axé l’une des trois grandes composantes de son nouveau projet présidentiel sur un sujet inattendu : produire, de nouveau, en France. Production industrielle bien sûr, mais aussi agricole, culturelle etc. Inattendue, cette proposition l’est, tant depuis une dizaine d’années la plupart des discours des économistes et de nombreux responsables politiques considéraient comme inéluctable, du fait de la mondialisation, la délocalisation de la production de base dans les pays émergents, et proposaient comme unique alternative viable le développement d’économies de services et de produits à très haute valeur ajoutée. Mais face à des pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil qui investissent massivement dans l’innovation, et deviennent donc concurrents non seulement grâce à leur main d’œuvre moins chère mais aussi à partir de produits high-tech, cette dernière solution devenait obsolète.
.
Après avoir étudié en détail les raisons du succès de pays comme l’Allemagne ou la Corée du Sud, François Bayrou en a conclu que le problème français n’était pas tant à rechercher du côté du coût de sa main d’œuvre (coût équivalent en Allemagne par exemple) mais qu’il était surtout lié à l’inadéquation de nos productions par rapport à la demande. Des produits de qualité, et donc plus durables et environnementalement soutenables, des solutions adaptées aux différents profils de clients et de consommateurs, peuvent toujours être produit en France, à des coûts européens, et demeurer compétitifs. Mais notre tissu de PME ne semble pas avoir fait l’effort et surtout avoir été soutenu pour effectuer les innovations, investissements et transformations nécessaires, tandis que les grandes entreprises, très délocalisatrices, demeurent fiscalement favorisées.
.
Si quelques voix se sont élevées du côté du gouvernement, comme celle du Secrétaire d’État au Commerce Extérieur Pierre Lellouche, pour évoquer une réindustrialisation du pays, force est de constater que les mesures ne suivent guère. Quant au PS, cette réindustrialisation avait aussi été évoquée par Martine Aubry lors de sa campagne des primaires, mais de façon plus axée sur l’industrie lourde et traditionnelle, qui semble beaucoup plus complexe à relancer en France.
.
Pour François Bayrou, le défi est donc de faire en sorte que la justesse de son analyse ne soit de nouveau suivie d’aucun effet. Faire campagne sur un renouveau de la production française sans partir dans les grands élans démagogiques protectionnistes comme le font les partis extrémistes risque fort de nouveau d’être insuffisamment attirant pour l’électeur. Et pourtant, la France a besoin de retrouver compétitivité et croissance pour sortir de la crise et financer son modèle social. Dans son nouveau livre « État d’urgence », François Bayrou parle du nécessaire espoir qui doit être donné aux Français pour que les sacrifices actuels servent effectivement au redressement du pays. Transformer cet espoir en action, telle est la difficile route du leader centriste, alors que son horizon politique demeure incertain, et sa voie étroite.
.
.

Aucun commentaire: