mardi 8 mars 2011

Affichage publicitaire : Service minimum pour les collectivités, maximum pour les publicistes

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Mardi 8 mars 2011 :
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Aujourd’hui, « petit » papier sur quelque chose qui, à Vitrolles, a tendance à vraiment me porter sur les nerfs. Les lecteurs assidus de mon blog savent que je suis en train de parler de l’affichage publicitaire en général et l’affichage de proximité en particuliers.
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Et je profite de ce le gouvernement vient de lancer une consultation publique sur le projet de décret portant sur la modification de la réglementation de l'affichage publicitaire, dans l'optique de réduire une pollution visuelle devenue omniprésente pour en reparler. Cet affichage méritait en effet enfin une réglementation visant à le limiter davantage tant il est vrai que dans l'excès le sentiment d'agression visuelle devient réel.
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Nous sommes dans un contexte où la zone commerciale de Vitrolles est plus connue que le village, où les politiques d’urbanisation qui se sont succédés jusqu’à l’aube des années deux mille ont favorisé le « tout voiture » et par extension ces immenses parkings et ces temples du commerce qui y sont rattachés, rendant difficile la survie d’un commerce de proximité.
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Bien évidemment, comme ce fut le cas lors du Grenelle de l’environnement, le sujet invite à la concertation et on peut se féliciter que la consultation publique ait été choisie pour débattre du contenu de ce décret.
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La mesure phare annoncée par le gouvernement dans ce décret est celle d’une limitation de l’affichage publicitaire dans les entrées de ville et en particulier l’idée d’une densité maximale admise et l’uniformisation des règles applicables aux collectivités locales.
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On ne peut que se féliciter que tout ceci crée enfin un cadre juridique plus lisible. Mais de toute évidence, il serait plus juste de parler de «nouvelle réglementation» plutôt que de «limitation» de l’affichage publicitaire.
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Jugeant nécessaire d’offrir de nouveaux supports tels les bâches de travaux publics ou les «micro affiches», la volonté réelle du gouvernement est de maintenir un niveau équivalent de surface publicitaire. Globalement et malheureusement, nous n’en serons donc pas à une réduction de la masse de publicités à laquelle nous sommes tous soumis, mais à une diversification des lieux et des types d’affichages. De même, alors qu’il aurait du affirmer le type de zones dans lesquelles ou autour desquelles il eut été justifié de limiter, voire d’interdire tout affichage publicitaire, rien n’est prévu. Ainsi, l’interdiction de tout affichage dans un périmètre raisonnable autour des crèches, écoles, lycées et collèges pour lequel je milite est éludé et rien n’est prévu concernant la question de la protection des enfants.
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Le décret ne prévoit pas non plus, et c’est un oubli majeur, d'encadrer les dérogations à l'interdiction de la publicité dans les parcs naturels régionaux, la périphérie des parcs nationaux, les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager et les aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine. Quid de la publicité sur le bord des routes traversant le futur Parc des Calanques ?
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Sur le plan local, je ne reviendrais pas (ou tout du moins très peu) sur le contrat juteux que Clearchannel a passé avec notre commune, un contrat de douze ans je le rappelle avec l’installation, entre autre, de 158 panneaux publicitaires pudiquement appelés « mobilier urbain » installés sur le domaine public. D’après l’article R. 581-26, ce mobilier peut, « à titre accessoire », supporter de la publicité suivant des critères très restrictifs.
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Outre le fait que je vous laisse par vous-même vous rendre compte du caractère « accessoire » de ces panneaux, la question se pose de savoir si, dans une ville où les publicités commerciales agressives sont monnaies courantes, un surcroit d’affichage même sous couvert municipal, devait être autorisé.
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Je sais, le caractère financier a certainement joué mais les 56309.00 euros de redevance annuelle initiale sont-ils une juste compensation à ce surcroit de pollution visuelle ?
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Enfin, au moment où « redonner une âme à Vitrolles » devient une priorité pour tout le monde, le maintien de ces agressions à la gloire, pour la plupart, de la grande distribution triomphante, est elle la bonne voie pour redonner une âme à notre ville ?
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Dans toutes les villes dignes de ce nom, les commerces de proximité sont soutenus par les municipalités qui mettent en place un « panneautage » pour indiquer le coiffeur le plus proche, la superette locale, le marchand de fleurs voisin … Chez nous, ces panneaux sont à la gloire de Planet Saturn, Bricoman Renault ou Buffalo-Grill !
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Les « petits commerces » de Vitrolles qui étouffent sous la pression sans cesse croissante des « grandes enseignes » n’ont certainement pas besoin de coup de poignard.
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Deux autres aspects indirects auraient du être abordés par le gouvernement et ne le sont malheureusement pas :
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Le premier est celui de l’éclairage nocturne des affichages publicitaires qui participent grandement de la pollution lumineuse diffuse. Rappelons que cette pollution est, au-delà de considérants d’économie d’énergie, un réel problème à la fois pour les amateurs d’observation de la notre voûte céleste, mais surtout un problème pour toute une série d’espèces animales nocturnes.
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Enfin, si toute l’attention nous est portée avec ce décret sur l’aspect visuel, la question des contenus reste posée. Une jurisprudence commence à se construire contre tout ce qu’on appelle le «greenwashing», à savoir le mensonge écologique sur des produits qui cherchent à se doter d’une image «propre». Cette question de la protection et de la bonne information du consommateur reste un sujet en soi qui méritera, lui aussi, une réglementation plus contraignante à l’égard des annonceurs.
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Puisque ce décret sur l’affichage publicitaire est selon le gouvernement soumis au débat public, nous l’incitons à prendre en compte ses remarques pour la protection de notre environnement, de notre cadre de vie, de nos paysages et de nos écosystèmes.
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