mardi 19 avril 2011

"L'action de l'Union européenne ne peut se résumer à la rigueur"

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Mardi 19 avril 2011 :
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Le 10 avril dernier la demande d'aide financière effectuée officiellement par le gouvernement portugais à l'Union européenne nous a rappelé que la crise de l'Eurozone était loin d'être terminée. Et que l'indispensable solidarité entre pays européens devait jouer à nouveau après les crises grecque et irlandaise. Cette solidarité est la garantie de la pérennité de la zone euro. Elle est aussi la raison d'être de notre Union européenne.
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Incapable de refinancer sa dette à des taux d’intérêt raisonnables, le Portugal s’est résolu à demander l’aide de ses partenaires européens, sous peine de se trouver rapidement en cessation de paiements avec les conséquences incalculables que l’on peut imaginer, une nouvelle spéculation contre l’euro sur les marchés financiers et le risque de l’éclatement de la zone euro.
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Force est de constater que la gestion de cette nouvelle crise risque d’être particulièrement compliquée. Les besoins du Portugal sont urgents. Mais, en retour de l’aide européenne, il est légitime d’attendre de Lisbonne un plan de rigueur solide et crédible. Or le pays est actuellement dirigé par un gouvernement intérimaire et il sera difficile d’obtenir, tant des sortants socialistes que de leurs challengers conservateurs, des engagements fermes avant les élections anticipées du 5 juin.
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Apparaît par ailleurs au grand jour le défaut majeur du Fonds européen de stabilité financière (FESF), le fonds de sauvetage précisément créé pour ce type de crise. Il faut l’accord unanime des pays contributeurs du Fonds pour que l’aide se déclenche. Or les membres de l’Eurozone ne débloqueront pas les crédits tant qu’ils n’auront pas de certitudes sur la rigueur budgétaire du futur gouvernement lusitanien.
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Pour le Portugal, cela risque donc d’être le serpent qui se mord la queue. Les membres de la zone euro ne débloqueront pas les fonds tant qu’ils n’auront pas de certitudes sur la rigueur budgétaire du futur gouvernement. Et ce dernier ne dévoilera pas son jeu tant qu’il ne sera pas élu.
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Un système reposant sur un Fonds monétaire européen émettant des euro-obligations, serait évidemment d’une toute autre efficacité. Faut-il attendre que d’autres pays soient à leur tour emportés pour qu’enfin les chefs d’Etat et de gouvernement se décident de franchir cette étape pour la gestion de la dette?
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Un mot de plus pour ajouter que l’action de l’Union européenne ne peut se résumer à la rigueur. Non seulement ce n’est pas populaire socialement, mais c’est surtout économiquement contre-productif. Il faut mettre en place une coordination économique, industrielle, budgétaire. De même, il faut développer des politiques communes en matière d’infrastructures, de politique énergétique, de recherche et de développement. C’est cela qui pourra générer demain la croissance et la création d’emplois
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Marielle DE SARNEZ
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