dimanche 17 avril 2011

L’info du dimanche : Gaz schiste, ressource controversée

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Dimanche 17 avril 2011 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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Vu la situation actuelle, je pense qu’il est temps de faire un petit rappel sur ce que sont les gaz et pétroles de schistes, leur manière d’être extrait, les risques encourus, aussi bien pour les populations que pour l’environnement ..

Étrangement, le Figaro a publié il y a peu un dossier complet sur ce sujet dans lequel on trouvait réponse à ces questions. Paradoxalement, l’article expliquant les enjeux des gaz de schistes est probablement le plus exhaustif et le plus objectif que j’ai pu lire.
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Même s’il y aurait encore beaucoup de chose à dire, je vous le laisse découvrir …
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Bonne lecture !
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Gaz et pétrole de schiste, des ressources controversées
Par Tristan Vey, Damien HYPOLITE
16/04/2011 | Mise à jour : 11:37
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FOCUS - Le gouvernement réfléchit à interdire leur extraction. Une loi pourrait être votée en mai. Mais que sont ces hydrocarbures ? Comment les exploite-t-on ? Quels sont les risques pour l'environnement ? Lefigaro.fr vous apporte des éclaircissements.
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Pétrole et gaz de schiste : qu'est-ce que c'est ?
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Les hydrocarbures pétrole, charbon, gaz résultent de la transformation de matières organiques dans le sous-sol au fur et à mesure de leur enfouissement sous des couches de sédiments. Sous certaines conditions de température et de pression, les algues et le plancton se transforment en pétrole, les végétaux en charbon. Une augmentation de température peut ensuite conduire à la formation de gaz. Généralement, pétrole et gaz s'échappent des roches-mères argileuses très denses dans lesquelles ils se forment pour migrer vers des roches poreuses situées au-dessus. Les hydrocarbures piégés dans ces roches forment ce qu'on appelle des «réservoirs conventionnels» faciles à exploiter.
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Lorsque les hydrocarbures restent prisonniers de la roche-mère ou de roches très peu poreuses, on parle de ressources non-conventionnelles. Leur formule chimique et leur usage est exactement le même que pour les hydrocarbures conventuionnels. Il en existe plusieurs sortes :
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- pétroles - ou huiles - et gaz de schiste : c'est le nom donné aux hydrocarbures qui restés piégés dans une roche-mère imperméable et qui n'ont donc pas réussi migrer vers un réservoir poreux.
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- schiste bitumineux : ils résultent d'une transformation incomplète de la matière organique car elles n'ont pas été enfouies assez profondément. Les seuls gisements exploitables sont ceux qui affleurent à la surface. Il faut récupérer les roches et les cuire pour que le pétrole puisse terminer sa formation : un procédé cher au rendement thermique désastreux.
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- les « tight gas » : ce sont les gaz contenu dans les réservoirs très peu poreux, souvent d'anciennes « poches » qui ont perdu une partie de leur perméabilité sous l'effet des forces de pression. Certaines couches des réservoirs conventionnels sont classées dans cette catégorie.
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- les gaz de houille : ce sont les gaz que l'on retrouve en grande quantité dans les veines de charbon. Ils sont relativement faciles à extraire.
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Comment extrait-on le gaz et le pétrole de schiste ?
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Pour puiser ces hydrocarbures, il faut d'abord atteindre le schiste. Les gisements exploités sont généralement situés entre 1,5 et 2,5 kilomètres de profondeur. On fore verticalement pour atteindre cette couche géologique puis horizontalement sur quelques centaines de mètres pour mettre en place une sorte de tuyau percé. Les ingénieurs envoient alors de l'eau sous pression mélangée à du sable et des adjuvants pour fracturer la roche et la rendre perméable. Cette phase appelée « hydrofracturation » dure entre quelques heures et quelques jours. On pompe alors une partie de l'eau injectée pour permettre au gaz ou au pétrole de remonter par le conduit. Les grains de sables se mettent dans les fissures pour les empêcher de se reboucher.

Quels sont les risques pour l'environnement ?
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Outre les pollutions inhérentes à toute filière industrielle et/ou gazière, l'exploitation des gaz de schiste soulève quelques risques spécifiques liés à la procédure d'hydrofracturation. Un documentaire à charge, Gasland (visionnable en streaming), traite des ravages environnementaux de cette industrie en Amérique du nord. Les entreprises comme Total soutiennent pour leur part qu'une exploitation raisonnée et respectueuse de l'environnement est possible.
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- Des additifs dangereux pour la santé
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L'eau de fracturation contient différents additifs dont des bactéricides qui permettent d'éviter le bouchage par cimentation des fissures. Parmi les nombreuses molécules ajoutées - une centaines d'après les écologistes, quelques cancérigènes reconnus et difficiles, voire impossibles, à retraiter. Des craintes légitimes sur les risques sanitaires associés sont soulevées.
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- Une possible contamination des nappes phréatiques
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Une mauvaise étanchéité des puits peut conduire à la contamination des nappes phréatiques. Au Québec, 11 des 31 puits forés présentaient des fuites, apprenait-on en février. Au Texas, des riverains ont vu l'eau de leur robinet contaminée par du méthane et certains additifs. D'autre part les schiste piègent métaux lourds et éléments radioactifs. La fracturation peut conduire à leur libération et à leur remontée.
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- Une consommation d'eau importante
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Chaque forage nécessite 10.000 à 20.000 mètres cubes d'eau (4 à 8 piscines olympiques). La configuration des gisements nécessite de faire de nombreux forages. L'emprise au sol peut être limitée en faisant partir 15 à 30 forages d'un même point au sol mais cela ne permet pas de limiter l'eau nécessaire à chaque forage.
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- Un risque sismique imprévisible
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Certains géologues pointent le danger que l'hydrofracturation ne puisse venir par endroit « réveiller » des microfailles sismiques. Les exploitants chercheront systématiquement à éviter les zones à risque mais un accident imprévisible est toujours possible.
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Depuis quand s'intéresse-t-on aux gaz de schiste ?
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La société américaine Halliburton a mené les premières campagnes d'hydrofracturation à la fin des années 40 à titre expérimental. Mais ce n'est qu'au début des années 80 que ces techniques ont commencé à présenter un intérêt économique et stratégique : la conjugaison de l'épuisement des ressources conventionnelles, de l'augmentation des prix des hydrocarbures et des progrès technologiques permettaient d'envisager ce mode de production.
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Aux Etats-Unis, ce sont les «tight gas» qui ont d'abord été exploités. Cela revenait pour les entreprises à utiliser les techniques de fracturation dans les parties les moins rentables des concessions et des puits existants. L'État encourageait ces démarches par une politique fiscale avantageuse. Depuis le début des années 2000, la production des «tight gas» s'est stabilisée.
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Les progrès effectués dans l'hydrofracturation ouvraient toutefois grand les portes de la filière du gaz de schiste, plus difficiles à exploiter.
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Y a-t-il de grandes ressources de gaz et de pétrole de schiste en France ?
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Elles sont très difficiles à évaluer tant que des puits d'explorations n'auront pas été forés. A titre d'exemple, Total estimait que la région de Montélimar pourrait receler 950 milliards de mètres cubes, soit 21 fois la consommation annuelle de gaz en France. Un chiffre impossible à confirmer sans investigation directe de l'aveu même de l'entreprise. Le bassin parisien, le nord et l'est pourraient également receler de grandes ressources de gaz et d'huiles. Un rapport américain évalue à 5000 milliards les ressources probables françaises.
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Pour le moment, ce ne sont toutefois que des spéculations. L'exploration des gisements potentiels a été interrompue en mars sur demande du ministère de l'écologie. Les permis délivrés à certaines entreprises ont été suspendus en février. Le code minier ne faisant pas de différence entre ressources conventionnelles ou non, il règne un certain flou sur les permis délivrés ces dernières années. Les spécialistes ont pourtant observé une recrudescence des demandes dans les années 2000, probablement motivées par la possible découverte d'importants gisements non-conventionnels. Le ministère reconnait avoir délivré auy moins trois permis dans le sud de la France et avoir reçu une dizaine de demandes pour des prospections qui concernent des gaz de schistes.
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