vendredi 13 février 2009

Quand un rêve tourne au cauchemar

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Vendredi 13 février 2009 :
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Je reviens aujourd’hui sur une nouvelle que j’ai effleuré lors de mon papier sur Angoulême mais qui ne me laisse pas insensible car cela touche à la fois des gens que j’apprécie énormément et des souvenirs de ma jeunesse.
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Je veux bien évidemment parler de la disparition de « Pif Gadget » le 15 janvier dernier suite au jugement du Tribunal de commerce Bobigny prononçant la liquidation judiciaire. « Pif Gadget » journal ô combien emblématique d’une époque aujourd’hui révolue.

Jamais nous ne connaitrons le « resto-piaf », le dernier gadget qui devait accompagner le numéro 54 de la nouvelle formule. Le titre mythique de la bande dessinée française aurait dû fêter ses 40 ans cette année. Je ne sais que trop bien combien François Corteggiani doit accuser le coup lui qui a toujours cru en ce journal, lui qui fut son dernier rédacteur en chef.
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Pif Gadget avait été lancé en 1969 sous l'égide du Parti communiste français. Il a bâti son succès sur le fameux gadget loufoque que les enfants devaient bricoler eux-mêmes. Le magazine a atteint des tirages à donner le tournis : jusqu'à un million d'exemplaires dans les plus belles années.
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Et puis, il est mort, une première fois en 1992. Les gadgets n'amusaient plus les enfants. Pourtant, en 2004, une bande de nostalgiques menée par François Cortegianni et le dessinateur Herlé a décidé de le ressusciter. Patrick Apel-Muller, actuel directeur de la rédaction de L'Humanité, avait senti de son côté senti que Pif était « tendance »
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Aux chiffres mirobolants du premier numéro (373 000 exemplaires) ont cependant succédé des ventes décevantes (150 000) puis des résultats en chute libre (50 000). Le contexte général de baisse de diffusion de la bande dessinée a joué, tout comme une vraie difficulté d'adapter la publication à un nouveau lectorat. Pif avait été mis en redressement judiciaire en avril 2006, et avait six mois pour se trouver un plan de continuation.
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En octobre, alors que la maison mère, la rédaction comme toutes celles liées à la société l'Agora des médias alternatifs et pluralistes (AMAP), avait déménagé dans le nouvel immeuble loué par L'Humanité, les salariés et les dessinateurs s'inquiètent de leur sort. Malgré l'appel aux lecteurs qui apporte quelque 2 millions d'euros le temps d'un été, la situation reste précaire.
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Mi-décembre 2008 pourtant le roulage du numéro ne se fait pas : l'imprimeur refuse de sortir Pif en raison d'impayés répétés. Les salariés découvrent alors un endettement record de 4,1 millions d'euros.
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Tous accuse : François Corteggiani avance « des erreurs de gestion », les salariés dénonce « qu'on nous fait payer les errements de L'Huma et sa gestion opaque », les dessinateurs vivent la situation « comme un sabotage. »
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Tous, et moi le premier, espère que la disparition de « Pif Gadget » n’est que provisoire et que de nouveau, tel un Phénix, il renaitra de ses cendres.
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Je terminerais par une anecdote : il y a quelques années, avec Jean, le libraire « fou » de Marseille, Herlé et François, nous avions organisé à La Passerelle, une exposition à la mémoire de Jean Cezard, pilier de la grande époque de « Pif Gadget », grand dessinateur, et créateur « des Rigolus et des Tristus ». A notre grande surprise, alors que nous ne comptions faire qu’une exposition souvenir, le public répondit présent et celle-ci eu un énorme succès. Non seulement « Pif Gadget » était au coeur des mémoires mais la nostalgie faisait de lui un objet encore vivant. Lors du repas qui suivit l’inauguration, François eut un « rêve » : celui de relancer Pif.
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Ce rêve s’est actuellement transformé en cauchemar. Tout ce que je souhaite, c’est que les actuels propriétaires du titre, le groupe communiste AMAP, ne fasse pas n’importe quoi désormais.
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