mardi 14 décembre 2010

Un pré projet pour la France

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Mardi 14 décembre 2010 :
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La convention qui vient de se dérouler à Paris avait la particularité de ne pas être une convention politicienne. C’était en fait une convention fixant un projet pour la France dont la première ébauche a été dévoilée par François Bayrou lors de son discours de clôture. Après avoir souligné la nécessité de rétablir les finances publiques (et dénoncé les illusions du projet du PS), et rejeté les discours de discrimination à propos de l’immigration, il a présenté un projet défini autour de trois axes forts : l’économie et l’emploi ; l’éducation ; l’Europe.
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• Produire, de nouveau, en France. Tel est le premier mot d’ordre suggéré. Produire non seulement les biens industriels mais aussi services, biens culturels, innovations. Pour François Bayrou, il s’agit d’une priorité afin de recréer de l’emploi. Et comme l’Allemagne, la France doit s’interroger sur la nature de ses productions, afin de privilégier des produits et services à plus forte valeur ajoutée. Pour ce faire, François Bayrou préconise une refonte du système d’aide aux entreprises en faveur de l’investissement industriel et auprès des PME, et un rôle accru de l’Europe pour faire respecter des normes, notamment environnementales, sur les produits importés.
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• Une éducation d’excellence. Les résultats désastreux de la France indiqués par la dernière étude PISA de l’OCDE doivent sonner l’alarme. Notre pays est en recul depuis 10 ans dans tous les domaines, et particulièrement en ce qui concerne le creusement des inégalités, les élèves venant des couches sociales défavorisées obtenant des résultats dramatiques. François Bayrou fixe la priorité sur les fondamentaux : 100% des élèves doivent savoir lire au niveau CP-CE. S’il faut un plan Marshall, c’est ici, car il s’agit de l’élément clé de l’intégration dans la société, et les outils pédagogiques de succès existent, il faut les diffuser, en concentrant les moyens sur cette phase précoce. A cela, François Bayrou ajoute deux éléments : inciter les élèves à la création, en généralisant le système de « La main à la pâte » non seulement aux sciences, mais aussi à la culture et au sport, et réorienter nos formations universitaires afin de compléter les troncs communs généralistes par des formations professionnalisantes permettant une réelle intégration dans le monde du travail.
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• Restaurer une vision et une solidarité européenne. La solidité d’un ensemble est égale à celui de son maillon le plus faible. Nous avons un devoir de solidarité envers les pays européens les plus menacés, et l’Europe doit de nouveau bâtir une vision commune à long terme plutôt que de favoriser les replis nationalistes égoïstes. La défense de l’euro est indispensable afin de limiter des accroissements de taux d’intérêts qui feraient exploser la dette des États, et la notre, en cas d’abandon. Rien que pour la France, la charge de la dette est de 45 milliards d’euros par an à un taux de 3%. Au taux accordé à l’Irlande, cette charge approcherait les 100 milliards annuels ! La crise économique ayant nécessité d’emprunter pour favoriser la relance, toute idée d’abandon de l’euro est simplement aberrant. Et la Banque Centrale Européenne doit pouvoir prêter aux États afin de diminuer les charges de la dette aux pays les plus exposés, quitte à ce que l’Europe puisse imposer parallèlement des mesures de bonne gestion des finances publiques.
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En avançant ces thématiques prioritaires, alors que ses principaux concurrents en sont restés aux querelles de personnes et d’appareils, François Bayrou a pris un temps d’avance.
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Reste maintenant à le garder !
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