lundi 16 mai 2011

Réflexions sur "l'affaire DSK"

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Lundi 16 mai 2011 :
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Soyons clair, à l’inverse des Etats-Unis, la présomption d’innocence existe en France et tant que Dominique STRAUSS-KAHN ne sera pas reconnu coupable par les tribunaux américains, rien ne pourra préjuger de ce qui s’est réellement passé dans la suite 2806 de cet hôtel Sofitel de New-York.
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Comme on le voit dans les séries américaines de types « New-York, Police judiciaire », service du procureur et équipe de la défense vont s’en donner à cœur joie et nous verrons dans quelques semaines qui disaient vrais.
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Je rappelle aussi que dans le système judiciaire anglo-saxon, c’est à l’accusé de prouver qu’il est innocent et non l’inverse comme en France.
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Ceci-dit, il y a quand même quelque chose qui me gêne dans cette histoire, symptomatique à mon avis de la société française où le « sexe » est plus un fait glorieux qu’une tare comme aux U.S.A. : Quel que soit la culpabilité ou l’innocence de Dominique STRAUSS KAHN, ne perdons surtout pas de vue que nous sommes aussi en présence d’un crime d’une extrême gravité bien trop souvent ignoré ou banalisé dans notre cher pays. Et, dans cette optique, que devient la femme de ménage dans tout cela, femme avant tout ?
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Pour ma part, je me permets de rappeler qu’en France, selon l’article 222-23 du code pénal, le viol est défini comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Il est puni de quinze ans de réclusion criminelle.
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Trente ans après la loi de 1980 renforçant la répression pénale du viol, entre 50000 et 75.000 femmes sont toujours victimes de ce crime chaque année en France.
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De même, l’introduction d’un rapport de l’INSEE publié en 2008 sur les agressions sexuelles s’étant déroulée en France en 2005 et 2006 fait froid dans le dos : « Les violences envers les femmes sont multiples : sans compter les agressions subies dans leur cadre familial actuel, 6 % des femmes ayant entre 18 et 59 ans ont été l’objet d’injures sexistes en 2005 ou 2006, 2,5 % ont été agressées physiquement et 1,5% a déclaré avoir subi un viol ou une tentative de viol. »
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Je me permets aussi de revenir sur un argumentaire souvent avancé pour expliquer l’attitude de « male « après des rapports sexuels non consentis. Quoi que l’on dise, quoi que l’on veuille faire croire pour excuser, le viol n’est pas provoqué par une surdose de testotérone. Ce n’est pas un comportement naturel, mais culturel.
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Le viol repose sur le mythe d’une sexualité masculine « irrépressible » et « incontrôlable ». Une sexualité « conquérante » est fortement légitimée dans notre société pour les hommes, tandis que l’expression du désir féminin est limité et encadré par plusieurs formes de réprobation sociale. Certains croient que le viol serait jugulé par la prostitution. Or les pays qui ont autorisé et réglementé la prostitution (Allemagne, Pays-Bas) n’ont pas vu baisser le nombre de viols.
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Je rappelle aussi que lors d’agression sexuelles à l’extérieur du ménage, toujours difficiles à assumer, les victimes s’en ouvrent un peu plus facilement, quoique toujours peu dans l’absolu : 17,5 % s’adressent à la police (plaintes et mains courantes) et 12 % n’en ont parlé à personne
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Quand les femmes confient l’agression qu’elles ont subie, c’est plus souvent à un proche ou un ami (47 % pour une agression hors ménage, 42 % dans le ménage) ou à un professionnel (19 % dans les deux cas) qu’à la police. Tout se passe comme si elles cherchaient davantage à être comprises et soignées que vengées, ou comme si elles n’avaient pas confiance dans les chances de voir leur agresseur puni.
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Ceci posé, on va désormais attendre que la justice américaine tranche dans les deux versions de cette affaire.
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4 commentaires:

Ch. Romain a dit…

50 à 75 000 viols par an en France ??? Eh, oh, faut pas pousser ! Les statistiques les plus fréquentes font état de 8 000 viols déclarés (et pas forcément tous sur des femmes) et évaluent le nombre total à environ 25 000. Ça fait un toutes les 2 heures et c'est déjà bien assez. Comme on dit chez Maxwell : pas la peine d'en rajouter !

Amitiés,

Ch. Romain a dit…

Pardon : correctif à mon commentaire précédent. Ça en fait une toute les 20 minutes...

Jean-Claude Mathon a dit…

Les sources :

http://www.contreleviol.fr/

http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1180&reg_id=0

Au vue de celà, je maintiens ces chiffres en fourchette haute, la basse étant 50.000.

Jean-Claude MATHON

Ch. Romain a dit…

Jean-Claude, ton premier lien ne cite aucune source statistique, et ton second ne donne aucune évaluation annuelle (uniquement des données 2005/2006).

Voici mes propres sources :

http://www.sosfemmes.com/violences/viol_chiffres.htm

"Il y a en France, selon l'enquête nationale contre les violences faites aux femmes en France, réalisée en 2000, 48 000 viols par an perpétrés sur des femmes majeures. Et seuls environ 5 % d'entre eux feraient l'objet d'une plainte. N'y a-t-il pas de quoi s'interroger ?"
http://www.lemonde.fr/idees/article/2009/11/19/il-y-a-48-000-viols-de-femmes-par-an-en-france-par-suzy-rojtman-et-maya-surduts_1269580_3232.html

Attention : ce chiffre de 48 000 est l'extrapolation nationale des résultats d'une enquête menée sur près de 7000 personnes :
"les viols concernent 0,3 % de l'échantillon, chiffre qui rapporté à la population globale donnerait 48.000 victimes (sur 15,88 millions de femmes de 20-59 ans). Ce chiffre a été jugé "effarant" par la démographe Maryse Jaspard (Institut démographique de l'Université de Paris I)".

Amitiés,