mardi 3 mai 2011

Tiens, et si l’on parlait immigration ?

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Mardi 3 mai 2011 :
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Que n’entend-t’on pas sur les antennes, dans la bouche des politiques, au coin de zinc du café du commerce, sur l’immigration, sur ce flot ininterrompu qui est en train de saper les fondement de notre pauvre France, sur le tsunami des tunisiens qui prennent d’assaut notre pauvre hexagone …
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Au secours, Charles MARTEL reviens !
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Il est vrai que dans le sentiment collectif national, il ne fait aucun doute que les flux migratoires qui touchent notre pays vont de mal en pis. Le Front National a compris ce sentiment et surfe sur cette vague. L’UMP et Nicolas SARKOZY le premier, tente de se raccrocher au wagon de tête et la gauche, dans son ensemble, abonde dans ce sens.
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Pourtant, et c’est là le plus difficile, ce sentiment peut être assimilé au fonctionnement d’une rumeur. Surfant sur l’inconscient collectif, sur les peurs de notre société moderne, sur l’incompréhension de tout ce qui est étranger, les citoyens se convainquent que « l’étranger » est la source de tous les maux.
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En Europe, la France possède le privilège d’être l’un l'un des plus vieux pays d'immigration de ce continent. En effet, au début du siècle dernier, notre pays comptait déjà près de un million d'immigrés, contre cinq millions actuellement. Depuis quelques semaines, le discours officiels distillé par notre République a changé et le ministre de l'Intérieur et de l'Immigration, Claude Guéant, n’hésite pas à plaider une diminution des flux d'immigration légale en totale contradiction avec le discours présidentiel de la dernière campagne électorale prônant « l'immigration choisie », qui visait au contraire à favoriser l'arrivée de travailleurs étrangers dans des secteurs en pénurie de main-d’œuvre.
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Hormis la banalisation du discours du Front National et l’émergence d’une parole « libérée » digne du plus mauvais comptoir de bistrot, ce changement de discours provient il de la constatation d’une augmentation avérée des flux migratoires ou tout simplement de la caisse de résonnance médiatique d’un phantasme populaire ?
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Force est de constater que les chiffres bruts bousculent quelques idées reçues...
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Il y a un siècle, la moyenne annuelle des entrées en France était de l'ordre de 300.000 immigrés (personnes étrangères nées hors de France). En 2010, l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration annonce 203017 entrées officielles se répartissant en 31532 entrées pour motif économique, 84126 au titre du regroupement familial, 65842 étudiants étrangers (dont 10369 chinois), et 8447 réfugiés (sur 52000 demandes d’asile).
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Parallèlement à cela, et pour être complet environ cent mille personnes quittent chaque année l'Hexagone (immigrés rentrant chez eux ou Français partis s'installer à l'étranger).
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Toutefois, par simple curiosité intellectuelle, cette situation est à comparer avec les autres pays de l’Union Européenne. Ainsi, d'après les chiffres officiels de l’ONU croisés avec deux de l’INED (Institut national de la démographie), la proportion d'immigrés (étrangers résidant en France + Français aillant acquis la nationalité) est stable depuis 20 ans : 10,7% en 2010 contre 10,4% en 1990.
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Le chiffre actuel est donc supérieur à celui des Pays-Bas et du Royaume-Uni (10%), ainsi qu'à la moyenne de l'Europe (9,5%), mais plus faible qu'en Autriche (16%), Espagne (14%) et Allemagne (13%).
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Contrairement à la France, la proportion d'immigrés dans la population totale a augmenté de manière significative dans la plupart des autres pays européens. L’Allemagne, pays souvent pris en exemple, cette proportion est passée de 7,5% en 1990 à 13,1% en 2010, l’Espagne de 2,1% en 1990 à 14,1% en 2010 et le Royaume-Uni de 6,5% en 1990 à 10,4% en 2010.
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Ainsi, que l’on raisonne en terme de « flux » ou en terne de « Stock », notre pays compte parmi les pays européens où l'immigration est la plus faible. De surcroit, depuis plus de vingt ans, la structure de l'immigration est restée très stable dans le temps. Nous accueillons majoritairement des populations d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne.
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Dans ce contexte, seule la forte concentration des immigrés peut expliquer ce sentiment de « trop-plein » dans certaines zones géographiques, cumulant souvent plusieurs handicaps. En effet, un immigré sur cinq vit dans les zones urbaines sensibles, zone où le taux de pauvreté est près de trois fois plus élevé que sur l'ensemble du territoire.
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Autre idée phare dont on ne cesse de nous rabâcher les oreilles est le fait que les immigrés sont censés plomber les comptes sociaux. Le trou de la sécurité sociale, tout le monde sait bien que c’est eux.
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Or, force est de constater que la France est l'un des pays développés les plus généreux en termes de protection sociale. Ce constat, personne ne peut le nier et, bien entendu, il sert de phare pour attirer les « talents » étrangers.
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Une étude des plus sérieuses menée par des chercheurs du CEPII, les populations immigrées non communautaires sont plus souvent bénéficiaires de la protection sociale, en dehors de la retraite et de la santé -qui sont de loin les deux premiers postes de dépenses. « Les immigrés issus du Maghreb et ceux issus du reste de l'Afrique sont respectivement 1,6 et 1,7 fois plus nombreux à recevoir des allocations chômage, 3,8 et 3,9 fois plus représentés parmi les bénéficiaires du RMI », notent les auteurs.
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Donc, la conclusion dans laquelle s’engouffre la totalité d’une certaine France « mal pensante », c’est que les immigrés profitent de notre système, le plombent gravement et passent avant les locaux …
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Sauf que les systèmes sociaux ne marchent pas de cette manière. D’une manière générale, si l’on compare la contribution globale au budget des administrations publiques avec le volume des aides versées, les immigrés apparaissent favorisés par rapport aux nationaux. Cette comparaison, personne ne peut la nier mais « Pour autant, même si en moyenne les immigrés semblent payer moins de taxes et recevoir plus de transferts que les natifs, la différence de structure par âge de la population immigrée, regroupée dans les classes d'âge actives, [...] conduit à une contribution nette moyenne des immigrés au budget de l'Etat supérieure à celle des natifs », tempère Lionel Ragot, co-auteur de l'étude.
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Pour arriver à ce paradoxe, l’explication est simple : les immigrés sont très peu représentés dans les classes d’ages supérieures à 60 ans qui sont les premières bénéficiaires de la protection sociale (maladie et retraite essentiellement) et plus grandes « consommatrices » des subsides de l’Etat.
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En somme, les immigrés étant proportionnellement peu représentés parmi les plus de 60 ans, leur poids dans les comptes sociaux reste faible, et ce malgré un taux de chômage élevé. Sur un strict plan budgétaire, la présence d'immigrés est même positive, du fait de l'apport régulier d'individus actifs.
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Paradoxe de l’immigration !
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Alors, s’ils ne plombent pas les comptes sociaux, c’est sûr qu’ils prennent les places des français et font augmenter le chômage.
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Cette argumentation, cela fait longtemps qu’on l’entend et maintenant, même nos dirigeants l’avancent. Et la solution qu’ils avancent est simple : former les chômeurs français, pour les orienter vers les métiers dits « en tension » (Restauration, bâtiment, travaux publics) occupés en grande partie par les immigrés. Sauf que ces emplois sont souvent plus pénibles que la moyenne, moins bien payés et plus précaires. Ils intéressent donc peu les chômeurs français.
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De surcroit, ces métiers sont grands pourvoyeurs de « travail au noir » qui lui, favorise grandement l’immigration illégale. Légaliser ces emplois et donc augmenter les charges patronales par le seul fait de déclarer de nouveaux employés intéressent peu les patrons.
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Enfin, d’un point de vue strictement comptable, on peut affirmer sans trop de crainte de se tromper que, lors de crises économiques graves, les immigrés jouent un rôle d’amortisseur dans le marché du travail en faisant parti des premières vagues de « charrette » permettant aux autochtones de se maintenir dans une situation moins précaire et de retarder, voire éviter, l’échéance tragique du chômage.
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Enfin, puis-je rappeler que l’immigration officielle pour motif économique ne concernait l’année dernière que 31532 personnes …
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A comparer aux chiffres de l’immigration clandestine … difficile à chiffrer par l’essence même de cette immigration mais estimée dans une fourchette de deux cent mille à quatre cent mille personnes.
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Au fait, le « tsunami » des tunisiens à Lampedusa, c’est dix mille personnes !
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Je vous laisse méditer tout cela et en tirer vos propres conclusions
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