lundi 18 juillet 2011

1935 : L’affaire MALMEJAC – Partie 2 : Premières recherches

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Lundi 18 juillet 2011 :
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Tous les lundis, durant cet été 2011, je vais explorer les méandres d’une affaire qui a bouleversé une longue semaine la ville de Marseille, et au-delà, la France entière : « l’affaire MALMEJAC » ou l’enlèvement d’un enfant en plein jour et au cœur même de la cité phocéenne.
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Ordre des publications :

Lundi 4 juillet 2011 : Présentation
Lundi 11 juillet 2011 : L’Enlèvement
Lundi 18 juillet 2011 : Premières recherches
Lundi 25 juillet 2011 : La piste d’Endoumes
Lundi 1er aout 2011 : La piste de Saint-Just
Lundi 8 aout 2011 : Les médias s’en mêlent
Lundi 15 aout 2011 : Le Boulevard des Fauvettes
Lundi 22 aout 2011 : Devant la justice
Lundi 29 aout 2011 : Conclusion
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I / L'alerte est donnée :

La première chose que fait la mère éplorée est de prévenir son mari de la disparition du petit Claude. Le professeur Malmejac est agrégé de Physiologie à la Faculté de Médecine de Marseille.

Il est en pleine forme et il est en train de donner son cours lorsqu'il est prévenu par téléphone du drame. Abandonnant ses étudiants, il revient de toute urgence à son domicile où il trouve sa femme effondrée et sa bonne d’enfants affolée.

Après avoir écouté le récit de cette dernière, il prend les choses en mains. Accompagné de Georgette Perrachon, il se rend au commissariat du 17ème arrondissement où leurs dépositions sont recueillies par le Commissaire Giorgi.

Pour le commissaire Giorgi, il ne fait aucun doute que l'affaire est très sérieuse. Les deux témoins sont immédiatement, emmenés à l'Évêché, le commissariat principal de la ville, où ils sont accueillis puis de nouveau entendus par le chef de la Sûreté de Marseille, le Commissaire Couplet.

II / Premières recherches :

Le chef de la Sûreté appréhende tout de suite l'ampleur de l'affaire. Il se trouve aux prises avec un enlèvement d'enfant probablement pour des motifs criminels.

La première chose à faire est de lancer un bulletin d’alerte pour quadriller le plus rapidement possible la région et empêcher ainsi la ravisseuse de prendre la fuite. Elle sera alors obligée de se cacher dans un périmètre restreint par rapport au lieu de l’enlèvement, en l’occurrence la métropole marseillaise. Il commence donc par aviser tous les services de police existant en France, diffusant un premier laconique câble annonçant la dramatique nouvelle : « Un bambin de dix huit mois a été enlevé à Marseille. Une vieille femme de soixante à soixante dix ans est l'auteur de ce rapt »

Ainsi, unités de police, brigades mobiles, gendarmeries de tout l’hexagone se retrouvent mis en état d’alerte.

Une fois cette mise en alerte effectuée, il faut donner le renseignement le plus précis possible de l’enfant enlevé. C’est le but de ce deuxième câble diffusé une vingtaine de minutes plus tard donnant le signalement le plus complet du petit Claude : « Enfant âgé de 18 mois, plutôt grassouillet avec un furoncle à la jambe gauche en pleine évolution, cheveux blond, non frisés, yeux bleus. Vêtu d’une combinaison en laine bleue avec une veste assortie, coiffé d’un bonnet blanc agrémenté de fourrure en angora, chaussé de souliers blancs avec des guêtres blanches. Il porte une médaille de piété et une chaine avec une plaque d’identité. Le landau est une voiture de couleur grise aux formes modernes dites aérodynamiques avec des filets blancs. »

Enfin, un troisième câble parle de la ravisseuse. Il s’agit cette fois-ci de son signalement avec, comme on peut le constater, un maximum de détails. :

Signalement de la ravisseuse

Age : Soixante / Soixante dix ans
Taille : petite
Cheveux : Blanc
Corpulence proportionnée à la taille
Vêtue d'un long manteau noir et coiffée d'une toque de même couleur
Porte des lunettes à verre ordinaire
Boite légèrement de la jambe gauche et s'aide d'une canne d'infirme

Toutefois, ce signalement demeure très vague et peut correspondre à toute femme âgée d’une soixantaine d’années portant des lunettes et ayant des difficultés à marcher.

Les forces de police prévenues, l’enquête au sens propre du terme peut enfin commencer. Pour les enquêteurs, la première chose à faire est de retrouver le taxi. En effet, ce taxi est la seule piste existante et le retrouver permettra de se faire une première idée de cette affaire. A ce stade, trois hypothèses peuvent être avancées concernant ce taxi :

• Le chauffeur de taxi est innocent. Il a convoyé en toute innocence l'inconnue, il est probable que la police devra orienter ses recherches sur la piste des malades mentaux.
• Le chauffeur de taxi est au contraire complice de la ravisseuse. La police se retrouve en présence d'un gang et la piste de la pègre doit être développée.
• Le taxi n’existe pas. Le témoignage de la nurse est alors caduc et elle devient le suspect numéro un dans cette histoire

Dans les deux premiers cas, retrouver le chauffeur de taxi permettra d’orienter l’enquête et surtout de savoir où la ravisseuse s’est rendue, une fois son forfait accompli. Les policiers partent donc à la chasse au taxi vert, deux inspecteurs étant plus particulièrement chargés de l'inspection des dépôts de taxi.

III / Premières auditions :

Parallèlement à ces premières recherches, le professeur Malmejac et la jeune Georgette Perrachon sont de nouveau longuement entendus par les inspecteurs de la Sûreté dans les locaux de l'Évêché.

Georgette Perrachon, une jeune fille alerte de seize ans, est depuis le mois de mai en charge du petit Claude. Au fil des semaines, elle a appris à aimer cet enfant. Le récit qu'elle fait aux policiers est identique au récit qu'elle a fait au Commissaire Giorgi. Elle précise de surcroît que :

"Je ne pouvais pas me méfier de cette femme mise avec élégance. Son age m'a inspiré confiance. D'ailleurs, ses déclarations étaient plus que vraisemblables d'autant plus que je l'avais remarquée la veille lorsque, étant venu visiter un appartement libre dans l'immeuble de mes patrons, elle m'avait dévisagée avec insistance."

Cette deuxième audition permet aussi aux inspecteurs d’affiner leurs recherches. Ils s’intéressent plus particulièrement aux détails, principalement à ceux concernant le signalement de la ravisseuse. Mais ils n’omettent pas non plus les autres détails, ceux qui peuvent avoir une importance primordiale pour l'enquête.

Ainsi, parmi les précisions qu’elle donne aux hommes de l’inspecteur-chef Martini, on trouve une description détaillée du taxi dans lequel elle est montée : c'était un véhicule de couleur verte, une conduite intérieure, au siège recouvert de velours à côte de couleurs beige. Le chauffeur possédait une casquette marron, c'est le seul détail dont elle se souvient concernant cet homme..

Autre détail dont se souvient la nurse et qui se révèle avoir une importance primordiale: Le compteur du taxi indiquait quatre francs cinquante lors de l'arrivée au boulevard Perrier. Or, c'est le prix de la course Parc Chanot/Boulevard Perrier. L'inconnue a donc hélé le taxi à proximité du Parc Chanot.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que plusieurs objets sont aussi restés dans le taxi :
• Le landau de l'enfant, aux formes aérodynamiques peinte en bleu gris.
• Un sac de toile avec les jouets du petit Claude.
• Le sac à main de la jeune femme contenant vingt francs.

Les déclarations de la nurse conduisent les enquêteurs à interroger la concierge du 185 avenue du Prado, Madame Lombardi. Ses déclarations confirment les affirmations de la jeune fille. La vieille femme est bel et bien passée la veille dans l'immeuble. Elle était à la recherche d'un appartement à louer. En effet, elle a bien croisé la nurse qui ramenait le bébé de promenade.

Mme Lombardi explique longuement aux inspecteurs qu’une femme en noir, correspondant au signalement de l'auteur du rapt, s'est présentée à elle le 27 après-midi. Elle l’a abordé en lui déclarant : "Je viens de la part de M. Tassy, gérant de l'immeuble, pour louer un appartement." Cela ne choqua pas la concierge car l'immeuble, de construction récente, possède plusieurs appartements encore vacants. De plus, le gérant, M. Tassy, l’a prié de faire visiter les appartements aux locataires potentiels. Elle lui demanda alors si elle désirait l'appartement au premier ou au deuxième étage. La vieille femme se contenta de répondre, avec un grand sourire : "Je veux un appartement à huit mille francs !" La concierge lui fit alors visiter le local disponible du deuxième étage.

L'appartement eut l'air de convenir à l'inconnue. En descendant l'escalier, elles croisèrent Georgette Perrachon qui s'apprêtait à monter dans l'ascenseur en compagnie du petit Claude. La concierge lui souhaita le bonjour mais elle s'aperçut que la femme en noir regardait attentivement la nurse. "Je me rappelle qu'elle dévisagea longuement le bébé mais rien de surprenant à cela car l'enfant est si joli qu'il attire tous les regards !"

La visiteuse prit ensuite congé en lui disant : "L'appartement me plait. Je serais votre locataire. Une seule chose me déplait, la couleur des carreaux de la cuisine. Je passerai voir M. Tassy pour fixer le prix définitif."

Contacté à son tour, le gérant de l'immeuble, M. Tassy, ne confirmera rien du tout. L’inconnue ne s’était jamais présentée à son bureau pour louer un quelconque appartement. Les appartements vides situés au 185 avenue du Prado sont toujours disponibles.

Après ces deux auditions, il ne fait aucun doute aux inspecteurs que la ravisseuse avait obtenu les renseignements dont elle avait besoin pour abuser la concierge, en regardant simplement la pancarte apposée sur la grille en fer forgé bouclant l'accès de l'immeuble et indiquant : « Appartement à louer - Voir Mr Tassy, 51 rue Paradis »

Tandis que les policiers font les premières investigations, la station radiophonique "Marseille-Provence" diffuse à son tour la nouvelle, propageant une onde de choc au sein de la population marseillaise.

Jamais un tel événement ne s'est déroulé en France et encore moins à Marseille. Pour tous les Marseillais, ce ne peut-être que des étrangers à la ville qui ont commis un tel forfait. C'est un procédé digne des Américains !

IV / Une affaire similaire :

Les enquêteurs font immédiatement le rapprochement avec une affaire s'étant déroulé à Marseille une semaine auparavant et dont les modalités et le déroulement rappelle étrangement celle de l'Affaire Malmejac.

Dans ce cas précis, c'est encore une bonne d’enfant qui était visée, employée elle-aussi par un docteur, le docteur Cizali, un médecin marseillais très connu et très estimé, demeurant au boulevard Dugommier. Seule différence avec l'affaire qui nous préoccupe, la jeune fille gardait deux enfants au lieu d'un, un garçon de quatre ans et un autre de huit mois.

La tentative se déroula le samedi 23 novembre 1935. Comme d’habitude, la gouvernante conduisit les deux enfants dont elle avait la charge en promenade au Palais Longchamps. Elle s’était installée à proximité de l’entrée principale, en compagnie d’un petit groupe d'autres nurses. Elle eut la surprise de voir soudain un chauffeur de taxi se diriger vers elle et lui demander de le suivre jusqu’à son véhicule. Il lui expliqua qu’une femme l'attendait, désireuse de lui parler.

Après un court instant d'hésitation, la jeune nurse obéit et suit le chauffeur jusqu'au taxi. Elle y trouve en effet une femme d'une soixantaine d'années, correctement vêtue tout en noir, portant des lunettes, s'appuyant sur une canne avec un bout en caoutchouc. Celle-ci lui expliqua que son patron, le docteur Cizali, venait d'être victime d'un grave accident et qu'il réclamait ses enfants. La vieille femme fut suffisamment convaincante pour décider la nurse à monter dans le taxi avec les deux enfants.

Mais un incident se déroula à ce moment là, incident qui sauva la nurse. Le taxi était trop petit pour pouvoir mettre le landau à l'intérieur. Deux taxis sont alors utilisés et le projet d'enlèvement avorta à cause de ce simple détail.

La jeune gouvernante prévint immédiatement son employeur qui alla trouver la police. Bien entendu, ce fut la Sûreté de Mr Couplet qui fut chargé de l’enquête.

Les policiers vont alors tenter de retrouver l’inconnue mais, malgré la surveillance étroite qui fut exercée autour du domicile du docteur Cizali et des jardins du Palais Longchamp, l’inconnue ne réapparut plus.

Il ne fait aucun doute désormais que c’est la même inconnue qui opéra dans l’affaire Cizali et dans l’affaire Malmejac. Les points de ressemblance sont beaucoup trop nombreux pour être un simple hasard. De plus, le signalement des deux inconnues correspond en tout point. L’enlèvement du Palais Longchamps ayant échoué, la ravisseuse a tenté et réussi son coup au Parc Chanot.

V / Le chauffeur de taxi :

Comme nous l'avons précédemment vu, retrouver le chauffeur de taxi est la priorité principale des recherches. Deux compagnies de taxi opérant à Marseille possèdent des véhicules de couleur verte : Les T.U.P.P. et la société Mattei. L'inspecteur Balligrand se rend au dépôt des taxis T.U.P.P. tandis que l'inspecteur Giordano hérite du dépôt Mattei.

Durant plusieurs heures, inlassablement, les deux inspecteurs vont poser la même question à tous les chauffeurs se présentant aux dépôts après une dure journée de labeur : "Avez-vous chargé vers seize heure au Parc Chanot une vieille femme en noir avec une nurse accompagnée d'un bébé de dix huit mois ?"

Malheureusement, c'est toujours par la négative que répondent les hommes interrogés, au grand désespoir des deux inspecteurs. Mais, vers vingt deux heures, l'inspecteur Giordano entend enfin la réponse qu'il attendait : "Oui !".

Le chauffeur de taxi, qui est immédiatement amené à l'Évêché, est un brave homme du nom d’Albert Tomassone, habitant sur le Vieux-Port, au 1 rue Euthymènes.

Devant les inspecteurs de la Sûreté qui l'écoutent avec une attention soutenue, il explique comment il a été amené à charger l'inconnue à proximité du Parc Chanot.

Le 28 après-midi, il était en maraude et revenait de la Plage par l'avenue du Prado en direction du Parc Chanot lorsqu'il fut hélé vers seize heures à proximité du Rond-point du Prado par une inconnue. Celle-ci était âgée d'une soixantaine d'année, s'aidant d'une canne, habillée avec élégance de noir, portant aussi un manteau de fourrure. Elle prie place dans la voiture et lui demanda de se rendre devant l'entrée principale du Parc Chanot.

Arrivé devant les grilles d'entrée du Parc Chanot, elle descendit du véhicule en le priant de l'attendre quelques instants. Elle revint quelques minutes plus tard en compagnie d'une jeune bonne poussant une voiture d'enfant, qui portait au bras un bébé vêtu de bleu.

Il aida la jeune fille à charger le landau sur le plancher du taxi puis les deux femmes et l'enfant s'installèrent à l'arrière. Sur la demande qui lui en fut faite, Il se dirigea vers le 255 rue Paradis tandis que les deux femmes devisaient tranquillement à l'arrière. Arrivée à cette adresse, la jeune fille descendit et pénétra sans hésiter dans l'immeuble.

A peine la nurse eut t'elle disparue dans l'immeuble que la vielle femme pria le chauffeur de taxi de démarrer et de l'amener au 5 cours Pierre Puget.

Arrivé à cette adresse, il aida la vieille femme à descendre du taxi avec le gamin avant de décharger le landau. Le gamin se mit alors à pleurer ce qui intrigua Albert Tomassone mais il n'osa rien dire. L'inconnue, ayant placé l’enfant dans le landau, régla tranquillement le montant de la course au chauffeur de taxi. Puis elle pénétra dans cet immeuble poussant le landau contenant le bébé.

Ce témoignage est plus que convaincant pour la police, d'autant plus qu'il recoupe parfaitement celui de la nurse. Il ne fait aucun doute que sa bonne foi a été abusée par une habile comédienne. A peine pourrait-on lui reprocher son manque de discernement.

Conséquence directe de ce témoignage capital : L’hypothèse d’une malade mentale en mal d’enfant devient l’hypothèse principale. C’est autour de cette hypothèse que les enquêteurs vont désormais travailler et axer leurs recherches.

VI / Le 5 cours Pierre Puget :

La déposition d’Albert Tomassone est à peine terminée que déjà la police procède à une descente en force au 5 cours Pierre Puget.

Ils trouvent à cette adresse un immeuble à majorité de bureau, hébergeant de nombreux cabinets d'avocats et de notaires. Bien entendu, cette présence engendre de très nombreux va et vient comme l'explique la concierge. Elle habite au quatrième étage et n'a rien remarqué de suspect durant la journée du 28 novembre.

L'immeuble est alors fouillé de fond en comble par la police, pièce par pièce, mais strictement sans aucun résultat. Cela n'étonne pas outre mesure les hommes de la Sûreté. Avant même d'arriver dans l'immeuble, il ne leur faisait aucun doute que la ravisseuse s'était contentée d'attendre dans le couloir, le départ du taxi. Elle avait ensuite quitté l'immeuble pour une nouvelle destination, inconnue celle-là.

De surcroît, cette descente avait un autre inconvénient. Les inspecteurs se présentèrent dans l'immeuble aux alentours de vingt trois heures. A cette heure tardive, les bureaux étaient bien entendu vides. Les rares personnes encore présentes dans les différents locaux étaient ignorantes des faits s'étant déroulés dans la journée.

VII / Les premières hypothéses :

Au soir de cette journée tragique, les hypothèses élaborées par les hommes de la Sûreté sur les raisons de cet enlèvement sont nombreuses. Toutefois, aucune d'entre elles n'est privilégiée par les policiers en charge de l'enquête.

• Vengeance ? : Les Malmejac repoussent avec véhémence cette hypothèse, ne se connaissant pas d'ennemi et étant installés depuis peu à Marseille.
• Chantage ? : Le plus vraisemblable. Mais cela implique des complicités et pourrait donc être l'œuvre d'un gang. Toutefois, cette méthode et cette cible ne correspondent pas au modus-operandi des gangs locaux. De plus, aucune revendication n'est parvenue à la Police ou chez les Malmejac pour étayer cette hypothèse.
• Œuvre d'une malade ? : C'est l'hypothèse que redoute le plus la police car il sera à ce moment là très difficile de retrouver la ravisseuse.

En terme clair, ce 28 novembre 1935, les policiers, menés d’une main de fer par le chef de la Sûreté, Mr Couplet, sont dans le noir le plus complet.
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A suivre la semaine prochaine
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