dimanche 29 avril 2007

« Débat républicain »

Samedi 28 avril 2007 :
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Sans aucun doute, on peut affirmer désormais qu’il y aura un avant et un après. On peut dire qu'il s'est passé hier « quelque chose » dans la vie politique française.

Dire que certains que je ne nommerai pas, ont qualifié ce débat de « contraire à l’esprit de nos institutions » et de « summum de ce que la IVe république avait de plus caricatural ». Je crois que ces gens là ont dû se tromper de film et sont, au contraire, les dignes représentants d’une caste politique qui n’a rien compris à ce que doit être la vie politique au sein d’une véritable démocratie.

J’ai suivi avec intérêt ce débat et j’ai assisté à quelque chose que toute personne douée d’un minimum de raison voudrait voir plus souvent : un débat démocratique franc et ouvert dans lequel les débatteurs étaient à l’écoute de l’autre dans une ambiance détendue et constructive.



Bayrou prend acte des désaccords entre lui et Royal


A des milliers de kilomètres d’un autre débat que je viens de suivre il y a quelques minutes entre François Hollande et Jean-Pierre Raffarin où l’on empêche l’autre de parler, où l’on cherche la petite bête, où l’on sort tout, n’importe quoi et son contraire. Un débat stérile qui n’en porte que le nom …

Ségolène Royal et François Bayrou ont démontré de façon éclatante que l’on peut débattre sans s’agresser, avancer un argument sans qu’il soit obligatoirement réfuté par l’autre camp, reconnaître que l’autre à peut être raison sans pour autant dissimuler les points de divergences, parler enfin avec intelligence des préoccupations des Français et de l'avenir du pays.

François Hollande et Jean-Pierre Raffarin ont eu démontré tout le contraire ramenant leur débat à une guerre civile et un vain exercice.

A la sortie de ce débat, celui qui paraît le plus « vieux jeu », le plus « mauvais perdant », « l’empêcheur de débattre librement », c’est paradoxalement le candidat de l’UMP qui, de surcroit, tente un brusque virage à 180° déclarant sans vergogne ce dimanche matin qu’il « n’en veut point à François Bayrou qu’il estime grandement » précisant « J'ouvrirai (mon gouvernement) pour faire la meilleure équipe de France. Toutes les qualités, toutes les compétences ne sont pas dans la seule UMP », puis le soir même il a ajouté qu'il ouvrirait une discussion sur l'introduction d'une dose de proportionnelle dans les modes des scrutins des élections parlementaires, ce qui favoriserait la représentation des petits partis.

Pour revenir au débat qui nous intéresse en voici des extraits portant sur les grands points. A vous de vous faire votre opinion.

Orientation économique

Bayrou : « Vous en revenez trop souvent à l'idée que l'Etat peut faire les choses à la place de la société. C'est fini ! L'addition des promesses électorales de Ségolène Royal, 62 milliards d'euros, entraîne un déséquilibre considérable. Ce n'est pas en distribuant de l'argent que l'on n'a pas qu'on va faire gagner notre pays. »
Royal : « Mon pacte présidentiel ne coûte pas 60 milliards mais 35 et ce sont des dépenses actives : ce sont ces investissements-là qui créeront la croissance de demain. »

Smic européen

Royal : « L'idée qu'il existe un smic au niveau de l'Europe fait son chemin. C'est un objectif indispensable. »
Bayrou : « Si vous mettez le smic au niveau de la France, vous tuez l'ensemble des pays de l'Est européen. Si vous mettez le smic au niveau de ces pays de l'Est, la France se trouve complètement déséquilibrée. »

Banque centrale européenne

Royal : « Je souhaite la réforme du statut de la Banque centrale européenne, parce que je veux que l'Europe s'occupe aussi de croissance et d'emploi. Le prix des Airbus a augmenté de 30 % du fait de l'augmentation de l'euro par rapport au dollar. »
Bayrou : « Avec la même monnaie, l'Allemagne est en train d'exploser tous les records en matière d'exportation. »

Carte scolaire


Royal : « Je souhaite que les familles aient un libre choix, entre deux établissements par exemple. »
Bayrou : « La carte scolaire, c'est une obligation pour l'Etat. »

Retraite

Bayrou : « Personne ne reviendra sur la loi Fillon. »
Royal : « La loi Fillon sera revue. »

Vie politique

Bayrou : « Il faudra bien former des unions plus larges. Si le PS n'avait pas eu tous les pouvoirs, les 35 heures se seraient organisées autrement. Si l'UMP n'avait pas eu tous les pouvoirs, il n'y aurait pas eu le CPE. »
Royal : « Il n'est plus possible qu'un seul parti contrôle l'ensemble des institutions du pays. L'affrontement bloc contre bloc, 50 contre 50, ça ne marche plus et c'est la France qui perd. Nous pouvons faire un bout de chemin ensemble. »

Ralliements

Royal : « Je n'attends pas de ralliement, car ce n'est pas ce qu'attendent les électeurs.»
Bayrou : « De ce débat, il ne sortira pas de ralliement. Ce n'est pas ça le sujet. »

Médias

Bayrou : « Je suis absolument opposé au verrouillage médiatique. Ce n'est pas un secret que ce débat a été difficile à organiser. »
Royal : « Si l'ensemble de la presse est concentré, c'est qu'elle est liée à de grands groupes industriels. Il y a une incompatibilité, une collusion d'intérêts. »

Police

Royal : « Je veux une police de quartier en osmose avec la population.»
Bayrou : « Je suis pour qu'on reconstruise une police de proximité ou de quartier, une police fidélisée. »

Abrogation des 35 heures

Bayrou : « La généralisation des 35 heures serait une très mauvaise idée, mais je suis contre leur abrogation. Je souhaite la souplesse.»
Royal : « Les 35 heures sont un progrès humain considérable. Ce qui est important ce n'est pas le dogme du chiffre des 35 heures, c'est comment on travaille, comment on se forme et comment on améliore l'organisation de l'entreprise. »

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