dimanche 29 avril 2007

« Débat sous pression »


Samedi 28 avril 2007 :
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Bien évidemment, c’est le débat de ce matin qui fait l’actualité. Je l’ai suivi avec attention et je le commenterais dans un autre papier. En attendant, je vais faire quelques commentaires sur le contexte de ce débats car je dois avouer que plusieurs des prises de positions qui l’ont précédé, m’ont profondément irrité.

Tout d’abord, la certitude inébranlable de Guy Carcassonne, ce professeur de droit éminent, qui, pour expliquer que ce débat ne devrait pas avoir lieu, tranche d’une phrase lapidaire : « C'est sans précédent. ! » (…) « A partir du moment où un débat spécifique est organisé entre Ségolène Royal et François Bayrou sans que le même temps d'antenne soit consacré à Nicolas Sarkozy, il y a rupture d'égalité. »

Il faudra que l’on me dire à quel moment l’équilibre a été rompu étant donné que BFM TV doit retransmettre en temps égal le meeting de Nicolas Sarkozy dimanche.

Une deuxième prise de position de ce même professeur dans le même interview m’a de nouveau irrité : « Trop de bulletins blancs nuirait-il à la crédibilité du président élu le 6 mai ? Non. En 1995, Jacques Chirac n'a pas eu la majorité absolue des votants. Cela ne lui a pas posé de problèmes par la suite ». Il est vrai que 15 763 027 de voix sur 31 845 819 votants ce n’est pas la majorité absolue, mais il ne faut pas exagérer non plus. Sauf qu’il a été dans l’obligation de dissoudre le parlement deux ans plus tard pour essayer de gagner une majorité plus chiraquienne.

Et de continuer : « Voter blanc ou nul, c'est en vérité voter pour le vainqueur désigné par les autres. » Voter blanc n’est pas s’abstenir. S’abstenir est à la portée de n’importe qui. Faire la démarche de se déplacer pour voter blanc démontre le désaccord avec les choix proposés et démontre la force des convictions envers la république de ceux qui ont fait ce choix. Ignorer ces gens est un déni de démocratie.

Pour revenir sur les péripéties qui ont agité l’avant débat, je ne pense pas que le candidat Ump ait fait personnellement pression sur qui que ce soit pour empêcher son déroulement. Par contre, je crois volontiers que les personnes qui le connaissent bien ont tout fait de leur côté pour lui être agréable et être dans ses « bons papiers ». T1, dont le principal actionnaire est Martin Bouygues, « meilleur ami » de Nicolas Sarkozy comme celui-ci le qualifie, qui fut le témoin du mariage du candidat UMP avant d’être le parrain de son fils, ne s’est pas pressé pour oragniser le débat. Même réaction de la part de Jean-Pierre Elkabbach, autre ami de Nicolas Sarkozy, patron de Public-Sénat, qui n’est pas contrôlée par le CSA à l’inverse des autres chaines dont « Assemblée Nationale », s’est bien gardé de proposer son antenne. Canal + se réfugie quant à elle derrière le sacro-saint principe « d’égalité de parole ». En organisant un débat avec Royal, Canal devait organiser un débat avec Sarkozy. Celui-ci refusant, le débat capote.

Alors, pourquoi BFM TV a pu faire ce que Canal ne peut pas faire ? Parce que les dirigeant de BFM TV sont plus malins. LE CSA précise « Les modalités de rééquilibrage [...] relèvent de l'appréciation de la chaîne ; elles n'impliquent pas nécessairement l'organisation d'un autre débat.» BFM TV va donc diffuser le meeting de dimanche de Nicolas Sarkozy et le tour est joué. Ce qui est par contre étrange, c’est que le groupe Canal + n’ait pas pensé à utiliser sa filiale Itélé, concurrente et soumise aux mêmes règles que BFM TV … Je ne vais rien rajouter à cela et je vais vous laisser tirer vous même la conclusion, de peur que les sympathisants de Nicolas Sarkozy me taxent d’insinuer des choses !

Ensuite, la morgue condescendante des supporters de Nicolas Sarkozy et de celui-ci. Qualifier ce débat de « summum de ce que la IVe république avait de plus caricatural » comme il vient de le faire, démontre de manière flagrante sa méconnaissance de l’histoire politique de notre pays. Si la IV ème République avait connu des débats de ce genre, probablement la démocratie en serait sortie grandit !

Le candidat UMP tente de semer le trouble dans les esprits en déclarant aussi que ce débat est « contraire à l'esprit de nos institutions ». Là, les bras m’en tombe. Il faudra aussi que l’on m’explique où est indiqué que les débats d’entre deux tours doivent être exclusivement réservé aux candidats qualifiés, où dans la constitution française il est inscrit que les débats politiques doivent exclure les autres formations ? Pour le coup, nous sommes vraiment dans la IV ème République. (je vois pas pourquoi je lui imputerais pas cela vue tout ce que l’on impute faussement à cette pauvre IV ème République qui n’en demandait pas tant).

Et cette morgue, cette condescendance, cette hypocrisie qui lui fait dire : « Redescendons sur terre ! François Bayrou n'a pas été qualifié pour le second tour ». A part Ségolène Royal, personne, je dis bien personne, n’est donc digne de discuter avec lui ? de lui apporter la contradiction ? Circulez, il n’y a rien à voir. Vous n’êtes pas au second tour. Triste démocratie qui rejette d’un seul coup 43 % des votants.

Enfin, cerise sur le gâteau que je garde pour la fin de ce petit papier, cette phrase de Nicolas Sarkozy dans le Journal du Dimanche : « Mais de quoi on ne m'accuse pas dans cette campagne ! Le mensonge, l'insulte, la diffamation ne devraient pas être des éléments du débat démocratique ». On évitera de polémiquer mais je ne peux m’empêcher de retenir un sourire et de penser à ce film des frères Lumière … « L’arroseur arrosé »

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