jeudi 24 septembre 2009

Enfin le bon "Plan fret"

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Jeudi 24 septembre 2009 :
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Le gouvernement, très fier de lui, nous a concocté un énième « plan fret » ayant pour but de sauver la branche fret de la SNCF. Mais, je dois avouer que je suis pour l’instant sceptique sur son efficacité et cela, pour plusieurs raisons.
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Il est évident que le transport de marchandises constitue une « urgence absolue priorité » et pour la SNCF, et il ne faudra pas trop des un milliard d'euros d'investissements d'ici 2015 pour le réussir. Couplé au plan d’investissement et de développement des infrastructures du fret ferroviaire, afin de favoriser le report de la route vers le rail et relancer un secteur frappé de plein fouet par la crise, l’idée semble bonne à la base.
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Sauf que l’esprit chagrin que je suis, quoique favorable à toutes ces annonces, y voit plusieurs problèmes.
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Tout d’abord, le plus voyant : Le plan fret annoncé par la direction de la SNCF hier n’est pas le premier plan de relance que connaît la SNCF. Pour mémoire, livrons nous à un petit inventaire que Prévert n’aurait pas renié : Idrac (1997), Gayssot (2000), Véron (2004), Marembaud (2007), Borloo (2009). Point communs de tous ces plans : ce sont à chaque fois des plans devant sauver le fret de la SNCF qui ont la particularité de n’être mis qu’en parti voire pas du tout en action.
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Deuxième problème, et non des moindres : ce plan annonce la disparition des « wagons isolés » c'est-à-dire ces wagons dédiés à un chargeur ou un réceptionnaire qui ne sont pas en mesure de remplir un « train complet ». Représentant 33 % du fret de cette branche, ces wagons représentent aussi 70 % des pertes.
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Mais en se privant volontairement de cette branche, on peut se poser la question de savoir comment les entreprises concernées vont pallier ce manque ? Deux solutions ; une entreprises privés comme Veolia par exemple reprend ce secteur et bénéficie ainsi du retrait de la SNCF ou les transports routiers se substituent au fer pour ce type de transport.
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Au vu de l'exploitation ferroviaire actuelle, qu'on peine à moderniser radicalement, la messagerie ferroviaire (le "wagon isolé") apparaît comme économiquement condamnée. Elle répond de plus en plus difficilement à la demande et génère des coûts qui la mettent hors marché. Dans ce deuxième cas, cela entraine au mieux le maintien du flux de camions à son statut antérieur, le détournement du fret vers les « autoroutes ferroviaires » compensant la hausse du trafic du à l’absence des « wagons isolés », au pire une hausse du trafic routier si le plan fret est mal négocié.
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A ce propos, loin de résorber le trafic « camion », ces orientations me semblent plutôt le favoriser. Espérons que je me trompe !
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Mais ce plan possède des lacunes comme celui du transport combiné. Celui-ci, - et en particulier le combiné classique - avec une offre plus dense, plus fréquente, s'appuyant sur un réseau plus large aurait pu constituer une alternative. Manifestement on n'en parle pas, et on veut se consacrer essentiellement à traiter une part du trafic de transit via les autoroutes ferroviaires.
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Par ailleurs, la réforme proposée pose aussi la question de savoir comment va être organisé la transition entre l’ancien modèle et ce modèle « autoroutier », modèle économique à l’antipode l’un de l’autre. Quel va être la réaction des clients quand ils constateront l’abandon pur et simple de services qu’ils utilisaient mais dont on ne leur propose pour l’instant aucune proposition alternative ?
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Enfin, comment va être résolu le problème de la rapidité et de la flexibilité, point noir du transport ferroviaire, dans une réalité commerciale où tous les acteurs sont de plus en plus pressés, de plus en plus exigeant, de plus en plus schizophrènes ?
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Comment vont être traité des demandes du type : « Positionnez moi demain matin impérativement un conteneur à Clermont-Ferrand pour embarquement après-demain sur votre premier navire en partance de Fos ? »
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De nos jours, l’un des principaux désamours envers le fret ferroviaire est cette absence de souplesse et de rapidité. Et je ne parle même pas de la barge fluviale !
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Alors, d’accord pour un nouveau « plan fret » mais je demande à voir !
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2 commentaires:

bernard a dit…

« Positionnez moi demain matin impérativement un conteneur à Clermont-Ferrand pour embarquement après-demain sur votre premier navire en partance de Fos ? »
même moi je ne sais pas faire avec les obligations douane et dates de cloture/sécurité/etc etc

Jean-Claude Mathon a dit…

Nous avons réussi ce coup là la semaine dernière avec trois conteneurs, sur les USA en plus, grace au feeder, au main liner au départ de Tarragone trois jours après (donc AMS par rapport à ce navire et non au départ de Fos) et au fait que la boite qui a fait l'expédition est "connue" par les douanes.

J'ai toujours dit qu'on était les meileurs dans ma boite !