lundi 25 janvier 2010

Dans un monde parfait …

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Lundi 25 janvier 2010 :
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La toile bouillonne d’Haïti, des victimes du séisme, de cette catastrophe qui nous envoie de l’émotion à toute heure du jour et de la nuit. Dans ce vacarme médiatique où tout esy fait pour toucher notre émotionnel, quelques voix discordantes se font entendre. Parmi elle, celle de l’Hérétique, qui en appelle à une réforme de cette politique d’aide humanitaire aujourd’hui fondée sur la charité, en la transformant en aide à la structuration.
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Depuis dix jours, nous sommes gavés d’images émotionnelles comme ces oies dont nous mangerons le foie lors des prochaines fêtes. Les « haïtiton » succèdent au « Haïtiton » et les sommes engrangés sont désormais dans des sphères inimaginables.
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Alors qu’aujourd’hui, à Montréal les «pays amis» d'Haïti se réunissent pour se concerter sur leur aide immédiate au pays dévasté par le violent séisme du 12 janvier, qui a fait 150 000 morts et un million de sans-abri, mais aussi pour jeter les bases d'un vaste programme de reconstruction qui devrait donner naissance à un «nouvel Haïti», je crois qu’il est aussi urgent de se poser quelques questions de ce que sera ce « nouvel Haïti ».
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Cette catastrophe est une « chance » (oui, j’ose le mot) car en détruisant le peu d’infrastructure de ce pays, elle permet de repartir de zéro avec enfin, et je le souhaite du fond du cœur, une vrai réflexion sur cette reconstruction. Mais nous devons être aussi vigilent sur la reconstruction « politique » de ce pays.
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Plusieurs blogueurs se questionnent sur la pertinence d’amener démocratie et droits de l’homme dans une nation qui n’a pas les moyens de se les offrir. Ils observent, en effet, que dans le drame qui touche ce pays, il y a une large part d’impéritie de l’État. Les termes « d’État failli » sont mêmes employés.
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Alors, autant il me semble nécessaire que la démocratie soit la base de ce « nouvel Haïti », autant il me semble aussi nécessaire de garantir l’exercice effectif de la démocratie. Les exemples de nations qui se proclament « république » et qui ne le sont à aucun point de vue regorgent. Et vu le flux d’argent qui va se déverser sur ce territoire par ailleurs l’un des plus pauvres du monde, les risques de dérives, de détournements, de corruptions, sont multipliés par cent alors que le taux de base, là aussi, était déjà l’un des plus élevé du monde.
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Donc, construire un « nouvel Haïti », c’est bien mais à condition que la lutte contre la corruption, la transparence politique, un Etat fort soit présent en ce nouveau pays ! reconstruire (construire devrais-je plutôt dire) les infrastructures d’un pays ne peut se concevoir que si, au même moment, les infrastructures étatiques sont aussi reconstruites (police, justice, douane, etc …) Construire un hôpital sans inclure dans le programme la formation des médecins, infirmières mais aussi des administratifs chargés de le faire tourner, des agents de sécurité chargé de le protéger est suicidaire pour le pays bénéficiant de cet équipement.
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De même, « inonder » le pays d’aide humanitaire, donner comme priorité absolue la nourriture et les soins est vitale lors des premières semaines postérieures à la catastrophe mais cela ne doit pas non plus se faire au détriment de la reconstruction. A l’exception de ces cas de famines, leur priorité, c’est de pouvoir devenir industrieux et développer leur commerce et à terme se débarrasser de la tutelle des de l’ONU et des ONG.
.Or, à l’heure actuelle, aucune nation occidentale développée n’a fait de ces axes majeurs une priorité absolue. C’est à mon avis l’une des causes principales de l’échec de nos politiques de droits de l’homme dans les pays en proie à la misère. En les assistants à outrance, en leur faisant une charité débridée, en appuyant sur l’émotionnel, on les pousse en fait inconsciemment à rester dans cet état de dépendance qui va les empêcher d’évoluer et restaurer leurs idéaux.
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Par un paradoxe étonnant, la plupart des nations les plus pauvres possède un potentiel très riches. Mais, potentiellement, seulement. En les laissant dans cet état de dépendance charitable, on favorise l’exploitation de ce potentiel par des tiers qui eux, n’ont rien de charitable. On laisse se développer un état de non droit, très violent, qui ne favorise que certains.
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Il faut donc, dans le cadre des reconstructions succédant à une catastrophe, donner la possibilité à ces états déjà durement touchés, d’exploiter leur potentiel, c’est-à-dire leur faire confiance, et leur permettre d’établir des marchés transparents avec des états impartiaux.
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Dans un monde parfait, hormis l’aide sanitaire d’urgence, ce devrait être, même, la seule et unique aide que nous devrions leur apporter.
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