mardi 12 janvier 2010

A question peu claire, réponse franche !

.
Mardi 12 janvier 2010 :
.
Les électeurs de Martinique ont dit non à 78,9% et les électeurs de Guyane ont dit non à 69,8%, à une autonomie accrue dimanche lors du referendum organisé par le gouvernement à la demande des élus, selon les chiffres définitifs diffusés lundi matin par le ministère de l'Outre-mer à Paris.
.
Un peu plus de 67.000 électeurs en Guyane et de 297.000 en Martinique étaient invités à dire s'ils souhaitaient un passage de leur département (et région) d'outre-mer, soumis aux mêmes règles juridiques que la métropole, à l'article 74 de la Constitution, qui en aurait fait une collectivité d'outre-mer pouvant bénéficier d'une autonomie accrue.
.
La question était: «Approuvez-vous la transformation de la Martinique (ou de la Guyane) en une collectivité d'outre-mer régie par l'article 74 de la Constitution, dotée d'une organisation particulière tenant compte de ses intérêts propres au sein de la République ?»
.En cas de vote favorable, le statut de ces collectivités aurait été défini ensuite seulement par une loi organique.
.
Après ce vote, quelques constatations s’imposent.
.
Tout d’abord, le taux d’abstentions record pour un scrutin où l’avenir des citoyens était directement dans la balance
.
Ensuite, le fait que les électeurs n’ont pas suivi les consignes locales, préférant se calquer sur la position de l’UMP, pourtant très minoritaire dans ces contrées. En Guyane, tous les représentants de la gauche, les parlementaires et les élus des exécutifs régionaux et généraux avaient appelé à voter pour le "oui". Quatorze maires sur les 34 communes de Martinique, ainsi que les présidents du département et de la région, avaient décidé de mener campagne pour le "oui", au sein de la coalition du Rassemblement martiniquais pour le changement (RMC).
.
L’organisation de ce référendum laissait à désirer, la question posée étant absolument incompréhensible pour la majorité des votants. Avoir voulu camoufler une réforme importante en proposant un texte peu clair tout en proclamant que c’était plus de liberté et d’indépendance était une erreur dès le moment où ce n’est pas la revendication première et principale des citoyens. En faisant une analyse erronée de la situation, en étant peu claire, la question a obtenu une réponse négative et prévisible.
.
Enfin, parce ce fameux article 74 péchait sur l’essentiel. Comment pouvoir défendre l’idée qu’il est un atout pour le développement et l’autonomie d’un territoire quand ce même article ne dit strictement rien sur le devenir des territoires. Adopter moi, je vous dirais quoi faire après ! Il dit simplement si vous votez OUI, vous déléguez à l'état et au parlement la liberté d'établir le statut qu'ils veulent dans le cadre d'une loi programme, sans jamais plus vous demander votre avis.
.
Mais tout cela est quand même inquiétant pour l’avenir car ce rejet est avant tout un rejet de la politique traditionnelle, des castes dirigeantes, et des mouvements indépendantistes plus qu’une réelle prise de position sur un sujet vital. Le taux de l’abstention renforce ce sentiment de rejet et se pose alors la question du devenir de territoire qui, il faut bien l’avouer, on besoin d’une réforme pour continuer à avancer.
.
De surcroit, on peut être pour le moins surpris que le gouvernement ait opté pour une consultation en deux parties avec, cette fois-ci, le fameux article 73 permettant la fusion des régions et des départements. Autant il est vrai que la justification de deux autorités qui couvrent le même territoire est difficile, les élus locaux, probablement jaloux de leurs prérogatives, font campagne contre. Que va-t-il se passer si, comme cela est probable, la fusion l’emporte ?
.
Les demandes indépendantistes n’étant pas la raison principale des derniers mouvements sociaux, le rejet de l’article 74 ayant été massif, l’article 73 devant être effectif dans toute la France dans quelques années, qu’elle est donc l’urgence soudaine de faire passer ces deux départements avant les autres ? Pourquoi tant de précipitation dans un débat qui demande de la réflexion ?
.
Oui, vraiment, je pense que nous n’avons pas encore fini d’entendre parler de nos départements d’outre mer tant que notre président de la République sera aussi bien conseillé !
.
.

Aucun commentaire: