jeudi 28 janvier 2010

L’heure d’Angoulême

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Jeudi 28 janvier 2010 :
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Le « grand »jour est arrivé. Celui de l’ouverture de ce 37ème festival de Bande dessinée d’Angoulême, le Cannes du 9ème art ! Donc, aujourd’hui, pour fêter cela, un petit article sur l’un des plus grands dessinateurs français qui aura l’honneur de présider ce festival, le brillantissime dessinateur Christian Hincker, alias Blutch, Grand prix 2009.
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Mais, paradoxalement, pour la première fois dans l'histoire des grands prix d'Angoulême - récompense qui couronne l'ensemble d'une œuvre -, le récipiendaire n'exposera, dans la rétrospective qui lui est consacrée, aucune planche, pas une case ni un phylactère : que des dessins, plus de deux cent cinquante, présentés sans cartel, sans date, mais en musique... « Ce sont des dessins privés, personnels, qui n'ont pas vocation à être publiés et qui représentent quinze ans de travail », précise Blutch, dessinateur de BD et illustrateur pour « les Inrockuptibles » ou feu « Jazzman «
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Comme son poste de président le lui permet, Blutch a usé de ce pouvoir pour imposer au Festival d'Angoulême quelques expositions originales, dont celle sur le dessin d'humour : « J'aime William Steig, Sempé, Jules Feiffer, je suis séduit par la poésie du dessin d'humour, dit-il, et je le trouve plus spectaculaire en accrochage que la bande dessinée.»
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Succédant au duo Dupuy-Berberian, ses contemporains, Blutch, 43 ans, ancien élève des Arts décoratifs de Strasbourg, porte son pseudonyme depuis l'école primaire car ses camarades trouvaient qu'il ressemblait au caporal Blutch dans « les Tuniques bleues », la série populaire qui fête ses 40 ans. Le grand public n'est pas pour effrayer cet auteur aux goûts éclectiques et au trait expressionniste, que l’on peut classer dans la même catégorie que les Blain et autre Sfar, celle des grands dessinateurs.
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Etre honoré cet année comme président, Blutch le doit bien évidemment en grande partie à son « double », le Petit Christian, le gosse qu'il était dans les années 1970 (même si lui se défend de tout récit autobiographique). Un gamin à la personnalité complexe, qui, au fil de multiples anecdotes touchantes et grâce au trait toujours expressif de son auteur, apprivoise le monde qui l'entoure.
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Après un premier tome paru en 1998, le petit Christian a fait un retour très remarqué par la critique dix ans plus tard. Entre les deux, Blutch, formé à l'exigeante école de Fluide glacial et couronné en 2002 par le Prix International de la Ville de Genève pour Vitesse Moderne, avait à nouveau fait parler de lui. C'était avec C'était le bonheur, paru en 2005, chez Futuropolis. En de brèves histoires, à peine griffonnées au stylo bille, l'auteur de la série graphique Mitchum faisait mouche en s'emparant avec émotion du couple et de ses déboires.
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En sacrant Blutch, qui présidera donc aux destinées de l'édition 2010, le festival d'Angoulême - qui, outre Dupuy et Berbérian en 2008, avait récompensé Lewis Trondheim en 2007 - fait donc à nouveau la part belle à la BD française.
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Et cela n’est pas fait pour me déplaire
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