jeudi 25 février 2010

Pour un sursaut européen

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Jeudi 25 février 2010 :
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Le Monde a publié une tribune écrite par Marielle de Sarnez où elle appelle à un sursaut de l’Union Européenne sur la scène européenne. Et je dois avouer que je partage à 200 % son analyse. L’Union Européenne s’était doté d’un outil qui devait être performant mais nos gouvernements se sont arrangés pour rendre cet outil inefficace par le biais de nomination sans enjeu, sans débat public et en nommant des personnes tellement consensuelles qu’elles en deviennent transparentes.
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Je vous conseille donc de lire attentivement cette tribune.
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Il y a quelques mois, l'adoption définitive du traité de Lisbonne suscitait de nouveaux espoirs. L'Europe allait être un pôle solide et uni, parlant d'une seule voix, en particulier sur la scène internationale. La suite s'est avérée profondément décevante. Dans les ultimes négociations au sommet de Copenhague, comme lors de la catastrophe qui a frappé Haïti, l'Europe a été absente, invisible, incapable de parler à l'unisson, et donc de peser sur le cours des choses. Le Conseil européen du 11 février sur la crise de la zone euro est un signe de plus du recul progressif de l'Europe. Cette crise était l'occasion de se ressaisir ; il n'en a malheureusement rien été.
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Depuis quelques semaines, la Grèce et, dans une certaine mesure, l'Espagne et le Portugal font face à la défiance des marchés. L'endettement de ces pays et leurs perspectives de croissance suscitent des inquiétudes sur la capacité des pays membres de la zone euro à respecter leurs engagements sur leur dette souveraine. Comment en est-on arrivé là ? La réponse est malheureusement simple : aucune union monétaire commune ne peut exister durablement sans une politique économique partagée, un budget significatif en commun, un mécanisme financier de stabilisation conjoncturelle. Plus encore, aucune union monétaire ne peut exister durablement sans union politique.
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Une déclaration trop tardive
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Les seules règles de discipline financière des Etats, assorties de sanctions très relatives, ne peuvent suffire à assurer la solidité de la zone euro. A l'inverse, un pacte monétaire ne s'exerce pas sans solidarité, comme tout engagement entre des parties qui s'unissent. A ce titre, vouloir demander à une partie tierce, le Fonds monétaire international (FMI), de venir en aide à un pays de la zone euro, reviendrait à remettre en cause la crédibilité politique de la zone euro elle-même.
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Face à cette crise, les dirigeants de la zone euro n'ont pas été en mesure de trouver des solutions viables à moyen terme. Ils se sont contentés, trop tardivement, d'une déclaration politique de soutien au gouvernement grec, sans mesure concrète. Or c'est dès le début de la crise, en décembre, que l'Europe aurait dû affirmer son soutien sans faille à la Grèce. Que devrait proposer l'Europe maintenant ? D'abord afficher sa volonté de renforcer la gouvernance économique et politique de l'Union. Ce qui pourrait passer par la constitution d'un conseil de la politique économique des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, un Eurogroupe politique, piloté par la Commission et sous l'égide du président du Conseil.
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Ensuite, favoriser la mise en place d'un fonds monétaire européen. Il ne s'agit pas de créer une nouvelle institution, mais un outil financier de solidarité conjoncturelle, pouvant être activé à tout moment en cas d'attaques spéculatives contre l'un des pays membres du fonds. Les obstacles techniques et juridiques sont surmontables. Un groupe de travail devrait dès maintenant examiner les options techniquement possibles.
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Evitons les pistes, comme le scénario actuellement envisagé par les ministres des finances, d'une mise sous surveillance de la Grèce, assortie éventuellement de prêts bilatéraux, qui peuvent s'avérer de fait mal comprises tant elles illustrent l'absence de volonté de trouver des solutions solidaires collectives. En effet, tant que l'Union européenne ne se montrera pas collectivement solidaire avec la Grèce, il lui sera difficile d'imposer ses propres conditions.
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Une fois ce fonds monétaire européen mis en place, d'autres initiatives apparaîtront alors d'autant plus naturelles et légitimes pour construire les fondements d'une politique économique mutuelle, prolongement indispensable d'une zone monétaire. C'est ainsi, par des mécanismes d'emprunt européen, qu'il faudra financer les projets de recherche et d'innovation et penser une nouvelle politique industrielle pour relancer la croissance de l'Europe qui, contrairement aux autres régions du monde, s'enlise dans une atonie particulièrement préoccupante. Plus que jamais, il faut sortir du cadre dépassé des solutions nationales ou intergouvernementales.
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Marielle de Sarnez est députée européenne, vice-présidente du Mouvement démocrate (MoDem).
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