jeudi 6 mai 2010

Quel cinéma voulons-nous ?

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Jeudi 6 mai 2010 :
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Petit à petit, à force de persévérance, notre cinéma, le glorieux cinéma « Les Lumières », est devenu un élément incontournable et moteur de la vie culturelle vitrollaise.
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Rouvert le 6 octobre 2004 après les sombres années Mégret, il a acquiert peu à peu une notoriété et une reconnaissance non usurpée, non seulement du monde du septième art, mais aussi de tous ce qui compte dans le monde culturel local et buccho-rhodanien..
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Avant d’entrer dans le vif du sujet, je rappelle quelques faits concernant le cinéma « Les lumières »
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Nous sommes en présence d’une Régie municipale personnalisée qui gère un espace comprenant trois salles de cinémas d’une capacité totale de 395 places. En tant que telle, des conventions d’objectifs, de moyens et de personnels sont passées avec la municipalité.
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L’objectif fixé par la mairie est de maintenir un prix attractif, en l’occurrence quatre euros pour cinquante mille entrées annuelles. En contre partie, la mairie met la main à la poche en finançant le différentiel entre le prix imposé et le prix d’équilibre (estimé à huit euros la place), octroyant donc une subvention de deux cent mille euros à la structure (50.000 x 4 euros). En outre, elle détache à la régie quatre employés municipaux à plein temps pour une durée de trois ans renouvelable.
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Enfin, la municipalité a décidé de mettre au niveau les moyens de projections en équipant le complexe d’un projecteur numérique (qui permettra entre autre de diffuser aussi des films en 3D). Pour cela, elle met la main à la poche à une hauteur de quatre vingt mille euros, trente mille en subventions, cinquante mille en avance de recettes.
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Alors, est-ce que tous ces investissements valent ils le coup ? Pour ma part, je pense que oui quand je constate le résultat :
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Un classement « Art et essai », trois labels « recherche et découverte », « Patrimoine et répertoire » et « Jeunes Publics », une dizaine de films diffusés par semaine et l’objectif chiffré atteint et même dépassé en 2009.
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En 2009, le cinéma a fait 51512 entrées dont 50400 payantes, ce qui sous entend une progression de 10.2 %, et mille cinq cents abonnées.
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Voilà pour les faits bruts.
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Alors, maintenant, la question se pose visiblement pour certain de savoir quoi faire de ce merveilleux outil qui, à mon humble avis, n’a nullement besoin d‘être remis en cause. Car, comment interpréter la question, pas si anodine de cela, de l’opposition lors du dernier Conseil Municipal : « Combien faudrait-il d'entrées pour que les comptes du cinéma soient à l'équilibre ? »
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En posant cette question, l’opposition visiblement ne veut pas d’un cinéma « subventionnée mais un cinéma se suffisant à lui-même. Or, par cette simple hypothèse, c’est la remise en question totale de la culture sur notre ville, mais aussi d’une manière générale, la remise en question de la philosophie même de la culture et de l’exception française.
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En plaçant notre cinéma dans une logique libérale ou recettes et dépenses sont étroitement liées, l’opposition propose donc à la fois un désengagement municipal de cette structure et un accroissement des recettes (et donc du prix des places) de manière significative. Dans ce contexte, la direction des Lumières sera tentée de se tourner vers les blockbusters pour assoir ses comptes plutôt que vers les films plus intimistes qu’elle favorise actuellement.
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Au-delà de cela, plutôt que de se risquer dans des paris osés (mais au combien réussis) comme les soirées thématiques, le festival du polar, les rencontres théâtres-cinéma, n’auront-ils pas la tentation de faire du « profit », de faire « comme les autres » ? Avec tous les risques que cela comporte car je ne vois pas Les Lumières sortir vainqueur d’un affrontement avec les multiplex et surtout celui de Plan de campagne.
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Par cette question, Christiane Allemand a démontré que pour l’opposition, seul une logique « libérale » peut être envisagée pour le cinéma et, par extension, pour la culture. Chose peu concevable à mon humble avis. Je me sens beaucoup plus proche de l’idée d’un cinéma d’art et d’essai se mettant à la disposition de tous les vitrollais que d’un cinéma usine qui déverse les séances au rythme stakhanoviste d’une usine en plein rendement. Sans oublier le pop-corn dont le prix est exponentiel avec la taille.
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Il y a quelque chose d’inhumain et de déshumanisé dans les multiplex qui me laisse à chaque séance sur ma faim. Le coté humain aussi bien par la taille que par l’accueil et la compétence me convient beaucoup plus.
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Je suis intimement convaincu que notre cinéma possède, non seulement un avenir radieux, mais pourrait aussi faire encore mieux en terme d’affluence si son environnement était favorisé.
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Et à ce propos, je propose à la mairie de mettre à l’ordre du jour la rénovation de la Place Gaufreton, vous savez, celle que tous le monde appelle le parking de la Poste. Le coté sordide de cette place le soir est un « repoussoir » aussi bien pour le cinéma que pour les rares commerces s’y trouvant. Une petite réorganisation du parking, quelques bacs à fleurs, un espace un peu plus piétons devrait suffire à changer l’aspect de cette place et donner plus envie de venir s’y garer pour aller au cinéma (ou, pourquoi pas, au « nouveau » pub musical s’y trouvant.
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Ce n’est pas une autre histoire, mais tout simplement … un spin off !
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

excellent papier ; complétement en phase avec cette analyse.... C'est bien le fond même de la politique culturelle que nous proposons qui consiste à faire de Vitrolles une ville au rayonnement culturel, mobilisant, impliquant et intéressant tous les vitrollais et faire de la culture un moyen d’épanouissement personnel et social de chacun….
Ce qui est à l'opposé du raisonnement de l'opposition qui conçoit la Culture en terme de rentabilité et de productivité
Henri-Michel PORTE
Ajoint au Maire Délégué à la Culture.