lundi 19 avril 2010

La politique anglaise va se jouer à trois, cela change tout !

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Lundi 19 avril 2010 :
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Alors qu’en France certains tentent par tous les moyens à nous faire croire que le bipartisme est l’unique solution pour gouverner notre pays et que d’autres, encore plus tortueux, veulent nous faire avaler la fable que le bipartisme est une fatalité incontournable, voilà que les anglais (ces satanés rosbeefs !) nous rappellent brutalement que cette « fatalité », cette « unique solution » n’est peut être pas LA solution.

Petit rappel des faits pour ceux qui ont été uniquement obnubilés ce week-end par un volcan islandais : En raison du système électoral en vigueur en Grande-Bretagne (scrutin majoritaire à un tour), les élections législatives se jouent toujours entre les deux partis dominants que sont les conservateurs (Tories) et les travaillistes (Labour).

Mais, à 3 semaines du scrutin (prévu le 6 mai prochain), le premier débat télévisé jamais organisé entre les responsables des trois grands partis britanniques, qui comprend aussi les Libéraux-Démocrates, a changé la donne. Car c’est Nick Clegg, le jeune président des « LibDem » qui a crevé l’écran à la surprise générale et remporté haut la main ce débat, menaçant pour la première fois depuis 65 ans un monopole politique bien établi.

Et c’est là que je rejoins Philippe dans son opinion « Facebook » : « Je me demande pourquoi le Modem ne relaie pas la campagne des Lib Dems ? C’est pourtant une occasion en or de démontrer que le Bipartisme n'est pas une fatalité non ? Il nous reste 15 jours pour capitaliser...à bon entendeur... »

Car les sondages anglais montrent que le LibDems est en position de troubler l’échiquier politique du Royaume de sa Gracieuse Majesté. Or, n’oublions que ce fameux LibDems dont l’Europe vient d’apprendre l’existence, sont un peu « nos cousins ».

Héritiers du Parti libéral, qui a donné au pays 26 premiers ministres, mais n’a plus été au pouvoir depuis 1922, les libéraux-démocrates sont, d’habitude, la troisième force du pays.

Pro-européens, partisans d’adopter l’euro comme monnaie, plutôt libéraux au niveau économique mais aussi défenseur de plus de justice sociale (ils proposent par exemple des taxes supplémentaires sur les profits financiers et de relever le seuil de l’impôt sur le revenu pour qu’en soient exemptés 3,6 millions de contribuables modestes) opposés à la guerre en Afghanistan, préconisant le gel du programme nucléaire britannique, les LibDem ont un positionnement politique proche de celui du MoDem, avec qui ils siègent d’ailleurs au sein du même groupe au parlement européen.

D'une part, les Britanniques cherchent désespérément une nouvelle politique. Fatigués des travaillistes, ils ne sont pas convaincus des conservateurs. D'autre part, tout est désormais possible pour cette élection. L’écart entre les travaillistes et les conservateurs est faible, rendant possible un scénario où aucun des deux n'aurait de majorité absolue (324 sièges sur 646, élu pour cinq ans).

Désormais, les trois principaux partis sont dans un mouchoir de poche, et ce scénario de "hung parliament" est encore plus probable. La projection en sièges des derniers sondages donnent les travaillistes en tête (environ 280 sièges), devant les conservateurs (240) et les lib-dems (une centaine)
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Il ne fait plus aucun doute aux observateurs de la politique anglaise que, comme en France, les électeurs soient las d’un système qui dresse un bloc (les conservateurs) contre un autre (les travaillistes), où les belles paroles l’emportent sur les actions concrètes. L’électorat anglais semble mûr pour une gouvernance renouvelée et les anglais l’appellent maintenant.
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La politique britannique va désormais se jouer à trois, et non à deux. Et cela change tout.
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3 commentaires:

FrédéricLN a dit…

Tout à fait d'accord avec votre analyse ! Et quant à savoir si "le MoDem" doit relayer : le MoDem c'est nous ... relayons !

Claudio Pirrone a dit…

A vrai dire, la politique britannique ça fait longtemps qu'elle ne se joue plus à deux.

Pensez vous que la "dévolution" se serait faite sans les succès du Scottish National Party et du Plaid Cymru ?

Je l'ai rappelé souvent, mais l'équilibre (que je n'aime pas mais qui existe) en Italie se fait autour de 4 pôles principaux (Berlusconi, Gauches, Catholiques, Ligue du Nord) : la faiblesse du "centre" (éclaté à droite, à gauche et même ailleurs) fait contrepoint à la force de la Ligue. Qui l'a gagnée en 1996 avec beaucoup de députés élus au majoritaire à un tour.

En revanche, ce type de système, tend à pénaliser les forces nationales au profit de partis régionaux. L'accès à la presse me semble être une clé de compréhension mais pas l'unique.

Quand j'avais vingt ans, j'ai voté pour passer de la proportionnelle au majoritaire, car je pensais que cela allait rendre moins bordélique le cadre politique. C'est à plus près le seul vote que je regrette. Mais cela ne change rien : avec les voix, on gagne.

Et chercher les voix, nous ne sommes pas top.

Jean-Marc Ben a dit…

Pourquoi le MoDem ne parle pas plus du phénomène britannique ? Nous avons beaucoup à nous en inspirer, en effet. Voir mes articles sur mon blog

http://jeanmarcben.blog.free.fr