jeudi 15 avril 2010

Le rapport du COR au cœur des débats sur les retraites

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Jeudi 15 avril 2010 :

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Le Conseil d'orientation des retraites a présenté mercredi ses nouvelles projections d'évolution financière des différents régimes, qui prévoient un déficit annuel de 72 à 114 milliards d'euros en 2050 si rien n'est fait.

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Trois scénarios ont été pensés par le COR. Le scénario A prévoit un taux de chômage à long terme de 4,5% et une tendance de la productivité de travail de 1,8%. Le scénario B se différencie avec une productivité du travail inférieure (1,5%). Enfin, dans le scénario C, le taux de chômage est de 7% et la tendance de la productivité du travail de 1,5%.

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Le rapport du COR prévoit également une faible augmentation des pensions de retraite (1,5% pour le scénario A et 1,3% pour le B et le C). Autre remarque le rapport côtisants/retraités ne va cesser de baisser :le COR estime que le nombre d'actifs côtisants va s'accroitre d'un peu moins de deux millions quand celui des retraités va progresser de huit millions. Si aucune réponse n'est trouvée à ce problème maintenant, le COR prévient qu'il faudra 2 600 milliards d'euros plus tard.

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La présentation de ces hypothèses a amené Robert Rochefort, nouveau vice-président du Mouvement Démocrate a les commenter pour le compte de l’Associated Press.

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« Pour Robert Rochefort, l'allongement de la durée de vie professionnelle semble inéluctable pour assurer le financement futur des retraites, mais il ne peut être réalisé dans les conditions actuelles du marché de l'emploi, estiment des spécialistes pour qui il faut surtout repenser la place du travail dans la société, et revaloriser celui des aînés.

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"La vraie question n'est pas celle des retraites mais celle du travail", a-t-il affirmé, ajoutant que le vieillissement démographique et les départs massifs à la retraite des baby-boomers impliquent que l'"on va devoir travailler plus longtemps pour payer les retraites".

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"Il faudra donc réinventer le travail après 60 ans car en France, où la productivité horaire est vive en raison notamment des 35 heures, les gens sont épuisés dès 55 ans", a encore ajouté Robert Rochefort.

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Si des mesures favorisant les naissances ou l'immigration permettraient d'atténuer cette évolution démographique, selon lui, elles ne la supprimeraient pas. "L'espérance de vie augmente: non seulement la mort recule, mais aussi la vieillesse", affirme encore Robert Rochefort.
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Il soutient également le besoin d'une réflexion globale, qui tienne compte de la place et de la forme du travail dans la société, de l'articulation des temps de vie et des aspirations des travailleurs.
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"Si on fait fi de ces paramètres, on aura une réforme inapplicable et on ira droit dans le mur", avertit Robert Rochefort. "Il n'y a rien de pire que d'aborder la question des retraites d'un point de vue purement comptable", en ne faisant que "déplacer le curseur" pour augmenter l'âge de départ à la retraite, fixé aujourd'hui à 60 ans, ou la durée de cotisation.

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Selon lui, la clé de la réussite réside dans un système plus souple autorisant notamment le travail à temps partiel, le cumul emploi-retraite ou le bénévolat sans perte de points de retraite. Les entreprises seraient mises à contribution et devraient investir dans la formation des salariés "dès 45 ans pour les préparer à l'emploi qu'ils auront à partir de 55 ans".

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L'essentiel, conclue Robert Rochefort, est de s'assurer que le temps supplémentaire travaillé ne soit pas supérieur au gain d'espérance de vie.

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Robert Rochefort a également contesté ce mercredi une présentation "dramatisée" du rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) et plaidé pour un "système de retraite par points".

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"Les prévisions du COR doivent être prises pour ce qu'elles sont: le rappel bien connu des conséquences de la démographie sans modifications des règles de calcul des retraites", explique-t-il en relevant "une aggravation logique" due à la crise et au chômage.

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"On peut néanmoins contester la forme dramatisée de présentation des résultats par la presse, alors que le document par lui-même n'était pas encore disponible. Il est facile de faire peur en prolongeant des tendances jusqu'en 2050 !", affirme Robert Rochefort.

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Il distingue cependant des difficultés pérennes, liés à la démographie, à l'allongement de la durée de la vie, et des problèmes temporaires liés au passage à la retraite de la génération du baby-boom. "Faire l'amalgame des deux n'est pas une démarche honnête", dit-il, ajoutant que le calendrier des négociations annoncé par le gouvernement "ne permettra pas" un "échange approfondi".
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Robert Rochefort estime nécessaire de mettre en place "une assurance dépendance comme cinquième risque de la Sécurité sociale". L'angoisse des retraités "ne tient pas d'abord au niveau des pensions du moment, mais aux dépenses "en cas de survenance d'une perte d'autonomie".
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Pour Robert Rochefort, aucune réforme incluant des durées de cotisation ne sera acceptable "sans une modification des rythmes, des conditions de travail et des méthodes de management", pour que l'activité professionnelle devienne épanouissante.

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"Bref, si l'on ne ré-enchante pas le travail, si on n'y introduit pas davantage de respect, d'autonomie, de créativité, on ne rendra pas acceptable l'allongement de la vie professionnelle", a-t-il encore ajouté.

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"Ces éléments incitent à évoluer vers un système de retraite par points" pour une "lisibilité permanente" des droits que chacun acquiert tout au long de sa vie professionnelle, selon Robert Rochefort, ajoutant qu'il conviendrait dans ce cadre que "l'action bénévole" permette l'acquisition de points retraites.

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Enfin, concernant le financement, Robert Rochefort estime nécessaire, au-delà d'un éventuel allongement des durées de cotisations, "d'élargir l'assiette des cotisations liées au travail à tous les éléments qui y échappent (intéressement, indemnités de départ négociés, stock-options...).

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