jeudi 12 mars 2009

Quantité économique ou qualité gustative ?

.
Jeudi 12 mars 2009 :
.
Au moment même où Roselyne Bachelot fait feu de tout bois pour le bien de notre santé, contre la consommation de l’alcool en général, conter la vente aux mineurs et faisant machine arrière sur les dégustations, la Commission Européenne met le feu dans les vignobles français.

Voici donc cette commission omnipotente qui vient de faire approuver par les 27 pays membres de l’Union (dont il faut noter le vote positif de la France) un projet de règlement autorisant le coupage de vin blanc et de vin rouge pour obtenir un vin rosé.

Pour étayer ses arguments, la commission s’appuie sur un rapport qui parle joliment « d’entraves œnologiques » pour justifier ce que tout amateur de vin considèrera littéralement comme une sauvagerie. Ce rapport poursuit en expliquant que cela permettrait d'ouvrir de nouveaux marchés, comme la Chine et donnerait un moyen à l’Europe de rivaliser avec l'Afrique du Sud et l'Australie qui pratiquent déjà le coupage du vin blanc et du vin rouge.

Ce rosé « de coupage » produit dans ces pays a la couleur du rosé mais ce n'est en aucun cas du rosé. Le rosé « traditionnel » est produit à partir de raisins rouges dont la pulpe et la peau sont macérées pendants une durée courte, de 6 heures à une journée. Le rosé « traditionnel » est donc l’aboutissement d’une savante alchimie qui ravale les rosés « de coupage » au rang de piquette.

Quand on sait par ailleurs que les ventes de vins rosés « traditionnel » sont en plein essor, à la différence du marché du vin rouge et du vin blanc, et que leur consommation est en effet passée de 8% à 22% de la consommation totale des vins en France durant les quinze dernières années, selon le CIVP, on peut légitimement se demander « à quoi joue la commission européenne ».

La position des viticulteurs français que je rejoins entièrement sur ce débat est que pour le moins, l’Europe impose aux rosés une étiquette claire indiquant le type de rosé se trouvant dans la bouteille. C’est le moins que l’on puisse faire pour préserver une identité réelle à des produits fragiles
.
Toutefois, quelques jours après le Salon de l’Agriculture où nos politiques ont paradé, les projets de classement de la gastronomie française au Patrimoine mondial, les odes à la culture vinicole française ne peuvent être pris que sous la forme d’hypocrisie et ne peuvent cacher le débat de fond sur le devenir du monde viticole français.
.
Encore au simple stade de proposition, ce projet doit encore être soumis à l'avis de l'Organisation mondiale du commerce. Un vote définitif doit intervenir le 27 avril prochain. Espérons que le Parlement Européen, plus ouvert et beaucoup plus sage que la Commission, saura mettre le garde-fou nécessaire à ce qui risque de s’apparenter dans l’esprit des français à un casse de la viticulture de notre pays.
.
De nouveau se pose le problème de savoir ce que l’on veut : Une quantité économique ou une qualité gustative ?
.
En ce qui me concerne, j’ai ma réponse.
.
.

1 commentaire:

Fournat Robert a dit…

Avant de faire la tournée des stands du Salon de l'agriculture, le président du Mouvement Démocrate (MoDem) a fait samedi une petite halte par le studio RTL situé dans le Hall 1. François Bayrou était, en effet, l'invité du "Journal inattendu" présenté dès 12h30 par Christophe Hondelatte depuis la "plus grande ferme du monde".

Comme tu l'as si bien dit dans ton article...nos politiques ont paradé au salon de l'agriculture y compris celui qui nous préside.

Quant à boire du rosé coupé à base de vin blanc ou de vin rouge, si c'est pour les Chinois, on s'en fiche, comme ça ils resteront chez eux en se disant "beurk", le vin français est dégueulasse!!!
...Et nous, nous boirons le vrai rosé, celui de nos caves (pas celui des grandes surfaces !!!). La qualité pour nous...La quantité pour les ôtres, les Ôtres !!!