mardi 3 novembre 2009

Une prise de participation sous influence ?

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Mardi 3 novembre 2009 :

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Dailymotion, un nom bien américain pour une entreprise bien française, concurrente directe du géant « youtube », se retrouve au cœur d’une polémique dont on peut se demander si derrière la fumée, il n’y a pas bel et bien un brasier qui couve.

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L’Etat français s’est toujours montré intéressé par cette pousse appelé à devenir un baobab de la communication. Il y a deux ans, c’est un haut ponte des affaires culturelles, un ancien bras droit de l’ancien ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, par ailleurs conseiller pour la loi DADVSI (l’ancêtre d’Hadopi) qui faisait un tour de piste au sein du comité de direction de Dailymotion avant d’être remplacé par un autre transfuge du même ministère, Martin Rogard, ancien responsable du pôle multimédia au ministère de la Culture.

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A la fin du mois d’octobre, Dailymotion a subi une nouvelle mutation, quasiment passée inaperçue, mais qui va très certainement bouleverser le paysage de la vidéo en ligne dans notre hexagone.

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Le Fond Souverain d’Investissement (le fameux FSI), créé par Nicolas Sarkozy, s’intéressait jusqu’à présent à l’industrie. Depuis le 22 octobre, il a changé de nature puisque répondant à l’augmentation de 17 millions d’euros du capital de Dailymotion, il vient d’en investir pour 7.5 millions d’euros. Par la même occasion, c’est aussi un siège au Conseil d’administration qu’il rafle.

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Pour la petite histoire, Le reste soit un peu moins de dix millions d’euros, provient des actionnaires historiques du site : les fonds Advent Venture Partners, AGF Private Equity, Atlas Venture et Partech International.

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Outre le fait qu’il est curieux de savoir que ce fond, « instrument de l'intervention de l'Etat au bénéfice des entreprises en difficulté » comme le qualifiait le Monde lors de sa création, a jugé que Dailymotion était une entreprise « stratégique » puisque la vocation du FSI est de « sécuriser le capital d'entreprises stratégiques ».

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En tout cas, le résultat est là : L’état français, après avoir placé des hommes à lui à la tête de Dailymotion, va aussi en être son actionnaire, actionnaire de l’entreprise française qui a le mieux réussi en matière de streaming, qui posséde soixante millions de visiteurs par mois. Une réussite, même si ce n’est pas un média mais uniquement un sipport de diffusion.

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Cette annonce prend toute sa saveur au moment même où Hadopi II est sur les rails. Cherchez l’erreur !

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Au moment même où la majorité présidentielle tire à hue et à dia sur Internat, clamant sur tous les toits la « nécessité de sécuriser internet », assimilant ce mode de communication à un « média dangereux », où Frédéric Lefebvre, Jean-François Copé ou Xavier Bertrand sonnent ce qu’ils voudraient bien être l’hallali d’internet, cette prise de participation est-elle une bonne ou une mauvaise chose ?

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Ma paranoïa existentielle me fait écrire que cet investissement n’est point anodin et que de légitimes craintes sont à avoir. Si l’on rajoute les conclusions du rapport présenté à Nadine Morano vingt quatre heures avant l’annonce concernant Dailymotion, on constate immédiatement que le site de partage français est au cœur de toutes les attentions étatiques et que les utilisateurs ont quelques soucis à se faire sur le contenu de ce qu’ils vont être amené à partager !
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Sous le couvert de la protection des mineurs et du contrôle parental, quel va être la marge de manœuvre concernant les vidéos que Frédéric Lefebvre (vraiment au hasard pour une fois) trouve subversive pour la simple raison qu’elle critique le pouvoir où qu’elles montrent que notre président est adepte du copie/coller pour préparer ses discours ?

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Une prise de participation à surveiller de près donc !

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