jeudi 3 décembre 2009

Le nucléaire, un challenge sécuritaire du XXIème siècle ?

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Jeudi 3 décembre 2009 :
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Même si, dans un passé antédiluvien, j’ai fait des études qui m’ont amené à étudier le système nucléaire de noter pays à un moment où celui-ci était à son apogée dans l’imaginaire des français, j’ai toujours été réticent à son application, même et surtout à des fins civiles. Toutefois, la prise en compte de certains impératifs économiques dans mon raisonnement m’avait amené, il y a bien longtemps, à plus ou moins faire taire mes critiques contre ce système.
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Or, depuis quelques temps, je deviens de plus en plus sceptique sur les « bienfaits » et la « sécurité » de ce type de production électrique. Les derniers événements s’étant déroulés dans la nuit de mardi à mercredi dernier au sein de la centrale nucléaire de Cruas ne sont pas faits pour me rassurer
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Pour ceux qui ne lise ni les journaux ni n’écoutent la radio, pour mémoire, je rappelle qu’une alerte nucléaire de niveau 2 (sur les sept de l’échelle INES) a été déclenché par la direction de la centrale suite à l'obturation de la canalisation d'arrivée d'eau de refroidissement du réacteur N°4 par des végétaux, charriés par le Rhône.
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Or, le refroidissement d’un réacteur par le système hydraulique fait partie des fonctions vitales pour la sûreté, aussi, dès que l'obturation a été constatée, le réacteur concerné a été arrêté et le plan d'urgence de la centrale déclenché. Après le dégagement de la canalisation, l'alerte fut levée.
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Si cet incident en lui-même n’est point dangereux, la répétition de ces mêmes incidents est en lui-même inquiétant car ce n’est pas la première fois qu’une canalisation de refroidissement est obturée, généralement après de grosses intempéries !
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De plus, outre ces incidents dus aux éléments, que l’on peut comprendre, le facteur humain joue aussi avec nos peurs et le site de l’Autorité de Sureté Nucléaire n’est pas fait pour rassurer. Ainsi, au cours des 24 derniers mois, le site recense plusieurs centaines d’incidents par an, dont les plus importants sont (liste non exhaustive)
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12 mars 2008 : Incident Niveau 3 : un ouvrier est exposé à une source radioactive de haute activité de cobalt 60 à l’ONERA de Toulouse. Cette source radioactive est utilisée dans un bunker pour faire des essais d'irradiation de composants électroniques destinés à équiper des satellites.
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8 juillet 2008 : une fuite de 6,25 m³ de produits radioactifs a été constatée sur le site nucléaire du Tricastin avec 12 g d'uranium par litre (soit 75 kg). Le secteur est interdit à la baignade, aux activités nautiques, à la pèche, à l’irrigation et bien entendu à la consommation de l’eau
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23 juillet 2008 : lors d'une opération de maintenance réalisée sur le réacteur 4 sur le site nucléaire du Tricastin, des substances radioactives se sont échappées, contaminant très légèrement une centaine de salariés sur le site.
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Depuis le début de l’année 2009, si l’on suit la liste des « incidents » sur le site internet de l’ASN, on a la fâcheuse impression que ceux-ci ont tendance à se multiplier et la sécurité à se déliter.
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Ainsi, le 6 octobre 2009, à Cadarache, 22 Kg de plutonium sont retrouvés au lieu de 8 Kg initialement estimés (le CEA estime que la quantité totale pourrait s’élever à près de 39kg). L’ASN, dans son rapport, pointe la dissimulation du CEA « qui avait eu connaissance de l’incident depuis le mois de juin 2009 » et « les lacunes dans la culture de sureté de l’exploitant et de l’opérateur industriel de l’installation.»
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Le site de l’ASN qui recense tous les incidents nucléaires en France au fur à mesure de leur déclaration donne le tournis. Pas une semaine sans qu’un incident ne se produise sur un site français. Je rassure : ces incidents sont pour la plupart de niveau 0 ou 1, quelques un de niveau 2 et très rarement au dessus. N’empêche, quand on lit les descriptions d’incidents, on peut légitimement se poser la question de connaître le niveau de sécurité de nos installations nucléaires toute destinations confondus et la technicité des employés qui y travaillent.
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Cette répétition des incidents affectant nos installations nucléaires est inquiétants et font prendre conscience de la « dangerosité » latente de ces mêmes installations
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Le temps est venu de mettre à plat tout ces problèmes de sécurité et de définir une nouvelle politique énergétique plus en rapport avec les challenges environnementaux du XXIème siècle.
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