dimanche 12 septembre 2010

L’info du dimanche : Et si la réforme des retraites était inutile ?

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Dimanche 12 septembre 2010 :
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La rubrique dominicale de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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L’info du dimanche a aujourd’hui pour cadre, bien entendu, la réforme des retraites. Mais, je ne vais pas prendre un article parlant de chiffres, contestant telle ou telle proposition gouvernementale, critiquant telle ou telle position syndicale, assenant telle ou telle affirmation tout aussi confuses que fausse.

Non, je vous propose une opinion de Vijay Monany publié dans le Monde où il se pose la question de connaitre les motivations profondes qui poussent les travailleurs à vouloir partir à la retraite à 60 ans.
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Cette opinion est surprenante et je vous laisse la découvrir
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Sur ce, bonne lecture
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Et si la réforme des retraites était inutile ?
Vijay Monany, associé du cabinet Khampus (Conseil en management)
Le Monde - 08.09.10 12h40 • Mis à jour le 08.09.10 16h02
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La retraite, encore. Après la réforme Balladur sur la retraite des salariés du secteur privé, la réforme Raffarin sur la retraite des fonctionnaires et la réforme Fillon sur les régimes spéciaux de retraites, les conditions d'éligibilité pour un départ à taux plein font à nouveau l'objet d'un projet de loi.
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Diminution du montant des pensions, hausse du niveau des cotisations, allongement de la durée de cotisation ou recul de l'âge de départ à la retraite, de nombreux leviers étaient à la disposition du Gouvernement pour trouver une solution au financement des pensions, sans sortir du cadre de la retraite par répartition.
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Le gouvernement a finalement conclu à la nécessité d'un recul de l'âge de départ à la retraite à 62 ans. S'il parvient à imposer cette réforme, ce sera au prix d'un vif mécontentement populaire et de manifestations monstres qui agitent déjà au nez des responsables politiques le spectre de décembre 1995 – d'autant plus que le printemps est assez propice à la grève générale. Le beau temps est révolutionnaire.
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Mais la vraie question qu'il conviendrait de se poser, ce n'est pas "faut-il reculer ou non l'âge de départ à la retraite ?", mais plutôt "pourquoi les travailleurs tiennent-ils à partir à la retraite à 60 ans ?", "pourquoi refusent-ils d'allonger leur période d'activité de deux années supplémentaires ?", "pourquoi préfèrent-ils la retraite à l'activité ?".
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La question du chômage des séniors, souvent avancée pour expliquer cette défiance quant à la perspective d'un départ plus tardif à la retraite, est en réalité insuffisante pour expliquer cette véritable préférence française pour la retraite.
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La raison pour laquelle les Français préfèrent la retraite au travail est exactement la même que celle pour laquelle ils préfèrent les vacances au travail, ou encore celle pour laquelle ils préfèrent travailler 35 heures plutôt que 39 heures : ils s'ennuient au travail et s'épanouissent hors du travail. Paradoxe des paradoxes, c'est au moment de la retraite que les individus ont l'impression que leur vie commence, qu'ils ont enfin l'impression de prendre en main leur destin, qu'ils ont enfin l'occasion de lire, de voyager, de militer, de passer du temps avec leurs amis.
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L'ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE
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Dès lors, la solution consisterait non pas à éloigner davantage cette perspective de bonheur qu'est la retraite, mais à intégrer toutes ces activités pratiquées lorsque l'on est à la retraite dans le cours normal de l'activité professionnelle.
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Mais alors, nous ne manquerons de faire face à une objection : ces activités ne seraient pas, en elles-mêmes, rentables ! On n'est pas productif lorsque l'on passe son temps à lire, à voyager, à écouter de la musique ou à s'engager dans une association ! Faux ! Ou plus exactement ces arguments étaient vrais dans l'ancienne économie, celle du travail peu qualifié. Ils étaient vrais lorsque la productivité d'un ouvrier se mesurait à la quantité de boulons qu'il parvenait à serrer sur sa chaîne de montage ; ce ne sera plus vrai dans l'économie à venir, celle de la connaissance, où la productivité des travailleurs se mesurera à leur capital humain, c'est-à-dire, en somme, à leur intelligence.
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Dans l'économie de la connaissance, lire un livre sur une terrasse de café, ce sera du travail, aller au cinéma, ce sera encore du travail, parcourir le monde à la rencontre d'autres civilisations, ce sera toujours du travail. Bien plus qu'un projet économique, l'économie de la connaissance est un projet de société.
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Un jour on comprendra que le progrès social ne consiste pas à multiplier les semaines de congé, à diminuer la durée hebdomadaire du travail ou à baisser l'âge de départ à la retraite. Un jour on comprendra que le véritable progrès social consiste à rendre le travail si intéressant qu'il ne se distinguera plus du loisir. Un jour on comprendra que la solution au financement des retraites consiste à rendre le travail si passionnant que plus personne ne voudra partir à la retraite.
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Surtout, un jour on comprendra que lire, apprendre, jouer, voyager, travailler, tout ça, c'est la même chose !

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