vendredi 24 septembre 2010

Réflexions : La mauvaise réputation

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Vendredi 24 septembre 2010 :
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La suite de mon travail sur Vitrolles avec aujourd’hui un sujet de choix, celui de l’image et de la réputation véhiculées par Vitrolles, sujet que je veux le plus impartial et le plus complet possible. Si vous voulez lire les autres sujets abordés, je vous propose de cliquer sur le lien suivant : « Réflexions subjectives sur Vitrolles ».

« Que je me démène ou que je reste coi
Je passe pour un je-ne-sais-quoi!
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme. »
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Qui ne connait cette chanson ? Elle pourrait s’appliquer comme un gant à la réputation de notre chère ville, Vitrolles. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que la mauvaise réputation colle à Vitrolles comme une seconde peau, quelle que soit les actions entreprises par la municipalité pour la corriger.
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Il y a peu, lors d’un débat organisé par l’UPE13 sur le thème du Grand Marseille, un cadre haut placé d’une société d’ingénierie installée à Rousset déclarait : « Nous voulions une adresse aixoise, mais nous n’avons pas trouvé les locaux qui nous convenaient. On nous a proposé Vitrolles, mais nous n’avions pas envie que l’image de notre entreprise soit associée à cette ville.»
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Après une telle déclaration, la première réaction qui vient à l’esprit est de connaitre et comprendre les motifs qui poussent, en 2010, une société high-tech ultra-performante à refuser que son image soit associée à la ville de Vitrolles.
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Et ce questionnement rejoint le jugement sans appel fait en janvier 2009, par des automobilistes de passage s’étant arrêtés sur l’aire de repos de Vitrolles. Les journalistes locaux de la Provence avaient alors demandé à ces voyageurs ce qu’ils pensaient de la ville que l’on devine sans peine de cette aire de repos. « Il y a quoi là-bas ? Des quartiers ? Un cinéma ? Ça semble sans âme. On ne m'en a jamais parlé », « Finalement, j'assimile cette zone aux industries, à l'aéroport de Marignane. Au passé Front National, aussi. À quelque chose de gris », « Cette ville semble sans âme. Les alentours ne paraissent pas très jolis », peut on lire dans cet article, jugements lapidaires de gens de passage qui laissent peu de place à une quelconque rédemption !
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Enfin, pour finir d’étayer mon propos, que pensez des gros titres de pesse qui ont fleuri au dessus des articles lorsque le Front National, l’année dernière, profitant d’élections municipales partielles, s’est lancé à l’abordage de la mairie de Hénin-Beaumont, cette ville de 27000 habitants située dans la région Nord-Pas de Calais ? « Hénin-Beaumont, la Vitrolles du Nord » a titré sur cinq colonnes à la une la presse nationale.
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Au premier abord, on pourrait croire que la réputation négative de Vitrolles découle uniquement de son passé mégrétiste. Or, non seulement ce n’est pas le cas mais en plus si les Mégret sont arrivés au pouvoir à Vitrolles, je suis intimement convaincu que c’est justement en partie en surfant sur l’image et la réputation négative de la ville aux prises avec des « affaires » et des « dérives » sans occulter son étiquette de « ville nouvelle ». En effet, une succession de « petites » affaires ont peu à peu terni cette image de ville « calme et tranquille » qui était la sienne avant le grand boom des années soixante et dix.
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La première étiquette qui lui colla à la peau fut un temps une réalité : celle d’une ville nouvelle qui, brutalement, en une dizaine d’année, multiplie par quarante sa population. Ce qui à ce moment là, était un atout, est depuis devenu un boulet avec tout le « folklore » qu’accompagne cette étiquette : ville-dortoir, insécurité, inhumanité, etc. …
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La deuxième étiquette qui colle même de nos jours encore et toujours à la peau de notre cité du rocher, est bel et bien celle des dérives financières, politiques et même sportives de la fin des années quatre vingt et du début des années quatre vingt dix. Dans ces dérives, la plus représentative fut, sans conteste, le Stadium, devenu bien malgré lui le symbole de cette époque. Il l’est d’autant plus que, cristallisant contre lui tout ce que la ville de Vitrolles comptait d’opposants, il fut l’un des vecteurs qui, bien involontairement, amena le Front National aux portes de la mairie. Dans la catégorie des dérives de ce type, on peut rajouter pêle-mêle le club de hand-ball, la SAVEM, le club de rugby, l’aura particulière de Jean-Jacques Anglade et je suis sûr que j’en oublie tellement il y en a eu (et pour certaines, je les oublie volontairement). Le pire, c’est que pour certaines d’entre elles, la ville et ses habitants continuent à en payer les conséquences, au propre comme au figuré.
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La troisième étiquette, et non des moindre, est celle que son passé extrémiste lui valut. Pas la peine de faire un long laïus pour se rendre compte que cette étiquette est probablement la plus difficile à se débarrasser. En effet, elle touche tous les domaines dont certains des plus emblématiques et des plus médiatiques de notre société. Prenons un simple exemple : le domaine de la culture. La culture a été la première à être décimée car à la fois la plus facile à toucher, et la plus marquante dans les esprits. Tout le monde se souvient de la fermeture du « sous-marin », tout le monde se souvient de la politique frontiste appliquée dans les bibliothèques, tout le monde se souvient de la crise ayant entouré le limogeage de Mme Juin du Cinéma des Lumières. Par contre, personne n’a réalisé que cette époque était révolue, que tout cela était bel et bien fini et faisait parti du lointain passé de Vitrolles.
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De même, dans d’autres domaines tout aussi sensibles comme l’action sociale ou le réseau associatif, toute la France se souvient encore de la prime de naissance, du limogeage des médiateurs de quartiers, de la destruction du tissu associatif et personne, je dis bien personne, ne prend en compte le fait indéniable que depuis 2002 et la défaite de Catherine Mégret, tout cela a bien changé.
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Enfin, pour terminer ce bref tour d’horizon des casseroles collant à la réputation de notre ville, je ne peux passer sous silence la longue et agitée saga électorale, les actions en justice, les polémiques, les gros titres des journaux, les reportages pernicieux (et cela dans le monde entier comme le prouve un reportage de ABC Australia disponible sur le site de partage vidéo « youtube ») qui se sont succédés de 1995 à 2002.
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Seul problème, Vitrolles n’a nullement eu droit au même traitement médiatique lorsqu’elle retrouva sa normalité républicaine, aucun reportage allant à contrario de cette vision d’enfer, aucun article révélant que la « normalité » n’était de nouveau de mise à Vitrolles.
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Mais pour être tout à fait objectif, il existe un moment où cette information fut diffusée. Le seul moment où Vitrolles a été portée aux nues, ce fut lors de la brève euphorie qui suivit la victoire de Guy Obino en 2002. Et encore, lorsqu’on consulte le site de l’INA, on trouve des images de la victoire de Catherine Mégret, des images chocs des jours qui ont suivi son accession au pouvoir, des images de la mobilisation pour le « sous-marin » mais impossible de trouver la moindre image de la victoire de Guy Obino ou de la période qui s’en suivit.
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Le Front National, l’extrême-droite, une ville sans âme, une ville industrielle, une absence de communication … combien de clichés, combien de jugements à l’emporte pièce va-t-on devoir subir ? Et pour combien de temps encore ?
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L’évidence est là : en termes d’image, il y a un immense travail à faire pour notre ville. Car Vitrolles, ville au passé agité, est surtout une cité qui, depuis plus d’une décennie a été l’objet d’une lutte féroce qui l’a laissé sans réelle ambition ni projet, avec une image et une réputation qui sont dégradées : une reconquête s’impose, tout le monde est d’accord sur ce constat accablant.
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Mais ne nous trompons pas sur les buts et les moyens à mettre en œuvre : Vitrolles appartient avant tout à ses habitants, à ses travailleurs, à ses citoyens, à tous ceux qui vivent et travaillent sur le territoire de notre agglomération. C’est à eux et à eux avant tout d’agir. Il est plus que temps que nous nous en apercevions et nous réapproprions notre ville. C’est le travail de tous et non seulement celui de nos édiles, et ce travail peut et doit faire bouger la réputation de notre ville. C’est à la fois le travail de chacun et le travail de tous.
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Mais, ne nous leurrons pas, même si elle a été bien améliorée par rapport « aux années noires », l’image de notre ville traine comme un boulet son passé de laboratoire hyper médiatisé de l’extrême droite.
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Pourtant, les mêmes qui sur le parking de l’autoroute lapidaient Vitrolles, se permettaient d’adresser quelques compliments à notre ville : « Avec ces falaises, là-bas, on pourrait croire qu'on est dans un western. C'est magnifique » ou « Le site est magnifique, très vert. Je pensais qu'il n'y avait que du béton dans cette ville. Ça m'a donné envie de revenir, d'autant que j'ai eu ouï dire que ça bougeait au niveau rock. Et quand on y fait plus attention, ces immenses falaises roses en crachent vraiment et en sont une expression ».
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Et sur un blog dédié aux promenades au sein de la nature, on pouvait lire à propos des sources de l’Infernet : « On imagine mal un endroit si naturel près de Vitrolles »
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Ces quelques compliments font chaud au cœur. Ils prouvent que tout n’est pas perdu et que son image et sa réputation peuvent changer. Il est donc temps désormais de se retrousser les manches, de montrer que Vitrolles ne s’arrête pas qu’à des zones industrielles sans âme (sur lesquelles d’ailleurs il y aurait beaucoup à dire), qu’à un passé extrémiste (révolu maintenant), qu’à une ville-dortoir (ce qui reste à prouver).
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A l’heure où le Port de Marseille se tourne vers les croisières (et je suis bien placé pour le savoir), où l’aéroport ouvre de nouvelles liaisons tous les mois, où la gare de l’Arbois draine de plus en plus de clients, où l’on parle de Métropole, de réforme des collectivités, il est plus que temps de changer cette impression négative qui nous colle à la peau. Il est plus que temps de permettre à la nouvelle image de changement que Vitrolles veut véhiculer, de naitre et se de se conforter. Il est plus que temps d’expliquer haut et fort, de croire et clamer que « Vitrolles n’est plus d’extrême-droite » et que si elle l’a été par le passé, c’est par pur opportunisme, par rejet d’une conception de la politique totalement dépassée.
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Feu notre maire, Guy Obino, quelque soit les reproches que j’ai pu lui faire par le passé, avait raison sur ce point crucial : son cheval de bataille était de redonner la fierté aux vitrollais et faire revenir sa ville dans la normalité républicaine. C’est un cheval de bataille que nous devons nous aussi enfourcher pour terminer le travail commencé.
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Pour la normalité, nous avons tous conscience que c’est chose faite depuis 2002. Pour la fierté, il y a encore du travail mais en retroussant nos manches, tous ensembles, nous devrions y parvenir. Le combat pour redonner une image saine, sereine et pacifiée de notre commune doit être poursuivi.
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Pour étayer ce propos, je me permets de reprendre cet extrait du discours de Loic Gachon, alors Premier Adjoint de Vitrolles, prononcé sur le parvis de la mairie le jour de l’enterrement de Guy Obino : « Il nous appartient, au-delà de notre chagrin, de notre sentiment d’être aujourd’hui orphelins, de reprendre le flambeau en étant unis, solidaires et déterminés afin que l’avenir radieux dont il rêvait pour notre ville - parce qu’elle le mérite - puisse voir le jour. »
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Vitrolles possède des trésors indéniables comme son patrimoine, son histoire, ses associations, sa dynamique industrielle et économique, son plateau mais le joyau de ces trésors est sans conteste possible son vieux village avec son rocher. Changer l’image de Vitrolles passe aussi par la mise en valeur systématique de ces atouts. Il ne suffit pas de s’ébaudir sur notre vieux-village, encore faut-il le mettre en valeur et faire connaitre son existence à tous. Il ne suffit pas d’écrire dans le journal municipal que les zones économiques entourant Vitrolles sont les plus dynamiques de la région PACA, encore faut-il diffuser la nouvelle au plus haut niveau. Tous ces atouts, font appel à l'idée d'un héritage légué par les générations qui nous ont précédées, et que nous devons transmettre intact aux générations futures.
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Au moment même où « Grand Vitrolles », premier pôle commerçant de la région, bat des records de fréquentations, Vitrolles en tant que ville n’est même pas présente sous la forme du plus simple des dépliants touristiques. Rien ne permet de faire levier pour faire changer de manière positive notre image. Les clients extérieurs de ce centre commercial ne retiennent dans leur inconscient que les immenses parkings et l’environnement en béton les entourant. Pas facile dans ces conditions de donner une image positive de la cité.
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Ce travail sur soi-même, même s’il doit être l’œuvre de tous, d’une manière quotidienne et répétée, doit être insufflé aussi et surtout par ceux qui nous représentent. Or, que penser quand, lors d’une délibération sur le tourisme à Vitrolles (activité qui est l’un des piliers de base pour changer une image), certains élus se gaussent de notre patrimoine même industriels en lançant goguenard « On peut même rajouter la station d’épuration à la liste » (et c’est vrai que l’on pourrait, n’en déplaise à certains esprits chagrins). Il est alors difficile de croire que tout est fait et entreprit concernant la carte touristique et patrimoniale et, par incidence directe, que tout est fait et entreprit pour changer la réputation de notre ville.
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L’évidence est là ; je ne cesse de le répéter depuis le début de cet article : il y a un immense travail à faire pour notre ville en termes d’image. Ce travail doit être fait par tous les moyens à notre disposition y compris les plus incongrus mais aussi par le biais du tourisme et avant tour à la source (aéroport, port, gare et même centre commercial). Même si notre patrimoine touristique ne peut être comparé à d’autres villes mieux dotées, l’Office du Tourisme doit en être l’un des moteurs. Vitrolles possède des trésors indéniables : le plateau, le Parc du Griffon, une histoire bien riche et, bien entendu, le joyau de ce patrimoine : notre vieux village. Tout ce potentiel doit être mis en valeur.
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Ce travail de remise en perspective et de correction de réputation est un travail de tous les jours pour tous les habitants et de toutes les tendances politiques. Dans ce domaine, nous devons tous jouer la même partition et prendre exemple sur les « packs » de mon très cher rugby : au plus ils sont homogènes, au plus « la chance de gagne » est grande.
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Vitrolles n’est plus d’Extrême-droite ! (l’a-t-elle été réellement un jour d’ailleurs ? Il faudra que je fasse un papier là-dessus) Il est temps que l’on s’en aperçoive et qu’on le clame ! Et c’est notre devoir de vitrollais de le faire savoir.
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Changer une réputation est long. Changer une réputation est difficile. Changer une réputation ne peut s’effectuer qu’avec le concours de tous. Une seule chose est sûre : l’image donnée par Vitrolles à l’extérieur s’est dégradée et une reconquête s’impose.
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Donc, par pitié, tout le monde sur le pont pour ce combat qui s’annonce titanesque !
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