vendredi 10 avril 2009

Justification foireuse de parlementaires trompés

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Vendredi 10 avril 2009 :
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Comment voulez-vous dans une véritable démocratie et un état de droit digne de ce nom défendre les valeurs républicaines quand, pour une loi polémique comme celle de la Création sur Internet, seul 36 députés sur 577 députés sont présents physiquement au moment du vote ?
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Et comment pouvoir défendre les politiques en général quand on entend pareilles c*** sortir de la bouche d’un rapporteur de loi et d’une ministre en exercice. Ce sont des perles d’une telle énormité que je ne peux m’empêcher de vous les faire partager :
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« Encore une fois par une manœuvre politicienne, les députés socialistes ont débarqué juste au moment du vote pour voter contre. Je crois vraiment que ce n'est pas digne d'un bon fonctionnement du Parlement » clame sur tous les toits Franck Riester.
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Voilà donc un député qui reproche à d’autres députés de faire leur boulot en venant voter ! Pour lui, un député qui vote est un danger pour le Parlement … J’hallucine ! Comment peut-on tenir de tel propos quand on est soi-même député ?
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Quant à Christine Albanel, Ministre de la république, elle atteint le degré zéro de la politique en dénonçant « la triste comédie à laquelle se sont livrés les députés de l'opposition, dont une quinzaine ont dissimulé leur présence pour surgir dans l'hémicycle à la minute même du scrutin».
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Monsieur le Président, si la loi n’a pas été adoptée, c’est la faute à ces quinze gugusses qui ont joué à cache-cache dans les couloirs du Parlement …
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Par pitié, soyons sérieux !
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Le gouvernement n’a tout simplement pas réussi à mobiliser ses troupes sur un sujet qui divise sa majorité. Le très faible nombre de députés UMP présents en séance au moment du vote montre clairement que ce texte était loin de rassembler au sein du groupe majoritaire. De plus, ces derniers temps, plusieurs députés UMP ne se cachaient plus pour dire qu'ils ne voteraient pas ce texte.
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En fait, la majorité est prise à son propre piège qui consiste à refuser de plus en plus les votes dits "solennels", votes qui sont organisés à un jour et à une heure connus à l'avance pour que chacun puisse s'organiser et être effectivement présent ou donner sa procuration. Le gouvernement refuse cette procédure, pourtant la plus transparente (le vote est nominatif – on sait donc qui a voté quoi), au motif qu'elle retarde l'adoption des textes (de quelques jours seulement). Il y a surtout une raison moins avouable: les divisions de la majorité, lorsqu'il y en a, se voient directement après le vote à la lecture du relevé des votes.
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Christine Albanel a d’ore et déjà annoncé sont intention de représenter le texte le 28 avril. Il ne reste plus qu'à espérer que le gouvernement et la majorité UMP saisissent cette occasion pour remettre ce texte à plat.
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Mieux vaut « pas de loi » qu’une loi injuste et bâclée.
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Et je terminerais par cet extrait d’une interview récente de Jali, membre éminent du « Massalia Sound System » dont je partage pleinement l’analyse : « En tant qu'artiste, aucune loi de ce type ne peut me satisfaire. Je ne suis pas contre le téléchargement, je ne suis pas pour. En revanche, je ne veux pas perdre mon revenu. Le problème, c'est que ce texte ne répond à cette question. En plus, le débat est dépassé : aujourd'hui, le véritable enjeu, c'est le streaming. Le gouvernement est en retard d'une révolution technologique ! Il y a d'autres lois à faire pour protéger les artistes. De grâce, qu'on arrête de nous prendre pour des cons !. »
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