lundi 19 octobre 2009

Un nouveau paradoxe israélien

.
Lundi 19 octobre 2009 :
.
Israël, déjà aux prises avec le problème palestinien, voit un nouveau problème poindre à ses frontières, plus particulièrement sur sa frontière sud avec l’Egypte : en l’occurrence l’afflux d’immigrants en provenance d’Afrique noire qui veulent tenter leur chance au sein de l’état hébreu.
.
Un rapport d’enquête de Tsahal (l’armée israélienne) évalue à plus d’un million d’individus le nombre de réfugiés en provenance d'Afrique espérant passer la frontière et entrer illégalement en Israël dans les prochains mois.
.
La situation se détériorerait de manière dramatique depuis le milieu de l’été. Jusqu’à la fin juin, les autorités évaluaient à 200 ou 300 le nombre mensuel de réfugiés africains franchissant clandestinement la frontière Israélo-égyptienne. Le bureau local de l’UNHCR faisait état le 2 juillet 2009 de 14766 demandeurs d’asile en Israël, tandis que le Refugee Rights Forum (RRF – qui rassemble huit ONG œuvrant activement pour la promotion des droits des réfugiés et des demandeurs d’asile en Israël) évoquait un nombre supérieur à 17000.
.
Pour mémoire, Israël, pourtant signataire de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, ne dispose d’aucune loi régissant le statut des réfugiés.
.
Des réglementations peuvent toutefois autoriser les demandeurs d’asile à travailler, et octroyer à ces derniers une protection temporaire et un droit de non-refoulement (engagement à ne pas contraindre les réfugiés à regagner leur pays d’origine).
.
Presque tous les demandeurs d’asile arrivent d’Egypte la nuit. La frontière sud de l’Israël, de plus de 230 km de long, est particulièrement perméable, les deux Etats n’étant séparés que par un grillage bas. Moyennant plusieurs centaines de dollars, les demandeurs d’asile se font conduire à la frontière par des guides bédouins, où ils risquent d’être abattus par les garde-frontières égyptiens.
.
Conséquence directe de ce rapport : Plusieurs députés de la Knesset réclame la mise en place immédiate d’une clôture électrifiée le long de la frontière avec l’Egypte (Cout évalué de ce projet ; un million de dollars … du kilomètre). Le but de ce nouveau projet pharaonique ; tenter de réduire sensiblement le nombre d’immigrants.
.
Seul problème : si le flux des immigrants déstabilise les municipalités du sud d’Israël, tout le monde ne voit pas cet afflux d’un mauvais œil, bien au contraire. Car Israël, pays agraire par excellence, est aussi aux prises avec un problème dramatique pour son économie : le manque de main d’œuvre pour son secteur agricole.
.
En effet, pour pallier le manque de main d’œuvre chronique depuis le début de l’intifada, les autorités israéliennes ont passé un accord avec la Thaïlande permettant aux ressortissants de ce pays de venir travailler dans les exploitations agricoles. A l’heure actuelle, ce ne sont pas de 26 000 employés étrangers qui séjournent sur le sol israélien, soit 1 500 emplois de moins que ce que prévoient les accords entre les fermiers et le gouvernement. D’où une perte de rentabilité des fermes israéliennes.
.
Car, devant la détérioration de la situatation et de peur de voir des exploitations gâchées en raison d’un important manque de main d’œuvre, un accord a été passé entre le gouvernement et les fermiers israéliens concédant l’emploi de travailleurs étrangers. L’accord récemment passé entre le secrétaire général de l’association des agriculteurs et le gouvernement doit réguler l’emploi fermier pour les cinq prochaines années. Le nombre d’immigrés devrait progressivement diminuer alors que le secteur de recherche en technologies agricoles recevra une subvention de 320 millions de shekels.

Or, ces mêmes fermiers voient dans l’afflux des clandestins un moyen facile et efficace de palier ce manque de main d’œuvre qui ne les rends pas capables de récolter les fruits de leur exploitation.
.
Mais Israël n’en est plus à un paradoxe prêt : empêcher une main d’œuvre locale au profit d’une main d’œuvre « importée » ou « clandestine ».
.
Dans tous les cas, une affaire à suivre.
.
.

1 commentaire:

Filipovic a dit…

Bravo pour cet article, qui sort du sempiternel problème politique entre Israel et Palestine.

Ce sujet est intéressant et je n'étais pas au courant de ce problème d'immigration même si Israel doit y faire face de façon récurrente dans le cadre du programme shvout, le retour aux sources.

Et je suis d'accord, Israel n'est pas à un paradoxe prêt...