jeudi 10 juin 2010

Grand Marseille : la guerre est déclarée !

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Jeudi 10 juin 2010 :
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Lorsque les grandes causes ou les grandes injustices sont flagrantes, alors il peut y avoir une unité politique où les grands blocs qu’ils soient de droite ou de gauche se rejoignent. La réforme des collectivités territoriales est une de ces causes qui, dans notre région, fait presque l’unanimité contre elle.
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Le plus amusant (ou le plus navrant suivant que l’on soit optimiste ou pessimiste), c’est que tout le monde a conscience qu’une telle réforme est non seulement souhaitable mais vraiment nécessaire.
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Pourtant, cette réforme fait l’unanimité contre elle au point d’amener Maryse Joissains, président de la CPA, et « plus grande gauchiste devant l’éternel » que l’on connaisse (c’est une boutade, bien sûr) à aller manifester devant l’Elysée avec les autres élus de notre intercommunalité, toute tendance confondue.
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Outre le fait que cette réforme semble mal conçue, elle attire contre elle les plus féroces critiques des observateurs et analystes politiques mettant en avant quelques « grandes peurs », souvent justifiées. Et c’est là où le bat blesse ! Cette loi est mal préparée, mal négociée, mal présentée.
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Ainsi, pêle-mêle, on peut critiquer le pouvoir exorbitant donné aux métropoles, la stigmatisation de l’élu de proximité, l’apparition de super élus qui regrouperont tous les pouvoirs, une recentralisation excessive, une volonté de tuer toute forme de contre-pouvoir représenté par les départements et les régions, voilà ce qui se cache derrière une réforme que l’on tente de nous faire passer pour anodine.
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Avant la révolution de 1789, nous avions le Duché de Guyenne, le Comté de Provence et autant de potentat locaux avec une faible élite qui détenait tous les pouvoirs. Maintenant, sous le couvert de démocratie, d’économie, on nous ressort ces vieux clivages mais sous la forme de Métropole qui seront autant de potentat potentiel aux mains de grands élus.
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Vous me direz que c’est déjà un peu le cas maintenant. Mais, imaginez ce que pourrait être un Fréche ou un Balkany, pour n’en citer que deux, avec encore plus de pouvoirs décisionnaires.
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Malgré toutes les critiques et attaques que j’ai pu faire et que je ferais encore à l’encontre de Maryse Joissains, je suis pourtant en totale adéquation avec elle quand elle déclare : « Le maire, c’est l’incarnation de la proximité, on ne peut pas imaginer qu’il n’ait plus un jour les responsabilités qui sont les siennes aujourd’hui, qu’il soit réduit à un rôle d’état civil ou de potiche… C’est pourtant la philosophie de la réforme. »
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Une réforme mettant en avant une super métropole qui aurait tout pouvoir de l’urbanisme à la taxation ne laissant aux élus locaux que « l’inauguration des chrysanthèmes » est une hérésie. L’efficacité n’est certainement pas que Marseille gère l’ensemble du territoire.
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Et je suis très heureux de voir la présidente de la CPA partager entièrement mes positions qui sont que les communes conservent leurs compétences actuelles dont surtout celui de l’urbanisme, qu’elles transfèrent volontairement des compétences aux intercommunalités et que la Métropole, ou plutôt pour être précis l’aire métropolitaine gère les grands dossiers comme les universités, les ports, les transports et … l’aéroport puisque visiblement celui-ci intéresse beaucoup de monde
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Entre parenthèse, pour répondre aux donneurs de leçon qui stigmatise les communes qui ne veulent pas du Grand Marseille sous prétexte que toutes les villes environnantes ne sont que des villes dortoirs et que le « vrai » travail se fait à Marseille, je pense qu’ils n’ont pas vu l’entrée sur Vitrolles le matin ni sa sortie le soir, qu’ils ne fréquentent pas la RD9 allant vers Aix et les Milles. Les marseillais travaillent aussi en grand nombre à l’extérieur de la commune.
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Enfin, malgré la tentative de Renaud Muselier pour dégonfler l’effet du référendum de la communauté aubagnaise, c’est cette fois-ci la communauté du Pays d’Aix qui dit clairement non à une Métropole hégémonique, prenant en tenaille un Marseille qui devra se tourner vers un préfet qui, au surprise, va voir ses prérogatives augmenter.
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Comme cela est pratique au moment où la guerre est déclarée !
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