dimanche 6 juin 2010

L’info dimanche : Le « Grand Marseille » en difficulté ?

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Dimanche 6 juin 2010 :
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La nouvelle rubrique de mon blog, « l’info du dimanche », cette information locale, régionale ou nationale glanée dans la presse et qui m’a fait bondir de colère ou de joie durant la semaine.
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Comme cela faisait longtemps, j’ai fait une petite visite à l’excellent site « marsactu.fr » où j’y ai déniché cet article sur le « Grand Marseille ». Et je dois vous avouer que je partage parfaitement l’analyse qui y est faite : oui à un « Grand Marseille » de syndication, non à un « Grand Marseille » hégémonique.
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Ne m’appelez plus jamais « Grand Marseille »
Par Fabien Pecot le 31 mai 2010

Encore une réunion, encore de grandes déclarations, encore des absents, encore des fins de non recevoir, le Grand Marseille avance, ou plutôt tourne en rond. A lire les différents articles sur le sujet, on a vite l’impression que les positions de chacun n’ont pas bougé d’un yota, que les sujets qui fâchent sont toujours les mêmes, et de même pour les projets.

Arrivera-t-on au bout de cette manière ? Peut-être. Le gouvernement pourrait imposer par la loi sa vision de la métropole marseillaise. Peut-on proposer une métropole différente ? Sûrement. Nous avons la chance d’être face à un territoire très particulier et très différent des autres métropoles françaises car l’espace est très décentralisé : universités à Aix, industries autour de l’étang de Berre, zones commerciales entre Aix, Marseille et Aubagne. Si nous devions comparer la métropole marseillaise à un pays, elle serait plus proche de l’Allemagne que de la France. Et c’est peut-être ce qui la rend difficile à envisager pour des énarques et autres hauts fonctionnaires nourris au jacobinisme et à l’hypercentralisation depuis le biberon.

Bernard Morel (1) a écrit à propos des différents projets qui se sont succédés « le Grand Marseille, c’était un Marseille plus grand », en effet, l’idée d’un Grand Marseille existe dans les cartons des édiles phocéens depuis la fin de la Première Guerre mondiale, sous la forme d’une extension des frontières au service de la ville centre. Et c’est justement tout ce qui est inacceptable pour les autres communes des Bouches du Rhône pour la bonne est simple raison que Marseille n’est ni Barcelone, ni Milan, et n’a plus la légitimité de s’imposer à un territoire qui concentre la moitié de la population de la métropole, l’essentiel des richesses et des zones d’activités ; un territoire qui se structure depuis plus de cinquante ans en opposition à Marseille, avec grand succès.

Prenons le cas d’Aix-en-Provence, ville réticente s’il en est à un projet de Grand Marseille. Petit flashback : voilà une ville ignorée superbement par une Marseille triomphante qui venait de lui ravir le rôle de capitale régionale au début du XIXème, voilà que 150 ans plus tard, après la Seconde Guerre Mondiale, Marseille s’embourbe et Aix saisit l’opportunité de « se refaire » face à la grande ville. En proposant un modèle diamétralement opposé à Marseille (petit, bourgeois, tertiaire, universitaire), Aix réussi à retrouver un peu du panache et du prestige qu’elle avait sous l’Ancien Régime et parvient à se tailler une place dans le paysage national : combien de ville de la taille d’Aix ont cette notoriété et cette image ? Alors ce n’est pas après tout ça que les aixois vont accepter de « brader » leur entrée dans une métropole avec Marseille, et on ne peut que comprendre leurs motivations !

Abandonnons ce terme de Grand Marseille qui laisse entendre que la ville va absorber toutes les ressources du territoire pour nourrir ses ambitions de métropole internationale. Abandonnons ce nom et ce concept jacobin pour inventer un nouveau modèle de métropole décentralisée qui soit acceptable par tous.

Car sans le savoir ou l’assumer clairement, habitants et politiques, même les plus récalcitrants, vivent déjà dans la métropole marseillaise : ils travaillent, habitent, se détendent, font leur course… dans un espace qui ne s’arrêtent pas aux limites de leur commune, et font régulièrement l’expérience des défauts de cet espace trop divisé.

La métropole que nous appelons de nos voeux propose un système de transports unique et efficace, fait de l’université d’Aix-Marseille une des meilleures de France, protège nos sites naturels exceptionnels, surveille les financements gargantuesques de l’Etat à Paris et s’assure que notre territoire ne soit pas lésé.

Plus concrètement, elle construit des lignes de TER entre les différents bassins de population et d’activité, elle renforce et dynamise l’emploi industriel autour de Berre, elle ne construit pas l’incinérateur à Fos sans concertation avec les riverains et en proposant des compensations, elle fait du festival de la photographie d’Arles un événement majeur en Europe, et bien sûr, s’occupe du rayonnement international et des infrastructures de la ville de Marseille…

La métropole que nous appelons de nos voeux travaille à renforcer tous les territoires dont elle a la responsabilité, elle n’est jamais dirigée par le maire de Marseille pour mieux équilibrer les pouvoirs, elle fait des « gestes » symboliques et forts pour montrer qu’elle ne reproduit pas ce centralisme que nous détestons tant en France, comme par exemple installer le siège de l’Université à Aix, ou la direction des affaires culturelles à Arles.

Car c’est en renforçant l’ensemble de sa métropole que Marseille deviendra grand.

1: Bernard Morel, Professeur à l’Université d’Aix-Marseille, ancien conseiller du Président Vauzelle

1 commentaire:

Nathalie a dit…

Pour info, Bernard MOREL était bien le conseiller de Vauzelle. Aujourd'hui, il est conseiller régional !