jeudi 27 janvier 2011

Angoulême 2011 : où va la B.D. ?

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Jeudi 27 janvier 2011 :
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Angoulême 2011 : c’est aujourd’hui que le trente-huitième festival international de bande dessinée ouvre ses portes sous la présidence du dessinateur Baru.
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Fini le temps des remises en causes financières et bienvenue à la grande messe annuelle qui devient de plus en plus people au fil du temps mais avec toujours une exigence artistique qui fait honneur à ce raout.
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Je me permets par contre, en ce premier jour de festival, une digression : Si Angoulême demeure le rendez-vous incontournable des fans de bande dessinée, les prix qu'il distribue sont aujourd'hui très éloignés des goûts du grand public. Je ne mets nullement en cause le talent et le génie des personnes récompensées, je me pose simplement la question de comprendre comment prix et réalité du public peuvent être aussi éloignés que Mercure et Pluton.
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Couronné l'an passé Grand Prix de la ville d'Angoulême, Hervé Baruela, dit Baru est le messager ce dette édition. Pourtant, malgré son talent immense, malgré ses facilités à raconter de formidables histoires, qui connaît Baru dans le grand public ?
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Et se pose alors la question de définir ce que l’on célèbre à Angoulême depuis 38 ans. Quelle bandes dessinées est le centre du monde durant ce dernier week-end de janvier ? Nous sommes loin de la réunion entre potes sous un chapiteau aux chauffages défaillants ou dans les sous-sols d’un parking en construction. Nous sommes désormais au FIDB, un festival international, excusez du peu.
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Or, le palmarès, si l’on y regarde d’un peu plus près, n’est pas si international que cela. A peine deux américains (Will Eisner en 1975 et l’énorme Crumb en 1999), quatre belges (et combien de l’école belge sur ces quatre !), une suisse (Zep) et un argentin (Munoz). Est-ce normal de récompenser le belge Schuiten et oublier son complice et incontournable Peteers (probablement parce qu’il est scénariste et que les scénaristes ne produisent rien, c’est bien connu). Pourquoi aucun japonais ? Les mangas, c’est de la merde, tout le monde le sait. Est-ce que la version manga du « Capital » de Karl Marx sera un jour récompensée ?
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Autre problématique : malgré la présence omniprésente de la FNAC, il est symptomatique que prix, éditeurs, dessinateurs, s’adressent plutôt à un public averti et connaisseur qu’à un grand public. Bilan : une coupure nette et sans appel avec les aspirations du public qui trouve désormais la majorité de son inspiration dans les rayons des hypermarchés.
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Pour terminer, une anecdote : un hypermarché de Vitrolles, rayon BD, un samedi après-midi. Votre serviteur se dit que ce serait sympa d’acheter pour un anniversaire les trois derniers tomes de « Valerian et Laureline » de Mézières et Christin, série dont le dernier des derniers tomes est sortie l’année dernière lors du festival d’Angoulême. Malgré des recherches dans les rayons, aucun album de Valerian et encore moins un quelconque album d’un de ces deux auteurs. A ma question de savoir si l’on peut les trouver dans ce magasin, le chef de rayon (j’ai bien écris le chef du rayon) me répond : « Mézières et Christin : je ne connais pas. Normal, il y a tellement de jeunes auteurs actuellement ». Devant mon insistance : « Valerian ? Non vraiment, cela ne me dit rien ! ». Sans autre commentaire !
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Alors, oui, on peut se poser la question de « où va la BD ? »
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Remarque : Le festival attire chaque année près de 200 000 personnes en quatre jours.
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