vendredi 28 janvier 2011

Baru et les damnés de la terre

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Vendredi 28 janvier 2011 :
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Deuxième journée du estival d’Angoulême et penchons nous sur le Grand-Prix 2010 qui, par tradition, préside cette édition 2011. Je veux bien entendu d’Hervé Baruléa plus connu sous son pseudonyme de Baru.
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Agé de 62 ans, il est l'auteur depuis les années 1980 de nombreux albums centrés notamment sur le monde de l'adolescence. Dessinateur au trait énergique et à la forte sensibilité sociale, raconte depuis trente ans des histoires d'adolescents de milieux populaires. Baru est notamment l'auteur de Roulez jeunesse (1991) et de L'autoroute du soleil en 1996, qui avait déjà reçu le prix du meilleur album en 1996 à Angoulême. Ses albums sont publiés aux éditions Casterman. Son dernier album, Noir est paru en 2009.
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A la clef de cette présidence, la possibilité d’imprimer sa marque au festival et une exposition originale. Baru ne s’est pas fait prier et a imposé son style « social » à ce monde de la bande dessinée qui, depuis longtemps, a troqué le vin rouge saucisson pour le caviar champagne !
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Car l’expo, traditionnellement le phare d’Angoulême, est cette année volontairement provocatrice et résolument politique. Lénine ne pointe plus sa main vers un horizon plein d'espérances. Couchée sur le parvis, la statue en polystyrène, elle indique seulement l’entrée du CNBDI où se trouve l’exposition que Baru a baptisée « DLDDLT », pour « Debout Les Damnés De La Terre ».
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« Ce Lénine qui a l'air de nager, c'est finalement la synthèse de l'exposition, l'image d'une grandeur passée, d'une déchéance et de l'enracinement, ces vingt dernières années, d'un libéralisme forcené qui a vidé le pays de la plupart des unités de production effective », appuie Baru.
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Elle retrace un pan d’histoire du monde ouvrier, de la fin de l’âge d’or de l’usine à la fermeture des aciéries de sa région, la Lorraine. Cette histoire centenaire, Baru l'a mise en scène en entrant dans l'intimité de son œuvre, dans le quotidien de ces gens de peu, dépeint avec tendresse et humanité. Dominé par un écran qui voit défiler des visages d'un autre temps, le visiteur suit donc les pas de l'immigré italien. La porte est ouverte, « parce que le milieu prolo a toujours été accueillant avec l'étranger »
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« Il n’y a pas de différence entre les cités ouvrières d’avant et les banlieues d’aujourd’hui, explique Baru sur un cartouche au mur. Avant les gens travaillaient et leurs enfants aussi. Aujourd’hui on a repoussé ces ghettos de chômeurs et de miséreux à la périphérie des villes, comme des ordures dont on se débarrasse. Les banlieues, des zones habitées par des gens humiliés, désespérés, qui ne trouvent plus la voie royale de la reconnaissance. »
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Merci à « Freak » Imanol pour la photo de Baru devant la statue et pour la description de l’expo. Bois une bière à ma santé !
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