jeudi 10 février 2011

Le malaise de la Police : inquiétant !

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Jeudi 10 février 2011 :
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Olivier Henno, responsable de la Sécurité au sein du Shadow cabinet, a réagi mardi 8 février à l'inquiétude de la Police nationale.
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"Le gouvernement fait face à une fronde au sein de la magistrature mais également des forces de l'ordre. Le "blues" des "bleus" qui traine depuis plusieurs mois s'est transformé en franche colère, spectaculairement exprimée avec le cafouillage autour de l'annonce de la suppression de deux compagnies de CRS à Lyon et Marseille.
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Cela a généré un mouvement de protestation jamais rencontré jusqu'à présent dans ces unités (grèves de la faim, arrêts maladie ou des procès verbaux enregistrées)."
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"La colère des CRS se propage aujourd’hui chez les gendarmes et les policiers. A Montbrison, Annonay, Graulhet, Fourmies, Pertuis, Libourne, Arras, les fonctionnaires, leurs familles et les élus locaux n’hésitent plus à exposer au grand jour leur ras-le-bol et leur crainte justifiée pour leur avenir. Le président de l’Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie pointe du doigt "l’incohérence de la politique de sécurité actuelle" mise en exergue par ces mouvements syndicaux des policiers rejoints par les gendarmes mobiles.
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Les manifestations et les témoignages réguliers de policiers ces dernières années mettent toujours en avant l’épuisement des fonctionnaires face à une absurde et inefficace politique du chiffre accompagnée de baisses d’effectifs, une redéfinition constante des priorités, une détérioration de l’image des forces de l’ordre... Les dépressions se multiplient dans la police et dans la gendarmerie, et le risque de suicide y est supérieur de 36 pour cent à celui du reste de la population !
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Ce malaise est aujourd’hui exacerbé par les décisions relevant de la Réduction générale des politiques publiques (RGPP) qui ont déjà entraîné la suppression de plus de 4.000 postes de policiers depuis 2007, et se traduira cette année par 712 postes en moins côté police et 957 côté gendarmerie. Nous soutenons les efforts de bonne gestion des finances publiques mais ceux-ci peuvent ils se faire au détriment de la sécurité de nos concitoyens alors même que ce gouvernement affirme que la sécurité est la priorité des priorités ?
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Chacun observe que la délinquance violente est en augmentation dans notre société. Et que propose le gouvernement ? Par souci d’économie il encourage la privatisation de la sécurité en France (le texte de LOPPSI2 fait des entreprises de sécurité privées « des acteurs à part entière de la Sécurité Intérieure" en envisageant des compétences "partagées" voire "déléguées"), au risque de créer des inégalités territoriales dans l’accès à la sécurité, droit pourtant inscrit dans notre Constitution.
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Plus cynique encore : en même temps qu’on supprime les postes de fonctionnaires de police on étend aux citoyens volontaires la "réserve civile" de la police nationale, donnant ainsi la possibilité à ces « réservistes » rémunérés de dresser des procès-verbaux, de porter une arme ou d'effectuer des missions de "police judiciaire". La seule condition est d’avoir 18 ans, un casier judiciaire vierge et la nationalité française. Un député de la majorité a même explicitement affirmé qu’il s'agissait ainsi de compenser la diminution du nombre de postes au sein de la police nationale et d'avoir "plus d'effectifs mobilisables en temps réel, et plus disponibles". Les policiers et les gendarmes apprécieront !
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Autre conséquence mise en lumière par une étude récente de l'Association des Petites Villes de France (APVF) : 62 pour cent des maires ayant connu une baisse d'effectifs dans leur commissariat ou gendarmerie ont dû augmenter le nombre de leurs policiers municipaux. 75 pour cent de ces maires affirment avoir recruté au moins 5 agents pour faire face à cette diminution des forces de police d'État. L'APVF dénonce à juste titre "un nouvel exemple de transferts de charges insidieux de l'État vers les communes", appelant "l'État à ne pas se défausser de ses compétences régaliennes sur les collectivités en matière de sécurité". Bien évidemment cette politique favorise les villes riches à forte police municipale et défavorise encore les villes plus pauvres qui ont fait confiance à l’État pour assurer leur sécurité. Avec toutes ces mesures, il y aura à l'évidence des niveaux de sécurité très différents selon la richesse des collectivités locales…
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La politique de sécurité et de lutte contre la délinquance ne consiste pas à défendre ou à accuser sans cesse telle ou telle profession, telle ou telle catégorie de population. Il est nécessaire d’établir une stratégie globale à long terme de sécurité publique : création d'une véritable "Police Territoriale" de proximité, meilleure répartition des missions et des zones d’interventions, formation renforcée et revalorisation des métiers de la sécurité publique, décentralisation de la prévention de la délinquance par le renforcement de la contractualisation entre tous les acteurs concernés (État, collectivités locales, associations, Éducation Nationale,etc). Voilà des pistes de réflexion concrètes pour remettre la politique de sécurité sur les rails !
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Olivier Henno
Responsable de la Sécurité au sein du Shadow cabinet
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