samedi 24 mars 2007

Journée de tractage à la Frescoule

Samedi 24 mars 2007
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Aujourd’hui, c’était la journée de tractage organisée par l’UDF. Pour ma part, je vais faire mon devoir à La Frescoule en compagnie d’Alain Migliore. Celui-ci est nettement plus attiré par le défi du débat que moi. Il n’est pas représentant pharmaceutique pour rien. Je lui laisse donc le soin de convaincre tandis que je m’occupe des boites aux lettres

Après deux petites heures à arpenter le trottoir, nous nous séparons avec le sentiment du devoir accompli. Avant de rentrer à la maison, je m’arrête à ma boulangerie préférée pour acheter deux baguettes. Chaque fois que je suis dans ce magasin, je ne peux m’empêcher de penser au sketch de Fernand Reynaud sur « ces étrangers qui volent le pain des français ». Mon boulanger est d’origine magrébine et son pain est excellent ! Il sourit en voyant mon paquet de tract que j’ai encore en main mais ne fait aucun commentaire devant sa clientèle en prenant le papier appelant à voter pour Bayrou que je lui tends.

Je suis sur le trottoir, mes baguettes sous le bras, les tracts en équilibres instables sur mon genou, en train de chercher mes clefs de voiture, lorsque je suis abordé par une femme qui était juste derrière moi dans la boulangerie.

« Votre candidat, qu’est ce qu’il compte faire pour nous ? »

Je la regarde, un peu surpris, me demandant ce qu’elle sous entend pas le mot « nous ». Est ce une identification à la communauté magrébine, dont elle fait partie ? Est-ce sur le fait d’être une femme ? une musulmane ?

Je comprends dès qu’elle se met à expliciter sa question. Elle me parle des Pins où elle habite, de ses attentes, de ses problèmes. Un véritable monologue où il ressort qu’elle me réclame (où plutôt qu’elle réclame à « mon » candidat) de l’ordre, de la reconnaissance, des règles et … de l’autorité.

« Dans mon quartier, on laisse les enfants faire ce qu’ils veulent. Plus personne ne les reprends même pas les professeurs qui d’ailleurs, ont des instructions en ce sens. Dans ma jeunesse, j’ai reçu des fessées de mes voisins quand je faisais des conneries. Maintenant, qui s’y risque ? Même pas la police et encore moins les parents ! »

J’explique la position de l’UDF sur le sujet, je m’étends sur le fait qu’il faut réimplanter l’Etat dans ces zones difficiles. Je lui parle du projet sur le réaménagement des banlieues, sur l’intégration.

Elle décroche. « Vous n’avez pas compris ce problème d’intégration. Mon grand-père est arrivé en France en 1917 dans les camions des Tirailleurs Algériens. Il n’est jamais reparti ... Mon ainée qui est majeure est de la quatrième génération, mais pourtant, elle est toujours considérée comme « issue de l'immigration ». Et moi, qui ait suivi un cursus éducatif exemplaire, qui possède une licence en génie civil, je n’ai jamais trouvé de C.D.I. et j’habite toujours les Pins ! »

Je suis sonné debout. Elle enfonce le clou.

« Vous savez, je vais peut-être vous choquer mais Sarkozy, il a eu raison lorsqu’il a parlé du Karcher et que la France ne pouvait accueillir tous le monde. Les sans papiers, il faut les expulser justement parce qu’ils sont sans papier. »

Je lui parle de l’immigration contrôlée et de l’intégration. Elle est dubitative. Elle m’explique que son immeuble, peuplé « d’immigrés » au sens dévoyé du terme, vote Le Pen en grande majorité justement à cause de ce type de discours. « Ils sont beaucoup plus radicaux que vous le pensez ! »

L’heure tourne et je dois renter à la maison. Je m ‘échappe. Elle sourit. « Ne vous inquiétez pas, même si Le Pen est majoritaire dans mon immeuble, je ne voterais pas pour lui … Ni pour Sarkozy d’ailleurs. Mon père se retournerait dans sa tombe. »

Je souris en lui tendant le tract que j’ai en main. Elle le prend et le glisse dans sa poche avant de s’eloigner.
Qui sais, peut-être un nouvelle voix pour François Bayrou .

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